Mondial : comment jouer dans l'enfer de la forêt amazonienne ?
Quatre matchs de la Coupe du monde vont se dérouler au stade Arena Amazonia de Manaus, où les joueurs devront supporter une température pouvant dépasser les 40°C et un taux d'humidité moyen de 80%.
A Manaus, on dit qu'il y a deux saisons : l'été et l'enfer. Ici, le taux d'humidité moyen est de 80% et la température peut dépasser les 40°C. Autant dire que le stade amazonien fait figure d'épouvantail pour les huit équipes qui auront le malheur de fouler sa pelouse, au cœur de la fournaise.
L'Angleterre, par exemple, doit y affronter l'Italie le 14 juin. L'opinion publique est à ce point inquiète qu'une marque de boisson énergétique a recréé ces conditions dantesques dans une tente spécialement conçue. Publicité garantie et verdict implacable : après 10 minutes de jeu, le journaliste du Telegraph (en anglais) a préféré regagner le banc, sous les yeux de l'ancien international anglais Steve McManaman. Lequel estime que "le niveau ambiant d'humidité va ralentir [les joueurs]. L'herbe va même leur sembler plus haute et plus épaisse." Difficile dans ces conditions de disputer un match de football ? Francetv info livre quatre conseils pour affronter un environnement aussi hostile.
1 Se préparer au pire
Jusqu'à 24-25°C, les préparateurs physiques parlent d'ambiance "neutre". Au-delà, dans les ambiances chaudes, l'organisme du sportif doit s'acclimater plusieurs jours avant l'épreuve. Le sélectionneur anglais Roy Hodgson a donc forcé ses joueurs à s'entraîner avec trois couches de vêtements sur le dos, sans compter les demi-heures passées à pédaler dans un sauna. Certains ont perdu 2 kg par séance. Cerise sur le gâteau, la préparation s'est achevée en Floride, avec un match amical contre le Honduras interrompu par un orage.
"En Australie, il faut à peu près quatre ou cinq jours pour s'acclimater à 90%", analyse Christophe Hausswirth, responsable du département recherche à l'Insep, contacté par francetv info. A Clairefontaine, depuis novembre 2013, une chambre thermique permet désormais aux athlètes de se préparer dans la sueur et la bonne humeur, jusqu'à 45°C. Dans de telles conditions, les parties basses du poumon sont moins bien ventilées et on respire alors "du haut du corps", précise Christophe Hausswirth. D'où cette sensation de suffocation, au bout de quelques minutes.
2 Boire beaucoup et manger salé
Le joueur britannique Seth Burkett a bien connu cette souffrance, lui qui s'est exilé dans la province amazonienne du Mato Grosso, au cours de la saison 2009-2010. "Après 10 minutes de jeu, je pensais sincèrement que j'allais m'évanouir", explique-t-il aujourd'hui dans son livre, The Boy in Brazil (éd. Floodlit Dreams, en anglais). Dans des conditions encore pires qu'à Manaus, il lui a fallu deux mois et "beaucoup de sel" pour s'acclimater, un complément important pour lutter contre les effets de la transpiration. "Le déficit en sodium perturbe la contraction musculaire, ce qui entraîne des crampes", explique Christophe Hausswirth.
A Manaus, donc, les joueurs risquent de se tordre de douleur bien avant la fin du match, "sauf s'ils peuvent aller s'hydrater dès qu'ils le peuvent, sans prévenir l'arbitre". Lors de la Coupe des confédérations au Brésil, en juin 2013, les joueurs ont déjà dû improviser. “Si vous regardez bien les images (...), vous verrez que tout le monde se rue à chaque fois" vers les boissons quand le ballon sort du terrain, expliquait alors Cesare Prandelli. "Le problème, c’est que les joueurs vont frapper la balle en corner juste pour pouvoir boire”, ironisait le sélectionneur italien.
3 Calculer ses efforts
4 Privilégier la récupération
En résumé ? Des matchs disputés piano piano, avec des joueurs sujets aux crampes et maladroits dans le dernier geste. Jugeant "irresponsable de disputer une rencontre au milieu de l'Amazonie", le sélectionneur de la Suisse Ottmar Hitzfeld s'en est pris à la Fifa, en janvier, regrettant "que le côté commercial [ait] pris le dessus". Et dire qu'en 2022, au Qatar, la température pourra atteindre 50°C... "A ce niveau-là, aucune acclimatation n'est possible, tranche Christophe Hausswirth, qui a participé à un congrès dans l'émirat. C'est carrément injouable."
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