Trois hommes et un fauteuil
Le 23 juillet 2010, après le fiasco de Knysna, Fernand Duchaussoy avait été nommé président par intérim de la FFF en remplacement de Jean-Pierre Escalettes, démissionnaire. Cinq mois plus tard, il avait été officiellement élu à 79,4% des voix. Entre temps, les Etats Généraux du Football avait abouti à la réforme du mode de gouvernance de la FFF. Une réforme qui avait pour point de départ le changement du mode de scrutin de l'élection du président de l'instance dirigeante. Si avant cela, les présidents de districts élisaient un homme depuis il a été acté qu'ils se prononceraient pour "un homme, un projet, une équipe". Une liste donc.
Duchaussoy : "Terminer la réforme"
Samedi 18 juin, les 276 électeurs (présidents de Ligues, de districts et de clubs professionnels) auront le choix parmi 3 listes. Comme on pouvait s'y attendre, Fernand Duchaussoy a décidé de se porter candidat à sa propre succession. "Je veux terminer la réforme, explique-t-il dans le magazine France Football daté du 14 juin. Je me suis beaucoup battu dans les ligues et dans les districts pour la faire passer. Elle est encore imparfaite". Le projet est donc clair : poursuivre ce qui a été initié. Sa première échéance importante sera le dossier qui traîne depuis quelques mois maintenant concernant les primes de l'équipe de France. 2,5 millions d'euros doivent en effet être redistribuées au football amateur "d'ici au 30 juin", comme il l'a promis.
Ensuite, "avec une équipe qu['il aura] choisie", Fernand Duchaussoy, affirme vouloir s'atteler à plusieurs missions : renforcer la formation des acteurs du football (éducateurs), améliorer l'arbitrage, "développer la synergie président-sélectionneur" et améliorer l'image du football français. Grand favori du scrutin, Duchaussoy sort néanmoins affaibli après la succession des affaires : primes, grèves des arbitres, scandales des quotas. Au sein même de la FFF, il a été très critiqué pour son manque de réactivité et sa mauvaise gestion des récentes crises. Reste que son excellente connaissance du monde amateur devrait suffire, aux yeux des présidents de districts, à compenser ses soucis de gestion.
Le Graët : "Etre plus réactif"
Face à lui, Fernand Duchaussoy va avoir un challenger de poids : l'actuel vice-président de la FFF, Noël Le Graët. En poste depuis 2005, il table sur son expérience. "Je connais tous les rouages de la Fédération, rappelle-t-il à ses détracteurs. Je crois bien connaître la Ligue pro, le monde de l'entreprise. La gestion humaine et sociale au sein de la FFF, je connais. Et depuis 2005, les affaires économiques de la Fédération ont été plutôt bien gérées, je pense ..." Dans ces conditions, l'ancien maire de Guingamp a choisi d'axer sa campagne "l'économie au service des amateurs". Et pour faire des économies, Le Graët a sa petite idée : "On peut réaliser des économies dans le budget communication. Des grandes affiches dans le métro pour annoncer un match au stade de France, cela ne me paraît pas nécessaire." Et d'ajouter : "Aujourd'hui, il y a 15 directions au sein de la FFF. Quatre me semblent suffisantes."
Avec ses économies, le but est de donner à la formation "un rôle beaucoup plus important". "On manque de dirigeants, d'éducateurs, d'installations", estime Noël Le Graët qui voudrait bien stopper la baisse constante du nombre de licenciés. A côté de cela, son autre gros chantier sera de "redonner une image incontestable de la FFF". "Quand les décisions traînent, on se met en danger. Il faut être beaucoup plus réactif. Il faut trancher vite et en toute légalité. J'ai montré que je savais le faire". Si ses qualités de gestionnaire ont effectivement été reconnues par ses pairs, son assurance parfois un peu arrogante et son étiquette de pro ne devrait pas lui permettre de prendre les commandes de l'instance dirigeante.
Thomas : "Faire avancer le football"
Dans le rôle du 3e homme, Eric Thomas, président de l'Association française de football amateur (AFFA), veut croire en ses chances. Son slogan: "faire avancer le football et le moderniser". A l'automne dernier, lors des Etats Généraux du Football, il s'était fait remarquer en dénonçant "le manque de débat avec le foot d'en bas". Pour tenter de rallier les présidents de districts à sa cause, Thomas a mis en place un programme avec pas moins de 30 mesures. "Je souhaite que les expériences positives innovantes soient généralisées ; que les valeurs du foot soient remises sur le devant de la scène. Je propose un vrai statut de dirigeant bénévole, qu'il puisse être valorisé sur un CV. Je souhaite lancer un grand programme de construction de terrains synthétiques. Pour développer la formation, je souhaite négocier avec les internationaux la cession de leurs primes de match".
Et de poursuivre plein d'entrain : "Je souhaite la création d'un observatoire du football. Il faut créer un vrai conseil de développement, qui associe tous les partenaires du foot pour réfléchir aux stratégies à mettre en place. il faut remettre le football au centre du jeu et l'arbitre au centre du terrain. Il faut lui donner de nouveaux outils." Face à un tel programme, son manque d'expérience semble particulièrement handicapant. Une critique à laquelle il répond avec beaucoup d'aplomb : "Je ne suis pas moins légitime ou qualifié que le président ou le vice-président sortants quand on voit leur bilan, qui est catastrophique. Avec mon équipe, on vise l'excellence et on s'en donnera les moyens. Je sais diriger, déléguer, travailler en équipe. J'ai des responsabilités professionnelles, associatives, familiales, je suis en mesure d'assumer."
Samedi 18 juin, à l'issue de l'assemblée fédérale, les 276 électeurs feront leur choix parmi ces trois programmes. Le principe de ce scrutin est simple : l'assemblée sera composée à 37% des délégués des clubs pros et à 63% des délégués des clubs amateurs. Le nombre de voix attribuées à chaque ligue est déterminé selon le ration suivant : 1 voix = 1000 licenciés. Si aucune liste n'obtient la majorité absolue au premier tour, seules se maintiennent au second les deux listes ayant obtenu le plus de voix. Enfin, la liste qui obtient la majorité absolue à l'issue de ce second tour se voit attribuer l'intégralité des sièges.
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