Euro 2012 : dérapages dans les préparatifs
La compétition commence dans moins de deux mois en Pologne et en Ukraine. Les deux pays hôtes œuvrent avec plus ou moins de réussite aux yeux des instances du foot européen.
L'Euro 2012 débute en Pologne et en Ukraine dans moins de deux mois. Or les dirigeants de l'UEFA, qui ont confié l'organisation de la compétition européenne à des pays réputés peu fiables, se font des cheveux blancs. Des prix qui explosent à l'hymne du tournoi en passant par les problèmes de prostitution, tout ne semble en effet pas prêt pour le coup d'envoi.
• Attention au porte-monnaie !
Le prix des chambres d'hôtels a été l'objet du courroux de Michel Platini, le président de l'UEFA, jeudi 12 avril, lors d'une visite en Ukraine. "On ne peut pas passer de 40 euros à 100 euros, à 500 euros, comme ça du jour au lendemain. Cela ne se fait pas." Le comité d'organisation de l'UEFA a même promis de traîner les hôteliers indélicats devant la justice pour non-respect des contrats signés.
Reste qu'il est très difficile de trouver un logement abordable à Kiev, sauf à investir 50 euros par nuit dans un dortoir d'université. On attend 1,4 million de fans dans l'un des pays les plus pauvres d'Europe... qui deviendra aussi l'un des plus chers.
Une retraitée qui loue des chambres dans son appartement à prix d'or se justifie sur la télévision russe RT : "Nos retraites représentent une misère. C'est pourquoi on loue des chambres pour gagner un peu d'argent. On a fixé nos prix à 50 dollars [38 euros] la nuit, mais ça pourra grimper plus haut." On craint désormais que les fans plantent leur tente de façon totalement anarchique face à cette flambée des prix.
• Attention les oreilles !
Pour faire monter la mayonnaise autour d'un évènement qui peine à passionner les Polonais, la fédération de foot du pays a lancé un concours pour choisir la chanson officielle de l'équipe nationale. Les fans ont été invités à enregistrer une rengaine sur la base de critères drastiques, d'après le Warsaw Business Journal (lien en anglais) : il doit y être question de football, et elle doit pouvoir être retenue facilement pour être chantée dans les stades.
On devrait donc être plus près de l'hymne du PSG que de La Javanaise de Gainsbourg. La chanson qui tient la corde (lien en anglais), parmi les 10 500 proposées, est signée du groupe Imish. Son refrain façon "ooooooooh oooooooh ohooooooooo" devrait être à la portée de tous. Pour ne rien gâter, il en existe trois versions : une en anglais, une en polonais et une en russe.
Sinon, on a pu entendre aussi des choses plutôt sympathiques, toujours à base de "ooooohhh ooohhhh oooohhh", comme cette chanson du groupe D.E.Y.S.
Et pendant ce temps-là, en Ukraine, le même type de concours a eu lieu. C'est un reggae local qui s'est imposé mais c'est la fille de l'ancien Ballon d'or Oleg Blokhine qui a fait le buzz. Même si vous ne comprenez pas les paroles, rien que sa coiffure vaut le coup d'œil.
Quant à la compétition, elle aussi a droit à son hymne. Et l'heureux élu est l'œuvre d'une Allemande, Oceana, superstar en Europe de l'Est. Et là encore, le refrain, c'est "oh-oh-oh-ooooooh-eh-eh-eh-eeeeeeehhhhh". (Eécoutez les 14 premières secondes de la vidéo, un grand moment artistique en perspective !)
Mais les pays d'Europe de l'Est sont loin de détenir le monopole du mauvais goût. Regardez donc le remix made in Ireland de la chanson roumaine Dragostea Din Tei sur laquelle vous vous étiez trémoussé en 2004, avec de vrais interventions du sélectionneur irlandais, Giovanni Trapattoni, dedans.
• Attention aux mascottes
Certes, ça fait longtemps qu'on les a découvertes, mais les mascottes de l'Euro vont bientôt déferler sur vos canettes de soda ou vos céréales matinales favorites. Le rouge et blanc, c'est Slavek, le jaune et bleu, Slavko.
• Attention aux arrêts de tram qui ressemblent à des buts
Ça se passe à Donetsk, en Ukraine, et c'est plus vrai que nature...
• Attention aux amis des animaux et aux croyants !
Les premiers s'indignent de la chasse sauvage aux chiens errants qui a lieu en ce moment en Ukraine pour éviter qu'un supporter étranger se fasse mordre par le meilleur ami de l'homme et récupère la rage, avec des complications médiatico-touristiques à la clé.
Les seconds ne supportent pas que l'Euro s'accompagne d'une interdiction des signes religieux ostentatoires dans les stades et les "fanzones", à commencer par la croix. Un vrai problème pour les soutiens du Portugal, dont le symbole figure sur le drapeau national...
• Attention, voilà Femen !
Les célèbres activistes ukrainiennes aux seins nus du mouvement féministe Femen ont fait parler d'elles dans leur pays à l'approche de l'Euro. Pourquoi, à votre avis ?
Réponse A : Pour lutter contre la prostitution et "l'esclavage sexuel" que ce genre de gros raout engendre. Cependant, les prostituées ukrainiennes attendent beaucoup de la compétition. Comme Kate : "Les fans anglais vont faire de moi une millionnaire. (...) Mais je ne vais bien sûr pas leur dire que je suis séropositive", explique-t-elle dans le tabloïd britannique The Sun. L’Ukraine présente en effet le taux de prévalence le plus élevé en Europe. 1,63% de la population adulte serait séropositive, selon des chiffres de l'ONU.
Réponse B : Pour protester contre le sexisme à la douane. L'Ukraine a tenu à soigner sa réputation de pays accueillant en engageant des top modèles (lien en anglais) (ou presque) en guise de personnel de contrôle à l'aéroport. Pour que dès leurs premiers pas dans le pays, les visiteurs aient une impression favorable.
Réponse C : Pour protester contre l'interdiction faite aux habitants de Kiev d'apparaître en sous-vêtements sur leur balcon pendant l'Euro.
Les réponses A et C sont exactes.
Du côté des Bleus, pour une fois, on s'apprête à faire l'économie d'une polémique sur le camp de base. L'équipe passe en effet de l'hôtel cinq étoiles en Afrique du Sud en 2010, avec palmiers et piscines tous les 10 mètres, à un austère mais confortable hôtel (lien en anglais). D'après Le Télégramme de Brest, les Bleus ne vont pas tuer le temps en regardant des DVD. Les chambres sont uniquement équipées de... magnétoscope !
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