Fin du mercato anglais : "Quand la Premier League innove, les autres suivent"
Alors que le championnat anglais de football va démarrer, le mercato s'achève, obligeant les clubs à ne plus recruter après le début du championnat. Un modèle qui pourrait s'appliquer en France pour apporter plus d'équité.
"Quand la Premier League innove, les autres suivent", a analysé jeudi 8 août sur franceinfo Jean-François Brocard, maître de conférences en économie du sport à l’université de Limoges, alors que mercato anglais s'achève aujuord'hui, juste avant le début du championnat anglais de football. En France, la période du marché des transferts ne fermera que le 2 septembre alors que la Ligue 1 reprend vendredi 9 août.
franceinfo : Il ne reste que quelques heures dans le mercato anglais. Dans une économie autant mondialisée que le football professionnel, pourquoi tous les pays n'ont pas les mêmes dates de mercato ?
Jean-François Brocard : La Premier League a innové depuis cette année en obligeant les clubs à ne plus recruter après que le championnat ait commencé, tout simplement pour respecter le principe d'équité de la compétition. Dans le cas, où comme en France, on va pouvoir recruter jusqu'au 2 septembre alors que le championnat commence ce week-end, il y a des équipes qui vont par exemple rencontrer Bordeaux, alors que le club va continuer à recruter. Vous ne rencontrez pas la même équipe de Bordeaux le 10 août ou le 31 août, ce qui manque d'équité.
C'est un modèle qu'on pourrait appliquer en France pour apporter plus d'équité ?
Tout à fait. En général, quand la Premier League innove, les autres suivent étant donné que c'est la ligue leader en termes économiques et de gouvernance. On peut penser que les autres ligues vont suivre. Mais comme la Premier League est celle qui a le plus de liquidités et qui lance le mercato, malgré le fait que les clubs connaissent la date limite, ils font quand même les recrutements au dernier moment. Si jamais les joueurs français étaient recrutés aujourd'hui et que le mercato se finissait également aujourd'hui, ce serait compliqué pour eux de se retourner. C'est pour ça que les autres championnats attendent un peu.
On parle de millions en Angleterre, c'est quand même une aubaine pour la France. Si on prend l'exemple de l'Olympique de Marseille, qui peut se faire prendre Morgan Sanson, il y a beaucoup d'argent qui va rentrer dans les caisses, c'est la théorie du ruissellement...
La difficulté de l'analyse du marché des transferts c'est qu'on parle souvent des grandes stars et pour les clubs français la difficulté est qu'ils se font piller leurs très jeunes joueurs. Des joueurs qui ont joué moins d'une saison, parfois quelques matchs, se font piller à ce moment-là. Les joueurs ont coûté assez cher en formation aux clubs, ils les vendent à un tarif très élevé, ce qui fait qu'économiquement c'est très intéressant mais sportivement, la formation est censée combler les manques sportifs de l'équipe et c'est ça le problème. Il y a même des joueurs qui partent en D2 anglaise parce qu'il y a des offres à 5-6 millions d'euros. Ce qui est le plus dangereux pour les clubs français, c'est de vivre uniquement grâce aux transferts et donc d'être obligés vendre des joueurs très jeunes qui n'ont encore pas produit de performances sportives dans leur club.
C'est uniquement les droits télévisuels qui expliquent la richesse de la Premier League ? C'est le même modèle que veut suivre la ligue française avec son prochain contrat de droits télé, plus important que le précédent ?
Effectivement, les droits télé sont la source principale de revenus de la Premier League mais ils travaillent très bien en merchandising, mieux de nous. Ils travaillent aussi très bien en termes de sponsoring. C'est un peu la poule et l'oeuf, comme les droits télé sont très élevés, ils recrutent de très bons joueurs. Comme ils ont de très bons joueurs, les sponsors sont intéressés et la télé retransmet. L'ensemble des ligues suivent le même projet, c'est-à-dire de générer davantage de revenus grâce aux droits télé. C'était la stratégie de Canal + à l'époque, d'offrir aux clubs de Ligue 1 des moyens pour recruter pour faire du spectacle. Et qui dit spectacle, dit sponsors et merchandising.
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