Coupe du monde : Franck Ribéry manque-t-il à l'équipe de France ?
Il y a trois semaines, la France entière se demandait avec angoisse comment les Bleus allaient pouvoir passer la phase de poules sans leur emblématique milieu de terrain. Mais la qualification en quarts de finale rebat les cartes.
C'était le 6 juin dernier, et pourtant cela paraît remonter à une éternité. Ce jour-là, Franck Ribéry annonçait son forfait pour la Coupe du monde. La faute à une lombalgie chronique, à une guéguerre entre le médecin des Bleus et celui de son club, le Bayern Munich. A l'époque, on se demandait si cette absence allait avoir des conséquences négatives sur le collectif de Didier Deschamps. Plus de trois semaines après, et une qualification en quarts de finale dans la poche, les questions se posent-elles toujours ?
Sur le terrain : pas vraiment
Si vous avez conservé le souvenir de France-Suisse (5-2), où les Bleus marquaient sur chaque offensive (ou presque), vous serez tenté de répondre "oui" à la question : "Les Bleus jouent-ils mieux sans Ribéry ?" C'est oublier les prestations poussives contre l'Equateur (0-0) et, dans une moindre mesure, contre le Nigeria (2-0). Didier Deschamps a d'abord aligné Antoine Griezmann sur l'aile gauche. Sans succès. Puis Karim Benzema, avec Olivier Giroud en pointe. Ce qui n'a pas été une franche réussite.
Mais l'équipe de France, lors de cette Coupe du monde, c'est aussi l'équipe qui frappe le plus au but, d'après les stats du site Matchstory (en anglais).
Or ce n'était pas le cas à l'époque Ribéry : l'ailier du Bayern aimantait le ballon sur son côté gauche pour tenter de dribbler son vis-à-vis, ce qui ne débouchait que rarement sur une frappe. Ce qui est sûr, c'est que le jeu des Bleus est devenu moins prévisible et passe moins par le côté gauche. Pendant la première heure contre le Nigeria, c'est même devenu carrément l'inverse : Karim Benzema désertant son couloir gauche, Patrice Evra n'osant pas monter, les attaques françaises ne sont venues que du couloir droit de Mathieu Debuchy, ou presque.
En tant que leader : c'est trop tôt pour le dire
Interrogé un jour sur le rôle de Patrice Evra chez les Bleus, Didier Deschamps a brossé en creux le portrait d'un leader. "Leader en équipe de France, ça ne s'improvise pas du jour au lendemain. Il faut de la légitimité, du vécu, de l'expérience, et forcément, ce sont ceux qui sont là depuis longtemps qui en ont le plus", a-t-il décrit. Le portrait craché du latéral de Manchester United... mais aussi celui de Franck Ribéry, un des trois internationaux initialement retenus par Didier Deschamps à avoir déjà disputé au moins un match de Coupe du monde.
Franck Ribéry répond au profil d'un leader technique, un outil indispensable dans une sélection pour prendre les choses en main dans un match compliqué, comme ont pu le faire Zinédine Zidane et Michel Platini avant lui. Au Brésil, tout juste a-t-on entraperçu les promesses d'un Pogba et la maestria d'un Valbuena. Certes, Gérard Houllier, ancien sélectionneur des Bleus (1992-1993), a déclaré dans France Football que "Franck Ribéry est sans doute un leader technique, un très, très bon joueur, mais ce n'est pas un joueur de classe mondiale qui te fait gagner l'équipe, comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo". Mais Valbuena ou Pogba ont-ils cette dimension supplémentaire ? Personne ne le sait encore.
Pour la vie du groupe : silence radio
Le forfait de Franck Ribéry avant de prendre l'avion pour le Brésil a eu au moins un mérite : il a permis d'éviter de voir le fantôme du joueur du Bayern planer au-dessus du camp de base de Ribeirao Preto. Les Bleus se sont attelés à ne pas évoquer le sujet de manière négative. Règle n°1 de la communication quand un coup dur frappe une équipe : minimiser et trouver une bonne raison de rebondir. "Ça ne change rien à nos ambitions, a réagi le gardien des Bleus, Hugo Lloris. La meilleure réponse au forfait de Franck sera collective." Le sélectionneur Didier Deschamps, en mode Astérix : "Le ciel ne m’est pas non plus tombé sur la tête".
Et maintenant, le sujet est clos. Pour preuve, la réponse ferme de Didier Deschamps à un journaliste qui lui demandait de réagir à la polémique sur les soins prodigués à l'ailier du Bayern : "Je ne suis pas un bon relanceur, j'étais un tacleur, donc si tu veux éviter de te faire tacler, on va passer à une autre question."
Et comme Franck Ribéry a décliné l'invitation de la fédération française de foot pour se rendre au Brésil à l'occasion du quart de finale contre l'Allemagne, vendredi 4 juillet, on n'entendra pas son avis sur les performances de l'équipe de France.
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