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Didier Deschamps ne se "pose pas la question" d'un départ après la Coupe du monde 2022

Le sélectionneur de l'équipe de France sera en fin de contrat à l'issue du Mondial au Qatar.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le sélectionneur de l'équipe de France lors d'une conférence de presse, le lundi 15 novembre 2021 à Helsinki. (FRANCK FIFE / AFP)

Il se dit "épanoui" et prêt à rempiler "dix ans de plus" avec l'équipe de France. À la tête des Bleus depuis 2010, Didier Deschamps s'est confié à plusieurs médias dont l'AFP le jeudi 16 décembre, sur la saison passée, de l'euro raté à la condamnation de Karim Benzema. Mais également sur l'année à venir avec, en point d'orgue, la Coupe du monde au Qatar 2022.

Que gardez-vous de l'année 2021 ?

Didier Deschamps : On avait trois objectifs, on en a atteint deux qui sont importants. L'élimination prématurée de l'Euro a fait mal, mais il faut l'accepter aussi. Tout allait très bien jusqu'à la 81e minute (contre la Suisse en huitièmes). Derrière, ça part dans tous les sens, tout est remis en cause, des détails qui n'ont aucune importance prennent des proportions démesurées. Pouvoir repartir n'est pas évident car c'était un coup dur, mais j'avais la conviction au fond de moi qu'il y avait encore de belles choses à faire. Pour moi, 2021 reste une année positive.

Qu'est-ce qui vous fait penser que les "dix minutes d'égarement" de l'Euro ne se reproduiront pas au Qatar ?

Rien, c'est ça le haut niveau. Parfois, ça peut se dérégler. Quand on en fait moins, il n'y a plus de garanties. Quand le résultat n'est pas là et qu'il y a une élimination au bout, tout ressort de manière négative, à l'excès. On était ric-rac sur le plan athlétique. On a dû faire face à une canicule terrible, qui nous a massacrés physiquement. C'est cette accumulation de choses qui nous fait perdre de la lucidité. On est devenu fragile.

Didier Deschamps au milieu de ses joueurs lors du huitième de finale de l'Euro 2020, face à la Suisse, le lundi 28 juin 2021. (DANIEL MIHAILESCU / POOL)

Karim Benzema a été condamné à de la prison avec sursis. Il a fait appel. Quelle est votre position sur le dossier ?

Elle est claire et nette. Une décision de justice, ça ne se commente pas. Il faut l'accepter. À partir du moment où il a fait appel, il faudra attendre. Je n'ai pas le programme de la justice. J'ai échangé avec lui. S'il fait appel, c'est qu'il trouve ça évidemment trop dur, trop sévère, voire plus. C'est son droit. Aujourd'hui, il est sélectionnable, c'est la position du président de la Fédération (française de football).

La page équipe de France est-elle définitivement tournée pour Olivier Giroud, Steve Mandanda et Moussa Sissoko ?

On ne sait pas. À un moment, cela s'arrête. Il n'y a jamais le bon timing mais c'est comme ça. Aujourd'hui, ces trois joueurs-là sont toujours sélectionnables. Cela ne veut pas dire forcément sélectionnés. Les uns et les autres ont fait ce qu'ils ont eu à faire. C'est arrivé à d'autres, aussi, les années précédentes. Il n'y a pas un joueur qui a envie que ça s'arrête. Mais à un moment, oui, ça arrive. On ne sait pas forcément quand.

Le président Noël Le Graët prévoit d'évoquer votre avenir après le Mondial. Y a-t-il une chance que vous vous voyiez avant ?

Posez-lui la question. Ce n'est pas prévu comme ça. Aujourd'hui, c'est prévu qu'on se revoie après et qu'on décide ensemble, même si c'est lui qui aura le dernier mot. Mais ça ne me pose pas de problème. Sincèrement. Je gérerai les joueurs de la même façon.

La Coupe du monde 2022 se déroulera au Qatar. (SATORU HOSHI / YOMIURI)

Un titre au Qatar sonnerait-il comme le moment idéal pour partir ?

Je ne me pose pas la question. Je ne me projette pas. Si je dois avoir une autre vie, elle sera aussi très bien. Mais je ne sais pas laquelle. Il n'y a pas de limite d'âge (rires). Quand j'ai débuté comme entraîneur, je disais à ma femme que j'aurais fait le tour à 40 ans. Et regardez aujourd'hui.

Avez-vous pensé à dire stop après l'Euro ?

Non. Jamais. Même pas une demi-seconde. J'ai pris le temps de souffler, de m'isoler totalement. C'était trois, quatre jours. À partir du moment où ma détermination et mon envie sont toujours au maximum, je suis prêt à relever le défi.

"Je sais très bien que ça va s'arrêter un jour, mais en tout cas en 2022, mon téléphone est sur silencieux."

Avez-vous été contacté par des clubs jusqu'à maintenant ?

Cela a pu arriver qu'on me sollicite, après le titre de champion du monde par exemple, mais je ne suis pas disponible. Je n'ai pas à ouvrir la porte. Je suis épanoui. Je ne ressens pas d'usure comme sélectionneur. Si je pouvais avoir dix ans de plus de ce que je vis aujourd'hui, ce serait l'idéal. Parce que c'est le très, très haut niveau, c'est tout ce que j'aime. Je sais très bien que ça va s'arrêter un jour, mais en tout cas en 2022, mon téléphone est sur silencieux.

Cette Coupe du monde, vous l'abordez en tenant du titre ou en nation en reconquête ?

En tenant du titre. L'attente a toujours été très importante autour des Bleus, mais elle l'est encore plus depuis ce titre de champion du monde. L'Euro, c'est très bien, mais il n'y a rien au-dessus d'une Coupe du monde. On ne peut pas aller plus haut. Y arriver c'est très dur, mais se maintenir c'est encore plus dur.

Donc une Coupe du monde réussie, c'est une Coupe du monde gagnée pour la France ?

Je sais déjà ce qu'est une Coupe du monde ratée. Tout dépend où on place le curseur, mais oui, l'ambition est celle-là : aller tout au bout. Après, quand on dit ça, l'ambition devient de la suffisance et quand on ne le dit pas, c'est de la langue de bois. C'était le cas pour le dernier Euro. Mais on se doit d'avoir cette ambition, même s'il n'y a aucune garantie.

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