Equipe de France : Anthony Martial, Yohan Cabaye, Mamadou Sakho, des piliers qui se sont écroulés
Mamadou Sakho, un Red (très) loin des Bleus
La défense centrale a souvent été un casse-tête pour Didier Deschamps. Raphaël Varane a vu un certain nombre d’acolytes défiler à ses côtés. Aujourd’hui son compère se nomme Laurent Koscielny mais il y a encore neuf mois, il était associé à Mamadou Sakho. Le 29 mars 2016 au Stade de France, Sakho dispute la dernière de ses 28 sélections avec les Bleus. Il n’a plus rejoué en sélection depuis, a manqué l’Euro et galère aujourd’hui pour retrouver du temps de jeu à Liverpool. Une trajectoire qui peut surprendre pour celui qui envoyait les Bleus au Mondial avec son doublé face à l’Ukraine en barrages et qui était titulaire au Brésil. Cette année 2014 est sa meilleure saison sous la liquette bleue : huit sélections. Après c’est la dégringolade. Trois sélections en 2015 (Brésil, Albanie, Arménie) et une seule en 2016.
Les raisons ? Elles sont multiples. D’abord physiques, puisque son corps ne l’a jamais réellement laissé tranquille. Déjà au Brésil en 2014, lors de ses quatre matches – il avait raté le 8e de finale contre le Nigéria – il était sorti à trois reprises (Suisse, Equateur, Allemagne) à cause de blessures. A Liverpool, il n’a jamais pu s’imposer sur la durée pour cette raison. Puis, il y a eu ce contrôle positif lors d’un test antidopage qui lui a valu une suspension à titre conservatoire. S’il a été finalement blanchi, il a tout de même raté l’Euro. Conséquence, chez les Reds la concurrence lui est passée devant. Son dernier match avec Liverpool date du 20 avril dernier. Depuis, il est carrément mis à l’écart par Jurgen Klopp et s’entraîne avec les U23. Il va "très bien" a-t-il assuré à nos confrères de Téléfoot dimanche dernier, mais son avenir chez le leader de la Premier League semble bouché. Si sa situation ne change pas rapidement (un départ au mercato ?), son histoire chez les Bleus pourrait se conjuguer exclusivement au passé. Plus au présent, encore moins au futur. Héros de la nation ou pas.
Ce qu’en pense Didier Deschamps : "Je ne sais pas s'il y a une autre solution pour lui que d'aller voir ailleurs. Il n'est pas utilisé depuis de longues semaines et son équipe, Liverpool, est première du Championnat anglais. Je n’oublierai pas ce qu’il a fait. C’était en 2013, c’était lui et d’autres joueurs aussi. Mais ça ne va pas lui octroyer une wild card".
Yohan Cabaye, victime collatérale
Qui était la sentinelle dans le 4-3-3 de Didier Deschamps au Brésil en 2014 ? Yohan Cabaye bien sûr. Le milieu de terrain s’était installé après le match retour du barrage contre l’Ukraine. Il servait de rampe de lancement, grâce à son jeu long, aux attaques tricolores et couvrait les montées de ses compères Blaise Matuidi et Paul Pogba. Ce poste lui allait comme un gant. En 2014, il avait porté 12 fois le maillot tricolore (sur 15 matches). A l’époque au PSG, il grappillait quelques minutes ou des apparitions de-ci, de-là, mais sans s’installer durablement. Plus souvent remplaçant que titulaire en club, il conservait toutefois la confiance de Deschamps. Mais lassé d’attendre sa chance au PSG, il retourne en Angleterre à l’été 2015 à Crystal Palace. Là-bas, il retrouve les joies du onze de départ, mais le train Bleu avance vite. Très vite.
