De Paris à Beyrouth, les exilés syriens célèbrent leur équipe nationale de football, sur la route du Mondial 2018
L'équipe nationale syrienne a fait match nul (2-2) face à l'Iran, mardi, en vue des qualifications pour le Mondial 2018. Pour les Syriens du monde entier, cette rencontre a permis d'oublier quelques heures le conflit qui déchire leur pays.
Un match de football a opposé l'Iran à la Syrie, mardi 5 septembre, à Téhéran, la capitale iranienne. Les deux alliés sur le front de la guerre s'affrontaient dans le cadre des qualifications pour le Mondial-2018 en Russie. À l'issue d'un match nul (2-2), la Syrie rencontrera l'Australie en octobre en match de barrage.
Mais, au-delà de l'aspect sportif, ce match a été vécu comme une respiration par des millions de Syriens, après plus de 6 ans de conflit. franceinfo a suivi le match avec des exilés, à Paris et à Beyrouth, au Liban.
À Paris, "l'union nationale autour du football"
Mardi soir, dans un pub du quartier Saint-Michel, dans le 6e arrondissement de Paris, Samir affiche un large sourire quand les Aigles de Damas, l'équipe nationale syrienne, apparaissent à l'écran. "Vous voyez, autour du bar, il y a énormément de Syriens de bords politiques différents qui s'entendent bien, qui ont envie de soutenir la même équipe avec le drapeau du pays, indique le jeune supporter syrien. Un seul drapeau, c'est important."
Il y a pas mal de joueurs qui sont des deux bords de la Syrie et ça crée une union nationale autour d'une équipe de foot.
Samir, Syrien résidant à Parisà franceinfo
Assise à côté, Marina suit aussi le match sur les réseaux sociaux. Elle voit passer des photos de la foule réunie à Damas, la capitale syrienne, pour suivre le match devant "des écrans géants". Des images qui réchauffent le cœur de la jeune femme."C'est une petite parenthèse où les gens peuvent souffler, que l'on gagne ou que l'on perde", dit-elle.
À la mi-temps, les deux équipes sont à égalité : 1-1. Sami et Sami, deux amis syriens entrent dans le pub parisien, maillot rouge et blanc sur le dos, les couleurs des Aigles de Damas. Pour eux, ce match permet "de garder espoir et de se rassembler". Leur bonheur est refroidi par un second but iranien, à la 63e minute. Mais, dans le temps additionnel, la Syrie égalise, 2-2. Pour les deux Sami, ce nul est une victoire. "La seule image qu'on a [de la Syrie], c'est la guerre, c'est triste. Et, justement, ce qui incroyable avec le foot, c'est que ça peut redorer l'image de la Syrie. Ça fait vraiment du bien", confie l'un des deux amis.
À Beyrouth, "une pause dans cette guerre"
Des milliers de réfugiés syriens ont suivi la rencontre à Beyrouth, la capitale libanaise, comme Abnal, originaire d'Alep. Mardi, il a pris place au plus près de l'écran pour ne rien rater. "Tous les Syriens sont représentés ce soir, assure-t-il. Cette équipe appartient à tout le pays, aux 25 millions d'habitants", se réjouit-il.
Ce soir, il n'y a pas de politique, de régime, d'opposition de Daesh, il y a la Syrie.
Abnal, réfugié syrien à Beyrouthà franceinfo
La tension est palpable, l'émotion aussi. Sami vient de la ville de Homs : "Ça fait plus de 6 ans qu'il y a la guerre en Syrie, mais ce soir on fait une pause, une petite pause, de deux heures dans cette guerre. On en profite. Ce n'est que du bonheur que de la joie."
Après l'égalisation syrienne, un coup de théâtre dans les derniers instants du match, c'est l'explosion de joie à Beyrouth. "Les joueurs que vous avez vu ce soir ont tous des problèmes, explique l'un des spectateurs. Certains ont de la famille qui vit sous les bombes ou bien assiégé par Daesh et, pourtant, ils ont tout donné ce soir pour faire plaisir au peuple syrien et pour défendre la Syrie. "
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