Football : Didier Deschamps sur la réserve face aux questions de l'Assemblée nationale sur les dysfonctionnements de la FFF
Des mots pesés au gramme près, un discours structuré. Entendu par une commission d'enquête de l'Assemblée nationale, jeudi 2 novembre, Didier Deschamps a répondu aux questions de la même manière avec laquelle il gère ses conférences de presse. Comme lors de ces grands oraux, il était d'ailleurs assisté de son directeur de la communication, Raphaël Raymond, comme d'habitude à sa droite. Le sélectionneur de l'équipe de France était entendu pour évoquer les dysfonctionnements de la Fédération française de football révélés en septembre 2022.
Avant même de répondre aux questions de la présidente, ce dernier a minimisé la pertinence de son témoignage pour évoquer "la gouvernance fédérale défaillante" constatée par le rapport de l'IGESR en février 2022, commandé par le Ministère des sports. "Je suis amené à être fréquemment à Clairefontaine, dans un lieu bien particulier, le château, qui est complètement isolé des bâtiments administratifs. Entre les périodes de stage, mon activité de sélectionneur est essentiellement centralisée sur le suivi de mes joueurs à travers leurs matchs en club (...). Je suis salarié de la FFF mais je ne suis ni quotidiennement ni régulièrement au siège de la FFF. Je n'y viens que ponctuellement, lorsque j'ai des listes de joueurs à communiquer ou lorsque je suis sollicité par mon président", a insisté Didier Deschamps.
Ni l'ex-président Noël Le Graët, ni l'ex-directrice générale Florence Hardouin n'ont été chargés. Concernant les sanctions à mettre en place en cas de débordements lors de matchs de football, à l'image des incidents d'OM-OL, "DD" ne s'est pas mouillé non plus : "Je peux vous donner un avis, mais si je vous le donne, ce n'est pas celui du citoyen Deschamps, mais du sélectionneur de l'équipe de France. Est-ce que c'est mon rôle de donner un avis là-dessus ? Je ne pense pas". Il a ainsi répété à plusieurs reprises qu'il n'avait pas les compétences pour répondre aux questions posées par la commission.
Il s'est estimé "abandonné" face à la polémique du brassard arc-en-ciel
Pendant un peu moins d'une heure et demie, le sélectionneur des Bleus a pris de très grandes précautions. Il s'est montré aussi fermé que lorsque des journalistes tentent de gratter des indices pour sa prochaine composition d'équipe. Des faits de racisme ? "Personnellement, je n'ai pas été confronté ni témoin de ce genre de scènes". Des violences sexuelles ou sexistes à la FFF ? "Non. J'ai été informé de certains agissements qui auraient eu lieu à certaines dates à Clairefontaine ou ailleurs. Je n'en ai pris connaissance qu'à ce moment-là".
Le seul sujet qui a fait sortir Didier Deschamps de sa réserve est la polémique autour du port du brassard arc-en-ciel lors de la dernière Coupe du monde au Qatar. "Nous avons été abandonnés avant cette Coupe du monde parce que la responsabilité appartient aux instances, et donc c'était la libre décision des uns et des autres", a appuyé Didier Deschamps. Pour rappel, la sélection tricolore avait botté en touche pendant tout le Mondial, esquivant l'envoi d'un signal contre l'homophobie, dans un pays où l'homosexualité, comme les relations sexuelles hors mariage, sont criminalisées.
Plusieurs questions posées au sélectionneur au cours de son audition ont dépassé le strict cadre des dysfonctionnements de la Fédération française de football. Il a par exemple été interrogé sur sa relation avec Karim Benzema en équipe de France ou encore sur des faits qu'il aurait observés pendant sa carrière de joueur. Au point que certaines questions de la présidente et du rapporteur ont donné l'impression d'assister à une interview journalistique, dont les contours ont été encore plus brouillés lorsqu'elle a essayé d'obtenir de Didier Deschamps "d'inviter toutes les personnes présentes au prochain match de l'équipe de France".
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