De nouveaux arrivants montent à bord. N’Golo Kanté explose avec Leicester, Moussa Sissoko facture un Euro de très haute volée. Les apparitions en Bleu sont plus sporadiques, les titularisations aussi : quatre en six apparitions en 2015. A noter que sur les quatre, à chaque fois, il a été remplacé. En 2016, seulement quatre apparitions et une seule titularisation (contre la Suisse à l’Euro). Son statut d’intouchable a changé. Il le sait. Avec la confirmation du talent d’Adrien Rabiot, il sent que sa place dans le groupe ne tient plus qu’à un fil. Avant l’annonce de la sélection jeudi dernier, il envisageait son absence au micro de Canal+ Sport. "Des joueurs arrivent, poussent, je suis serein par rapport à ça. Je sais que la fin approche. Je ne me mets pas de pression. Si le coach estime que je n’ai plus le niveau, il ne m’appellera plus. C’est comme ça. J’ai toujours faim, j’ai la même envie, je me prépare pour être appelé". Cabaye, comme d’autres avant lui, a été victime d’une chose qui finit toujours par vous rattraper : le temps qui passe.
Ce qu’en pense Didier Deschamps : "La concurrence est rude (pour Cabaye , évincé, ndlr), évidemment, mais elle l'est dans son club (pour Rabiot au PSG). Déjà à son âge, 21 ans, il a un bel actif en terme de matches joués en L1, et en Ligue des champions il répond présent".
Anthony Martial, premier avertissement
Petit retour en arrière. Souviens-toi l’été dernier, Anthony Martial. Nous étions à la fin du mois d’août, tu quittais précipitamment le château de Clairefontaine, où tu posais tes valises pour la première fois, pour gagner le nord de l’Angleterre où t’attendait, à Manchester, une nouvelle vie. Un nouveau club. Un nouveau statut, celui de joueur français le plus cher de l’histoire (80 millions d’euros avec les bonus) – record dépassé par Paul Pogba depuis, ndlr –. Dans la foulée, tu alternes entrées en jeu et titularisations (6 apparitions) en équipe de France, mais tu es toujours appelé. L’année 2016 se poursuit de la même manière. Ton nom apparaît toujours dans la liste que Didier Deschamps énumère derrière son pupitre dans la salle de presse de la FFF. Car tu flambes au sein d’un Manchester United en difficulté (20 buts, 16 passes décisives). Mais avant l’Euro, la place de titulaire sur l’aile gauche, qui pouvait te revenir, s’éloigne. Dimitri Payet et sa saison folle avec West Ham, ses coups de pied arrêtés, sont passés par là.
Ton Euro sera moyen, voire médiocre. Ton entrée en jeu contre la Roumanie et ta première période contre l’Albanie ne convainquent pas du tout. Tu entres bien en finale contre le Portugal, mais c’est trop tard. Tu as raté ton Euro. Tu marques bien ton premier but international en Italie lors du match de rentrée, mais ton début de saison insipide t’a rattrapé. Pour les matches contre la Bulgarie (7 octobre) et les Pays-Bas (10 octobre), tu es bien là, mais tu n’as le droit qu’à 20 minutes face aux Bataves. Déjà les prémices d’une éventuelle sanction se font sentir. Deschamps te remonte les bretelles et remet en cause ton implication, ta vie privée est chaotique et les autres attaquants français (Fékir, Dembele, Griezmann, Payet, Coman) foncent quand tu stagnes dangereusement avec les Red Devils. Et l’inévitable s’est produit, pour la première fois depuis septembre 2015, tu n’es pas à Clairefontaine pour des matches de l’équipe de France. Le résultat d'une trajectoire irrémédiablement déclinante. En espérant que la comète ne devienne pas étoile filante.
Ce qu’en pense Didier Deschamps : "Son entraîneur en club (José Mourinho à Manchester United, ndlr) attend plus de lui, moi aussi. Je n'oublie pas ce qu'il a fait et est capable de faire, mais c'est à lui de faire les efforts pour retrouver son meilleur niveau. Il a un temps de jeu beaucoup plus réduit, ça peut arriver, c'est le cas de Kingsley (Coman) aussi, c'est des jeunes joueurs qui ont connu des choses très tôt, qui ont beaucoup de qualités bien évidemment. Il y a un palier, il devra le franchir dans son club par les performances. Aujourd'hui, il n'est pas au niveau qu'il devrait avoir. Ce n'est pas pour le piquer, j'ai discuté avec lui de ce que j'attends de lui".
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