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Euro 2016 : "Policiers français, n'ayez pas peur des supporters anglais"

Rencontre avec Thomas Concannon, fan du club britannique de Newcastle, qui analyse les récents heurts impliquant les supporters anglais à Marseille et Lille.

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des supporters anglais prennent la pose avec une réplique de la reine Elizabeth II, jeudi 16 juin 2016, dans les rues de Lens (Pas-de-Calais). (PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS)

Les supporters anglais sont pointés du doigt depuis le début de l'Euro 2016. Pour les actions violentes de certains d'entre eux à Marseille (Bouches-du-Rhône), face aux hooligans russes, samedi 11 juin, pour des affrontements avec les forces de l'ordre à Lille (Nord), mercredi 15 juin. Ils sont des milliers à avoir traversé la Manche pour venir soutenir leur équipe nationale. Jeudi, ils se retrouvent à Lens (Pas-de-Calais) où Wayne Rooney et ses coéquipiers jouent contre le pays de Galles. 

Avant le match, francetv info a rencontré Thomas Concannon, membre de la Football Supporters Federation, une organisation qui représente les fans anglais et gallois. A l'abri d'un camion, sous la pluie lensoise, il évoque la réputation des supporters anglais et revient sur les violences des derniers jours.

Francetv info : Certains ont qualifié les supporters anglais de "hooligans", qu'en pensez-vous ?

Thomas Concannon : Je trouve cela assez injuste. Les supporters anglais ont une mauvaise réputation depuis longtemps, peut-être depuis le Mondial 1998, quand certains ont été impliqués dans des heurts [à Marseille lors d'une rencontre face à la Tunisie]. Depuis, on nous a collé une mauvaise étiquette, alors même que les supporters anglais n'ont plus connu de problèmes depuis dix ans. Je suis très gêné que des Anglais soient qualifiés de "hooligans", car il ne s'agit plus que d'un petit groupe, marginal. Les fans anglais veulent juste boire un coup - parfois trop, j'en conviens - et s'amuser, mais ils pâtissent encore aujourd'hui de leur mauvaise image.

Des centaines de supporters anglais sont parfois rassemblés sur des lieux réduits. Comment expliquer de tels attroupements ?

Simplement pour profiter de l'ambiance et des chants ! Les Anglais apprécient d'être dans une foule, ce qui est considéré comme un problème par la police et les médias français. Mais en Angleterre, comme dans ma ville de Newcastle, les jours de match ressemblent à ça : les gens se réunissent dans les pubs, et entonnent des chansons en chœur. Cela ne crée pas de problèmes pour autant. Bref, je dis aux Français : "Même si nous sommes très bruyants, n'ayez pas peur." 

A Marseille, pourtant, il y a bien eu des affrontements...

Nous avons été visés par des hooligans russes. Nous étions des milliers à Marseille, même chose à Lille, et nous représentons une cible facile. Aujourd'hui, nous sommes fatigués de tout ça. A Marseille, la présence policière était insuffisante pour nous défendre. Alors que certains Anglais tentaient de fuir pendant les heurts, les agents ont parfois même utilisé du gaz lacrymogène, y compris en direction de femmes et d'enfants. Ce n'est pas un bon moyen de procéder.

Que vous disent les supporters anglais qui arrivent en France ?

Certains sont effrayés et m'ont demandé si l'Euro était sûr, à cause des hooligans russes et des interventions de la police. Hier, un groupe d'Anglais venus en Eurostar avaient des tickets pour le match Russie-Slovaquie, à Lille. Ils m'ont demandé s'il était raisonnable d'aller au match, ce qui est quand même regrettable ! Je leur ai dit que c'était sûr, mais qu'il fallait quand même faire attention. A Marseille, beaucoup ont été surpris par les heurts.

Comment se comporte la police anglaise avec les groupes de supporters ?

En Angleterre, les policiers passent beaucoup de temps à observer la foule. Quand il y a un souci, ils vont parmi les supporters pour dire aux fauteurs de troubles de se calmer un peu, de ne pas s'en prendre à autrui, de ne pas causer de problèmes. En cas de souci majeur, ils se contentent d'attaquer les individus problématiques, pas d'utiliser du gaz lacrymogène contre toute une foule. Par ailleurs, les policiers britanniques prennent le temps de soigner leurs contacts avec les supporters - ils les appellent parfois par leur prénom, même si c'est délicat en France. Si je devais dire quelque chose aux policiers français, ce serait : "Essayez de faire confiance aux supporters anglais. Relax". 

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