Équipe de France : au-delà du record battu, que peut-on retenir de la victoire des Bleus face à Gibraltar ?

Il y a la satisfaction, d’abord. Celle du devoir accompli, qui a permis à l’équipe de France de s’assurer un statut de tête de série pour le tirage au sort du prochain Euro, grâce à sa victoire contre Gibraltar (14-0), samedi 18 novembre à Nice. Il y a, aussi, l’envie de ne pas minimiser ce qu’ont réalisé les Bleus, comme l’explique Didier Deschamps après cette victoire historique : "Il faut savoir apprécier, savourer, parce qu’on a un peu trop tendance à banaliser."

Il y a aussi ce record battu - la plus large victoire de l'histoire des Bleus - que les joueurs français ont visé en cours de match, à la mi-temps, alors qu’ils menaient déjà de sept buts. "On avait l’objectif de battre ce record. Le coach nous a mis au courant qu’il y avait quelque chose à aller chercher, c’est pour ça qu’on a eu ce sérieux tout au long du match. On en voulait encore plus, on voulait rester dans l’histoire et on l’a fait collectivement, il n’y a pas plus beau", s’est félicité Kylian Mbappé au micro de TF1 après le match.

Les souvenirs de cette soirée à l’Allianz Riviera resteront dans les annales du football français et dans les têtes des 32 758 spectateurs présents dans les tribunes du stade niçois. Les enfants, nombreux dans des travées occupées par un public majoritairement familial, conserveront pour longtemps en mémoire les images des 14 buts tricolores, du triplé de Kylian Mbappé et de son lob de 40 mètres, du retourné acrobatique d’Olivier Giroud ou des "ola" qui ont fait chavirer les tribunes en deuxième période. 

Le sérieux des Bleus loué par le sélectionneur

La dimension de cette victoire se mesure aussi à des détails. Après la rencontre, le sélectionneur de Gibraltar et ses joueurs, touchés par la défaite, ont refusé de s’exprimer face à la presse, risquant des sanctions de la part de l’UEFA pour ne pas avoir respecté leurs obligations médiatiques. L’attaché de presse gibraltarien a donc laissé la place dans l’auditorium de l’Allianz Riviera à Dider Deschamps, qui sait que, malgré l'ampleur de ce succès, "on ne va pas construire sur ce match-là".

C’est tout le paradoxe de la plus large victoire de l’histoire de la sélection : un soir de 14-0, il est difficile de se forger des certitudes, "un mot que je n’utilise jamais", souligne Didier Deschamps, qui préfère ses "convictions". Celles de la "qualité" de son effectif et de "son état d’esprit". "Parfois, c’est difficile contre un adversaire comme ça de se mettre directement dedans, mais on a montré dès le début du match qu’on est professionnels et qu’on donne de notre mieux, peu importe l’adversaire", a rappelé Kingsley Coman sur TF1.

De cette victoire, il faut donc surtout retenir le sérieux tricolore. Celui d’une équipe qui a continué d’attaquer quand le match était déjà gagné et qui a montré un autre visage que celui affiché face à Gibraltar au match aller (3-0). Une rencontre remportée sans briller, au terme d’une très longue saison. Alors que pour celle de samedi, "on prend beaucoup de plaisir depuis le banc parce qu’on voit les joueurs qui en prennent aussi en faisant des choses avec beaucoup d’application", retient surtout Didier Deschamps.

Des pistes à étudier

Côté joueurs, difficile d'évaluer ceux qui ont marqué des points, en raison du faible niveau de l'adversaire, qui devance seulement les Bahamas et le Liechtenstein au classement Fifa (198e sur 200). Alors que le sélectionneur a annoncé ces derniers jours que tous les matchs serviront désormais à construire la liste pour l'Euro qui sera dévoilée en mai, la paire Jonathan Clauss-Kingsley Coman a, cependant, une nouvelle fois bien fonctionné sur le côté droit. Le latéral marseillais, sifflé lors de l’annonce des compositions d’équipe, a marqué son premier but en Bleu, quand Kingsley Coman a inscrit un doublé. 

"Ils ont la capacité à être dangereux offensivement", souligne Didier Deschamps, qui voit d’un bon œil ce côté droit naissant alors que le jeu des Bleus a souvent penché à gauche ces derniers mois. "Mais il n’y avait pas une adversité d’un très haut niveau international", nuance le sélectionneur. À revoir, donc, contre une meilleure sélection. Comme Marcus Thuram en pointe, lui qui a aussi inscrit un but et s’est montré à son avantage, alors que le débat sur l’avant-centre titulaire fait rage.

Devant son public, qui l’a acclamé, Jean-Clair Todibo a tranquillement géré les quelques interventions qu’il a dû effectuer. Concernant Warren Zaïre-Emery, Didier Deschamps "ne peut pas juger sur quinze minutes". Le Parisien de 17 ans a marqué avant de sortir sur blessure. "Ce n’est pas une fracture", rassure Deschamps, qui précise d’ores et déjà "qu’on aura l’occasion de le revoir". Car c’est aussi ça qu’il faudra retenir de ce match à Nice contre Gibraltar : les débuts en équipe de France d’un petit prodige annoncé comme un futur très grand.