Didier Deschamps : "Je sais que je suis le seul responsable" de l'échec de l'équipe de France à l'Euro
Le sélectionneur des Bleus a accordé un long entretien au journal "L'Equipe", vendredi, dans lequel il revient notamment sur l'élimination prématurée de son équipe lors du championnat d'Europe.
Didier Deschamps sort du silence et se livre sans concession dans un entretien accordé au quotidien L'Équipe, vendredi 20 août. Le sélectionneur de l'équipe de France revient notamment sur l'élimination prématurée des Bleus face à la Suisse en huitièmes de finale de l'Euro, le 28 juin dernier. À une semaine de l'annonce de la liste pour les matchs internationaux du mois de septembre, "DD" assume ses choix et souhaite évidemment se concentrer sur le prochain objectif des Bleus : une qualification pour le Mondial 2022 au Qatar.
Le fiasco de l'Euro, un échec personnel
Didier Deschamps ne se dédouane pas et assure qu'il porte toute la responsabilité de l'échec des Bleus durant l'Euro. "Je pourrais argumenter. Mais si je le fais, cela va être interprété comme une excuse. Et je n'ai pas envie de chercher des excuses. Je sais que je suis le seul responsable. Ma fonction veut ça. Je l'assume."
Il admet notamment que le choix tactique de départ face à la Suisse – avec une défense à trois alors que les Bleus évoluent traditionnellement à quatre derrière – n'a pas été fructueux : "Ce n'est pas une erreur, c'est un choix (...) Le choix tactique de départ (contre la Suisse) ne fonctionne pas. Je ne m'entête pas."
Didier Deschamps revient également dans cette interview au quotidien sportif sur l'animation des Bleus sur le terrain. Il reconnaît s'être "écarté de son idée première", en cherchant "à améliorer l’animation offensive [dans laquelle il fallait intégrer le revenant Karim Benzema], quitte à avoir un peu de déficit défensif".
Pour lui, la solidité défensive, qui avait été l'une des grandes forces des Bleus lors de leur sacre à la Coupe du monde en 2018, n'a pas été au rendez-vous. Notamment lors du terrible scénario face à la Suisse, alors que la France comptait deux buts d'avance à dix minutes de la fin de la rencontre. Le plus dur à digérer a été de "savoir ce qu'on est capables de faire et de constater ce qu'on a fait", juge Didier Deschamps.
Le cas Olivier Giroud
La sortie médiatique d'Olivier Giroud, qui s'était plaint de ne pas recevoir suffisamment de ballons à l'issue du match de préparation face à la Bulgarie peu avant le début de l'Euro, avait fait grand bruit. Notamment parce que l'avant-centre y visait, sans le nommer, Kylian Mbappé. Une sortie qu'a reproché le sélectionneur à son attaquant. "Ça, il le sait, je le lui ai dit : il n'avait pas à dire ça, c'est une certitude. Cela a généré de petites tensions sur deux, trois jours mais c'était lors de la préparation", a reconnu Didier Deschamps.
Il s'est également expliqué sur le fait de sortir l'indéboulonnable attaquant aux 46 buts en Bleu de son équipe-type, justifiant ce choix par son manque de temps de jeu en club, qu'il était impossible de combler pour être compétitif. "C'est le haut niveau. J'ai été honnête et transparent avec Olivier. Depuis février, sa situation en club s'était plus que dégradée." Quant à savoir si Olivier Giroud fera partie de la liste dévoilée le 26 août prochain, cela "fait partie de sa réflexion".
Son avenir à la tête de l'équipe de France
Le sélectionneur a digéré la sortie de route du championnat d'Europe et souhaite désormais se tourner vers le Mondial 2022, pour lequel les Bleus, tenants du titre, doivent encore se qualifier (la France est première de son groupe avec quatre points d'avance sur l'Ukraine).
Logiquement maintenu à son poste par le président de la FFF, Noël Le Graët, Didier Deschamps assure cependant ne pas vouloir "continuer pour continuer". "L'équipe de France, c'est la plus belle chose qui me soit arrivée professionnellement, et en tant que joueur j'ai pris l'initiative de tirer le rideau moi-même", rappelle-t-il. Son envie et sa motivation restent cependant intactes. Le staff, non plus, ne devrait pas changer jusqu'à la Coupe du monde, confirme le sélectionneur.
Interrogé sur une potentielle usure du pouvoir, caractérisé par le fiasco de l'Euro, le sélectionneur, en poste depuis 2012, estime que "c'est l'avenir qui le dira". Mais Didier Deschamps n'a pas le sentiment d'être un entraîneur fragilisé par l'échec : "J'ai cette capacité depuis quelques années, que je n'avais pas forcément avant, de relativiser et de prendre énormément de recul."
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