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Coupe du monde 2018 : incontinence, superstition, scandale d'État... Les shorts des footballeurs, c'est toute une histoire

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le gardien argentin Sergio Goycochea stoppe le penalty de l'Italien Roberto Donadoni en demi-finale de la Coupe du monde 1990, à Naples, le 3 juillet. Son secret : faire pipi sur le point de penalty. (DANIEL GARCIA / AFP)

Vous pensez que la Coupe du monde se gagne dans la tête, question tactique, et dans les jambes, niveau physique ? Vous n'avez pas tort. Mais parfois, cela peut aussi se jouer dans le short.

A quoi tient une victoire en Coupe du monde ? Parfois à des détails, comme les quelques centimètres d'un poteau qui transforme un but en occasion ratée, ou à une décision arbitrale discutable.

Mais la frontière entre défaite et victoire peut se trouver ailleurs, sous la ceinture par exemple. Car oui, ce qui se passe dans le short des footballeurs peut avoir une incidence directe sur leur performance sur le terrain. Vous en doutez ? Suivez le guide.

Un mythe élastique

Une Coupe du monde tient parfois à un fil, en l'occurrence l'élastique capricieux d'un short. C'est en le tenant fort avec sa main que Giuseppe Meazza s'élance pour tirer un penalty décisif, face au Brésil, lors de la demi-finale du Mondial 1938, disputée à Marseille. On joue la 58e minute, la Nazionale mène 1-0 face à un Brésil entreprenant. Meazza, le capitaine, ne se défile pas. "N'importe qui aurait changé de short avant de frapper", raconte en 1986 son coéquipier Pietro Rava, témoin direct de la scène, cité plus tard par ESPN. "Peppino [le surnom de Meazza] tenait son short de la main gauche, et a laissé le gardien brésilien Walter très loin du ballon." Il marque, donc. Il faut reconnaître que sa course d'élan aurait laissé plus d'un gardien surpris. Victorieuse 2-1, l'Italie remporte le tournoi et l'anecdote devient un classique. 

Un détail, ces histoires de short ? Vous n'y êtes pas. Quand le gardien espagnol Andoni Zubizarreta a découvert que Le Coq sportif, l'équipementier de la Seleccion, lui avait prévu des shorts trop petits pour le Mondial 1990 en Italie, il a cru bien faire en en achetant un ou deux de secours dans le premier magasin de sport d'Udine (Italie). Le match contre l'Uruguay (0-0) se déroule sans encombre pour lui. Du moins le croit-il. Car au pays, les commentaires sont acerbes, raconte le site du Barça, où évolue le gardien. Les supporters accusent le gardien basque de délibérément masquer le blason espagnol. Sujet sensible de l'autre côté des Pyrénées où, à l'époque, l'indépendantisme basque crispe tout un pays. "Zubi" devra présenter ses excuses et presser l'équipementier de lui faire parvenir fissa un short de la bonne taille et avec le blason espagnol.

"Je me suis chié dessus"

Le sort d'un match peut se jouer encore plus sous le tissu. Demandez à Gary Lineker, qui s'est brusquement allongé lors d'un match du premier tour du Mondial 1990, face à l'Irlande. Les téléspectateurs anglophones peuvent lire sur les lèvres de l'avant-centre anglais, "I shat myself", littéralement, "je me suis chié dessus".

Les diffuseurs taisent l'évènement, et il faudra attendre 2010 pour que l'attaquant devenu animateur à succès de la BBC revienne sur ce qui s'est passé ce jour-là : "La balle arrivait sur la gauche, j'ai essayé de tacler un adversaire, je me suis étendu de tout mon long, puis brutalement relâché." Pas besoin de vous faire un dessin pour la suite. "Quand on y pense, j'étais vraiment chanceux que ce match ait lieu de nuit et sous la pluie."

Sur les images, on me voit m'essuyer sur le terrain comme un chien. C'est la pire expérience de ma vie... mais je n'ai jamais eu autant d'espace sur un terrain ce soir-là après l'incident.

Gary Lineker

à la BBC

Un problème dont n'a jamais été victime Ronaldo. Peut-être parce qu'il a potentiellement disputé ses deux finales de Coupe du monde sur le terrain avec une couche ? On savait le Brésilien incontinent – en témoigne sa façon peu élégante de se soulager en plein tournoi olympique face à la Hongrie. Son ancien sélectionneur, Vanderlei Luxemburgo, a raconté à Marca (en espagnol) que l'avant-centre a disputé la Copa America 1999 avec une couche sous le short (ce qui ne l'a pas empêché de terminer meilleur buteur). 

