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Ligue des nations : une finale comme déclic pour l'équipe de France

En finale de la Ligue des nations face à l'Espagne dimanche, l'équipe de France espère continuer sur la lancée de sa deuxième période face à la Belgique, qui lui a permis d’éliminer les Diables Rouges.

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Milan
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Karim Benzema, Jules Koundé et Benjamin Pavard contre la Belgique, à Turin, le 7 octobre 2021. (JEAN CATUFFE / JEAN CATUFFE / AFP)

Au bout de cette semaine italienne de Ligue des nations, déjà très riche en émotions, les joueurs de l'équipe de France ont l'opportunité d'aller chercher un nouveau trophée ce dimanche 10 octobre. Et pas dans n'importe quel cadre. Le stade San Siro, monument du football italien, dont la destruction est prévue après 2026 et les Jeux olympiques d'hiver à Milan, serait un magnifique successeur au stade Loujniki de Moscou, où les Bleus avaient soulevé la Coupe du monde le 15 juillet 2018.

Devant les 37 000 supporters qui assisteront à cette finale de géants face à l'Espagne, l'équipe de France de Didier Deschamps a rendez-vous avec l'histoire : jamais les Bleus ne se sont imposés à San Siro en quatre matchs, le dernier remontant à un soir de septembre 2007 face à l'Italie (0-0). À l'époque, l'équipe de France, restait sur un traumatisme, une finale perdue lors du Mondial allemand, aux tirs au but contre la Squadra Azzurra. Celui vécu par les Bleus de 2021 est moins fort, mais ils cherchent également à s'en remettre.

La Ligue des nations est une nouvelle compétition, toujours à la recherche de l'attention du grand public, mais elle a l'avantage d'offrir une possibilité de rebond immédiat aux protégés de Deschamps. Après la défaite face à la Suisse en huitième de finale de l'Euro le 28 juin dernier, les Bleus ont trouvé un sursaut d'orgueil jeudi, en demi-finale face à la Belgique, au terme d'une soirée complètement folle dans l'Allianz Stadium.

La Belgique comme déclic

Antoine Griezmann le décrivait d'ailleurs ainsi vendredi dans le stade olympique de Turin : "Ce match (face à la Belgique) va nous faire du bien, c'est peut-être un déclic. (…) C'est comme après l'Argentine en 2018 (victoire 4-3 en huitième de finale), ça a été un déclic, après on a haussé notre niveau. (…) Mais ça reste à confirmer dimanche." Confirmer, voilà tout l'enjeu de cette finale face à l'Espagne, pour ne pas céder à nouveau à la dépression alors que les Bleus traversent leur période la plus palpitante, un an avant le coup d'envoi de la Coupe du monde au Qatar.

Pour enchaîner face à l'Espagne après la Belgique, les Bleus devront tout de même régler quelques petits soucis. On le sait, la France est devenue une équipe à réaction : ces derniers temps, elle concède toujours le premier but, et si elle parvient généralement à revenir dans le match, c'est une manière de se tirer une balle dans le pied dont Deschamps aimerait certainement se départir.

Devant, le trio Mbappé-Benzema-Griezmann attend toujours de briller ensemble alors que les deux premiers se sont bien entendus à Turin jeudi, quand les deux derniers s'étaient merveilleusement trouvés à Lyon en septembre face à la Finlande. "Je dois les trouver plus", a confié Griezmann vendredi. Derrière, la solidité de l'arrière-garde française, si importante ces dernières années, est devenue toute relative.

La possession, l'un des enjeux de la finale

Le passage à une défense à trois s'accompagne de difficultés. "C'est un système auquel on doit encore s'adapter", assurait Hugo Lloris samedi. Si la France a ses propres problèmes, elle en aura un beaucoup plus important à résoudre ce dimanche soir : comment faire déjouer l'Espagne, formidable machine à compresser ses adversaires, qui s'est défait au forceps des derniers championnats d'Europe mercredi (2-1) ?

Depuis 2006 et un quart de finale de Coupe du monde, l'équipe de France ne s'est plus imposée en compétition officielle face à l'Espagne et cette dernière est celle qui a le plus battu les Bleus au XXIe siècle. Le défi qui s'annonce est donc important et les Bleus seraient tout heureux de confirmer que le déclic a bien eu lieu jeudi soir.

La Roja est depuis le début de cette Ligue des nations l'équipe qui tire le plus et celle qui garde le mieux le ballon (67,7% de possession en moyenne). "Priver l'Espagne du ballon, c'est impossible. Lutter pour la possession, c'est déjà difficile", expliquait Deschamps samedi. Le milieu français, qui sera certainement composé de Paul Pogba et Aurélien Tchouaméni - en l'absence d'Adrien Rabiot, testé positif au Covid-19 -, aura du boulot face à son homologue espagnol.

Les Bleus continuent de faire peur

Le pressing aperçu en deuxième mi-temps face à la Belgique pourrait-il être aussi efficace face aux Espagnols ? "Le pressing peut être fait, mais pas n'importe comment, en sachant qu'on laisse de l'énergie en le faisant", rétorque le sélectionneur. D'autant que les Bleus ont eu un jour de repos de moins que les Espagnols.

Si la Roja est une jeune sélection solide, qui progresse sous les ordres de Luis Enrique, le déclic des Français aperçu face à la Belgique interroge au-delà des Pyrénées. "La France instille la peur dans les cœurs espagnols", écrivait ainsi le quotidien espagnol Marca après la folle remontée des Bleus en demi-finale.

Le trio Griezmann-Benzema-Mbappé, ici face à la Belgique le 7 octobre à l'Allianz Stadium de Turin, sera très attendu pour la finale de la Ligue des nations face à l'Espagne (FRANCK FIFE / AFP)

Car l'équipe de France reste championne du monde, avec une armada offensive impressionnante, un Benzema en lévitation et un Mbappé que toute l'Espagne attend la saison prochaine. Après l'échec de l'Euro, "qu'on ne veut pas oublier", expliquait Griezmann, l'équipe de France est peut-être repartie sur des bases plus saines et tous souhaitent que l'embellie devienne durable.

Un nouveau match riche en émotions ?

Mais ce match reste une finale et toutes ces considérations pourraient voler en éclats au bout de quelques secondes, notamment parce que l'équipe de France de Deschamps est devenue une machine à émotions, qui se construit à travers des matchs renversants. La possibilité d'inscrire son nom au palmarès de la Ligue des nations, compétition qui pourrait rapidement disparaître si la Coupe du monde se jouait tous les deux ans, apparaît en tout cas comme une motivation supplémentaire.

Et à un an du grand objectif des Bleus et de la fin de mandat de Deschamps, à savoir la Coupe du monde 2022, garnir l'armoire à trophées de l'équipe de France serait une belle réussite. Et cela ferait surtout du bien au moral.

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