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Coupe du monde : Mario Götze, la revanche de l'enfant prodige

En inscrivant le seul but de la finale de la Coupe du monde, le jeune milieu du Bayern Munich termine en apothéose une saison 2013-2014 qui n'a pas été simple.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mario Götze embrasse la Coupe du monde après la victoire de l'Allemagne contre l'Argentine en finale, dimanche 13 juillet 2014 au stade Maracana de Rio (Brésil). ( DAMIR SAGOLJ / REUTERS)

"Ce garçon, c'est un miracle. C'est un enfant prodige, il peut faire des choses incroyables." Le sélectionneur allemand Joachim Löw n'avait pas assez de mots pour louer la performance de Mario Götze, dimanche 13 juillet au stade Maracana de Rio (Brésil). 

En inscrivant en prolongation le seul but de la finale de la Coupe du monde face à l'Argentine (1-0), le jeune milieu de terrain de 22 ans a offert à la Mannschaft une quatrième étoile à coudre sur son maillot. Une belle revanche pour un joueur qui, comme souvent cette saison au Bayern Munich, a dû ronger son frein sur le banc des remplaçants pendant cette compétition. Portrait.

Élu meilleur jeune joueur à 17 ans

Le parcours de Mario Götze a tout de celui de l'enfant surdoué. Arrivé à Dortmund à l'âge de 6 ans, le natif de Memmingen est vite repéré par les recruteurs du club de la Ruhr, qui l'intègrent au centre de formation deux ans plus tard. Rapide, habile des deux pieds, et doté d'une technique largement supérieure à la moyenne, il s'impose dans toutes les équipes de jeunes du BVB.

Mais c'est d'abord sous le maillot des espoirs allemands que le gamin aux faux airs de Justin Bieber brille : en 2009, il remporte la Coupe d'Europe des moins de 17 ans, avant d'enchaîner tranquillement avec − déjà − la Coupe du monde de cette catégorie. Des performances qui lui valent d'être élu meilleur jeune joueur par la fédération allemande de football.

Chouchou des supporters du Borussia Dortmund

Rien d'étonnant, donc, à voir Mario Götze s'imposer chez les pros du Borussia Dortmund à partir de la saison 2010-2011. Ses dribbles insolents, sa vision du jeu et sa capacité à évoluer à tous les postes offensifs lui permettent de devenir, au fil des matchs, la mascotte des supporters du stade Westfalenstadion. Toujours efficace malgré quelques blessures qui freinent son insolente réussite, il décroche avec le BVB le titre de champion d'Allemagne en 2011 et 2012, au détriment du puissant Bayern Munich.

Mario Götze et Marco Reus célèbrent un but inscrit contre Wlfsburg, le 8 décembre 2012 au Westfalenstadion de Dortmund (Allemagne). (  MAXPPP)

Réussite en sélection, titulaire dans le collectif bien huilé du BVB, chéri par le public... Mario Götze se sent comme un poisson dans l'eau à Dortmund. À tel point qu'il déclare à la presse allemande, début 2013, qu'il se verrait bien y passer toute sa carrière. "J'ai grandi ici, je me sens bien dans cette ville, j'y ai mes amis et ma famille. Tout parle donc en faveur de Dortmund et du BVB", explique-t-il du haut de ses 20 ans au Westdeutsche Allgemeine Zeitung, selon des propos rapportés par So Foot.

Quelques semaines plus tard, il s'engage en faveur du Bayern Munich pour la saison suivante. Le géant allemand n'a pas hésité à débourser les 37 millions d'euros de la clause libératoire contenue dans le contrat du jeune prodige. Côté supporters, ce revirement passe mal, d'autant qu'à la fin mai, Dortmund s'incline en finale de la Ligue des champions face au futur club de leur chouchou. 

Au Bayern, gaffes et adaptation délicate

Son atterrissage dans le club de la Bavière ne se fait pas sans mésaventure. Le jour de sa présentation à la presse, Mario Götze, tout sourire, prend la pose en t-shirt Nike aux côtés de son nouveau maillot. Les dirigeants d'Adidas, sponsor historique du Bayern et actionnaire à 9,1% du club, en tombent à la renverse. "Contractuellement, une telle chose n'est pas permise. Nous avons d'ores et déjà demandé des comptes au Bayern", s'agace un porte-parole de l'équipementier allemand, cité par RTL. Le club a été contraint de s'excuser.

Mario Götze pose en t-shirt Nike lors de sa présentation à la presse, le 2 juillet 2013 à Munich (Allemagne). (MAXPPP)

Sur le terrain, la transition entre le Borussia Dortmund et le Bayern Munich n'est pas plus simple. Barré par Ribéry et Robben sur les côtés, par Müller et Kroos au poste de meneur de jeu, et par Schweinsteiger à la récupération, Götze a du mal à se faire une place dans le onze de départ rempli de stars de l'entraîneur Pep Guardiola. À l'aise partout, mais indispensable nulle part, il peine à obtenir définitivement un statut de titulaire. Une situation qui le rend "malheureux", d'autant que, comme à son habitude, il bouscule régulièrement les défenses adverses lors de ses entrées en cours de jeu.

"Je sais ce dont je suis capable"

C'est donc avec un état d'esprit revanchard que Mario Götze s'envole vers le Brésil en compagnie de la Mannschaft. "Je veux montrer ce dont je suis capable", lance-t-il avant le début de la compétition à la presse allemande, selon des propos rapportés par l'AFP. Malheureusement, ses premiers matchs sont décevants. Titulaire contre le Portugal (4-0) et le Ghana (2-2), il est sanctionné après une mauvaise première période contre l'Algérie par Joachim Löw, qui le remplace à la mi-temps. 

Comme en club, il doit se contenter de cirer le banc pour les rencontres suivantes. Il ne dispute ainsi au total que sept minutes contre la France (1-0) et le Brésil (7-1) en quart et en demi-finale, relève Eurosport. Les commentaires se font alors de plus en plus acerbes, l'AFP le comparant même, à la veille de la finale contre l'Argentine, à un "Ben Arfa germanique".  

Mais à la différence de l'ancien espoir français dont les performances ont déçu, Götze a réussi à se faire une place dans l'histoire du ballon rond. Entré en jeu contre l'Argentine à la 88e minute après avoir été invité par Löw à "montrer au monde qu'il était meilleur que Messi", il a réussi en prolongation un parfait enchaînement contrôle de la poitrine-frappe qui a permis à l'Allemagne d'accrocher une quatrième Coupe du monde. 

"L'année n'a pas été simple pour moi, tout comme ce tournoi, a-t-il reconnu après la rencontre. Mais je suis heureux d'être ici, avec ce groupe (...). Je me suis entraîné et j'ai travaillé dur." Assez pour devenir enfin indiscutable en club et en sélection ?

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