Didier Deschamps "va continuer", et s'il "parvient à gagner l'Euro, il voudra gagner la Coupe du monde suivante"
Au lendemain de la victoire des Bleus en finale de la Coupe du monde, Philippe Bouchard, auteur d'un livre sur Didier Deschamps, estime que le sélectionneur français pourrait continuer encore plusieurs années
Au-delà de l'équipe de France victorieuse à la Coupe du monde, le pays célèbre aussi son sélectionneur, Didier Deschamps. Le Basque est devenu, dimanche 15 juillet, le troisième footballeur dans l'Histoire à avoir gagné la Coupe du monde en tant que joueur puis en tant qu'entraîneur.
Auteur d'un ouvrage paru en mai sur les secrets d'entraîneur de Didier Deschamps, Jean-Philippe Bouchard est revenu sur franceinfo sur la figure du coach, son "exigence", et l"affection très particulière", qu'il a développée pour l'équipe du Mondial. "Il nourrit une ambition secrète", a-t-il déclaré, "c'est d'être le premier entraîneur à gagner une Coupe du monde, un Euro, et une autre Coupe du monde."
franceinfo : On a beaucoup parlé de la chance de Didier Deschamps, mais ce qu'il faut retenir, n'est-ce pas d'abord une culture de la gagne ?
Jean-Philippe Bouchard : La chance, ça ne résiste pas à l'analyse, quand on l'a quasi-systématiquement pendant plus de 20 ans, au bout d'un moment, c'est qu'il y a des raisons un peu objectives. Deschamps c'est quelqu'un qui est structuré comme ça. Bien sûr, tous les joueurs veulent gagner, bien sûr, tous les entraîneurs veulent gagner, sauf que lui, il travaille énormément pour mettre tous les paramètres possible de son côté. Il essaye d'objectiver ce sport un peu étrange et irrationnel qu'est le football, parce qu'il y a une part, quand même, un peu hasardeuse (…). Mais par ailleurs, tous les autres paramètres, les relations des joueurs entre eux, à la fois psychologiques, mais aussi sur le terrain, tous ces paramètres-là, il les travaille énormément avec son staff. Il fait toujours référence à son staff.
Mais alors comment travaille-t-on avec Didier Deschamps ?
D'abord, il commence par établir une relation de confiance extrême avec ses adjoints, c’est-à-dire qu'il ne pourrait pas vivre en pensant qu'une info a pu fuiter, ou quelque chose comme ça. Donc d'abord la relation de confiance, c'est la base absolue. La compétence, évidemment, il s'appuie dessus. Et puis après, il y a une exigence, mais qui est mutuelle, c’est-à-dire qu'il écoute aussi énormément. Il sait bien qu'en dernier ressort, c'est lui qui sera désigné coupable ou vainqueur, donc il tranche, il prend énormément d'informations et il est d'une exigence absolue.
Il aime ses joueurs, on sent qu'il a de l'admiration, de l'affection pour son équipe.
Ça c'est un peu nouveau, si j'ose dire, parce que Didier Deschamps, c'était un joueur extrêmement exigeant aussi avec ses coéquipiers. Il séquence beaucoup entre les relations personnelles, les relations amicales, et les relations de travail. Dans une équipe, c'est un peu compliqué, parce que forcément ce n'est pas un travail de bureau (…), mais souvent il n'était pas dans un affect avec ses coéquipiers ou ses joueurs. Et puis là, progressivement, le temps passant, ses joueurs se sont mis à avoir l'âge de son enfant. En fait, il s'est presque fait déborder là-dessus, il a une affection très particulière, effectivement, aujourd'hui, pour ce groupe-là, qu'il a façonné, qu'il a composé et qui lui a rendu, aussi, toute sa confiance. Il s'est installé quelque chose d'affectif qu'il n'y avait peut-être pas au début, avec Deschamps.
Qu'est-ce que vous le voyez faire, maintenant ?
Je pense qu'il va continuer, d'abord parce que c'est sa vie, il n'a pas d'autres raisons de vivre que de gagner au foot, franchement, c'est vraiment ça. Et puis lui, il nourrit une ambition secrète, c'est d'être le premier entraîneur à gagner une Coupe du monde, un Euro, et une autre Coupe du monde. Il a un contrat, jusqu'en 2020. Et puis si jamais il parvient à gagner l'Euro, ce qui serait un exploit énorme - il y a un précédent, oui, mais quand même - il voudra gagner la Coupe du monde suivante.
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