Ces hommes de l'ombre qui peuvent faire gagner un Euro : l'expert des coups de pieds arrêtés
Ancien joueur professionnel, Pascal Grosbois s'est spécialisé dans cette phase de jeu encore trop peu travaillée dans les clubs de Ligue 1. Il nous explique que lors d'une compétition comme l'Euro, ils peuvent faire la différence.
Touches, coups francs, corners... autant de phases d'un match qui peuvent être décisives si l'équipe et son encadrement prennent le temps de les travailler. Une évidence ? Pas tant que cela si l'on en croit l'expérience de Pascal Grosbois. Cet ancien joueur pro est spécialisé sur le travail des coups de pied arrêtés et intervient désormais dans les clubs comme consultant. Son principal fait d'armes : avoir participé au superbe parcours du SCO d'Angers en Ligue 1 la saison dernière et au sauvetage de Laval en Ligue 2. Au moment où l'Euro se termine, Francetv info a voulu connaître ses secrets.
Sa méthode : Le GPS +
Il ne s'agit pas d'une puce dans le dos des joueurs pour mesurer leurs déplacements sur le terrain, mais du nom qu'il a donné à sa méthode pour "guider les joueurs dans leur évolution", expliquait-il à 20 Minutes alors que le SCO était au top de sa forme, juste derrière le PSG au classement. Les lettres GPS correspondent en réalité aux initiales de ses enfants Gabin, Pauline et Simon. Concrètement, Pascal Grosbois travaille avec les tireurs et leur apprend à maîtriser leurs émotions, à rester concentrés malgré la fatigue, le stress ou la bronca du public de manière à trouver leurs partenaires ou à tromper le gardien adverse.
Mais sans receveur, le tireur n'est rien. Le technicien bosse également sur des combinaisons et les trajectoires des ballons pour déstabiliser la défense adverse. Des gammes qu'il fait répéter à l'entraînement une fois par semaine et qui portent leurs fruits, comme lors de la 20e journée de Ligue 1 face à Lille avec ce but de Gilles Sunu après une feinte de tir (victoire 2-0).
Et la méthode a plutôt bien fonctionné pour le club angevin puisque lors de la première partie de saison, le SCO a marqué 70% de ses buts (12 sur 17) sur coup de pied arrêté (7 coups francs indirects, 2 corners, 2 penaltys et 1 coup franc direct).
Son secret : "mettre en confiance le joueur"
Plus que sur l'aspect technique du geste ou du placement, c'est sa psychologie qui fait la différence. "Je sais quand être sévère ou plus cool. J'arrive à l'adapter à chacun pour le mettre en confiance, à l'écouter et l'aider à valoriser ses points forts." Un travail qu'il estime complémentaire de celui du coach, à qui il fait part de son ressenti et à qui il propose des combinaisons. "Je sens bien les choses lors des séances et je sais si un joueur est susceptible de se blesser ou s'il sera en forme pour le prochain match."
L'erreur à ne pas commettre : copier les autres
Pour développer sa méthode, ce technicien s'est inspiré du golf ou du tennis, en observant notamment les gestes de Roger Federer. Mais attention, pas question pour autant d'imposer des consignes à tous les tireurs, pour en faire des clones de Juninho. "Chaque joueur est unique. Il faut valoriser leurs points forts, et mettre en place des gestes spécifiques en fonction de la surface de contact du pied sur le ballon, sa prise d'élan avant de frapper et même sa manière de se relâcher après le tir."
Deux mois pour faire des champions : "C'est possible"
"L'effet est immédiat". Pour ce spécialiste, en deux mois de travail, en comptant le mois de préparation et celui de compétition, "on peut réussir à faire progresser les joueurs sans problème. Il suffit de créer un climat de confiance et de complicité sur le terrain entre les protagonistes". Et c'est justement lors de coupes que les coups de pieds arrêtés peuvent faire toute la différence. "En Ligue 1, les équipes se disent que si elles marquent sur coup franc c'est du bonus et qu'il y a tout le championnat pour se rattraper. En coupe, il faut être efficace, faire la différence à chaque match pour espérer gagner."
Pascal Grosbois ne le cache pas, il aimerait travailler avec des équipes nationales. Et après la bonne saison d'Angers, des contacts ont été établis avec des sélections étrangères en vue du Mondial 2018 en Russie.
Le chiffre : près de 20 situations dangereuses par match
Cela représente en moyenne cinq corners, sept coups francs offensifs et quatre ou cinq touches. Pour Pascal Grosbois, ce sont autant de phases qui, bien travaillées à l'entraînement, peuvent faire la différence. Et sur les phases défensives ? "On sait par exemple que sur les corners sortants, 85% des ballons renvoyés vers le but terminent au second poteau. Le gardien à intérêt à mettre quelqu'un dans cette zone." Les buts marqués sur corner le sont à 40% après un deuxième ballon. "Une fois que les joueurs le savent, ils sont plus concentrés et vigilants."
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