L'attaquant brésilien Ronaldo à la lutte avec les Argentins Sorin et Simeone lors du match de Copa America Brésil-Argentine, à Ciuadad del Este, au Paraguay, le 11 juillet 1999. (ANTONIO SCORZA / AFP)

A l'origine de cette incontinence, il y a un régime. "Ronaldo était en surpoids, et cherchait à perdre quelques kilos", confie le sélectionneur auriverde. Seule solution, le Xenical, un médicament qui empêche l'absorption des graisses par le tube digestif. Problème : ce médicament provoque, chez Ronaldo, une diarrhée permanente. "El Fenomeno se plaignait souvent de devoir jouer dans ces conditions", poursuit Luxemburgo. Sa pointe de vitesse n'en avait pourtant pas souffert.

Les dessous d'une superstition

Les terrains du Mondial italien de 1990 n'étaient pas de première propreté, vu que le gardien argentin Sergio Goycochea avait pris l'habitude d'uriner sur le point de penalty où se déroulaient les séances de tirs au but. Son secret était de faire sa petite affaire camouflé par ses coéquipiers, pendant que l'arbitre regardait ailleurs. "Vous savez, selon les lois du jeu, il est interdit de quitter le terrain avant que le match ne soit terminé, s'amuse le gardien dans une interview au Guardian (article en anglais). Or, pour les besoins naturels urgents, je n'avais pas d'autre choix que le terrain. Je vous assure, je devais vraiment y aller." Le journaliste s'étonne : "Personne ne s'est jamais plaint ?" "Non, je faisais ça discrètement." Une pratique qui lui a porté bonheur. L'Argentine a disputé deux séances de tirs au but –contre la Yougoslavie en quarts et face à l'Italie en demi-finale– et à chaque fois, la Celeste s'est qualifiée. 

Il faut dire que beaucoup de choses se jouent sous la ceinture chez les gardiens, quand arrive l'épreuve fatidique des tirs au but. Vous vous souvenez peut-être de cette phrase lancée par Fabien Barthez à Lionel Charbonnier, le troisième gardien des Bleus, juste avant les penalties de France-Italie, en quarts de finale du Mondial 1998 : "Je crois que j'ai la gigite". "La quoi ?" "La gigite. Les poils du cul qui s'agitent."

Les superstitions ne marchent qu'un temps dans le foot. L'attaquant roumain Adrian Mutu jouait avec des feuilles de basilic dans les chaussettes et avec son caleçon à l'envers. La raison ? Des sorcières de son pays avaient identifié un sort lancé contre lui par une ex-petite amie. "Aucun problème, avait tranché l'attaquant roumain. Son sort ne me touchera pas si je porte mon caleçon retourné." Efficacité discutable : Mutu n'a jamais hissé son pays en Coupe du monde, et jamais brillé lors d'un Euro.

Tout est bon dans le caleçon

Au contraire de l'Italien Gennaro Gattuso, qui a connu une renommée mondiale lorsqu'il a exhibé son slip en mondovision après la victoire de l'Italie face à la France en finale de Coupe du monde 2006 à l'issue de la séance de tirs au buts. Une scène qui n'a pas du tout plu à la Fifa, qui a dépêché des responsables pour rhabiller l'impudent après quelques minutes d'euphorie hédoniste.

Le milieu de terrain italien Gennaro Gattuso est félicité par le gardien remplaçant de la Nazionale Angelo Peruzzi lors de la victoire des Transalpins en finale de la Coupe du monde face à la France (1-1, 5-3 tab), à Berlin (Allemagne), le 9 juillet 2006. (KAY NIETFELD / DPA)

Gattuso a eu beau s'afficher en slip avec quelques coéquipiers pour la marque Dolce&Gabbana avant le début de la Coupe du monde, c'est cette photo prise sur le vif qui restera dans les mémoires. Selon un sondage réalisé au Royaume-Uni auprès de la gent féminine quelques semaines après le Mondial, Gattuso dégageait un sex-appeal supérieur à David Beckham. "Ça n'a pas du tout amusé ma femme", concède le rugueux milieu italien au site de la Fifa.

Tout ça, finalement, pour que les joueurs en arrivent à échanger leur short, à l'image du Camerounais Stéphane Mbia et du Croate Ivan Rakitic à la mi-temps d'un match de poules du Mondial brésilien en 2014. S'ils savaient ce qui a pu se passer dedans...

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