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Coupe du monde 2018 : ambianceur, porte-bonheur et bon joueur, pourquoi Adil Rami est devenu indispensable aux Bleus

Il n'a pas disputé une seule minute du Mondial, et pourtant le défenseur marseillais est devenu, plus qu'une mascotte, un incontournable du groupe français.

Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Adil Rami (au centre) célèbre la qualification des Bleus en finale de la Coupe du monde avec Samuel Umtiti (à droite) et Paul Pogba, le 10 juillet 2018 à Saint-Pétersbourg, en Russie. (VLADIMIR ASTAPKOVICH / SPUTNIK / AFP)

Adil Rami n'a pas joué une seconde lors de cette Coupe du monde 2018, mais il s'est montré tout aussi important pour le groupe qu'un titulaire. Une joie de vivre communicative, un état d'esprit irréprochable, sans oublier son talent de footballeur : franceinfo vous explique pourquoi l'ancien agent municipal de Fréjus est devenu indispensable à l'équipe de France.

Parce que c'est un super ambianceur

En 1998, il y avait Vincent Candela. Vingt ans après le sacre des Bleus, en 2018, le joueur qui communique sa joie de vivre dans le vestiaire s'appelle Adil Rami. Toujours plein d'enthousiasme et d'énergie, bosseur, chambreur, il est aussi charmeur (il a d'ailleurs conquis le cœur de l'actrice et activiste américaine Pamela Anderson). Le défenseur fait autant l'unanimité parmi ses coéquipiers que dans son premier club pro, à Lille. "Il est vite devenu important car il mettait l’ambiance dans le vestiaire. Il chambrait tout le temps, y compris les coachs. Il aimait bien prendre tout le monde par l’épaule", se souvient l'ancien capitaine du LOSC, Grégory Tafforeau, dans 20 Minutes.

Avec sa personnalité, Adil Rami est en quelque sorte la garantie bien-être d'une équipe qui vit depuis près de deux mois ensemble. Même si d'autres joueurs comme Presnel Kimpembe ou Paul Pogba font souvent le show dans le bus, sur le terrain ou dans le vestiaire c'est bien le joueur de l'Olympique de Marseille qui assure le rôle d'ambianceur.



Il suffit d'assister à l'une de ses conférences de presse pour comprendre que le défenseur de 32 ans peut rapidement réchauffer l'ambiance. Le 4 juillet, deux jours avant le quart de finale contre l'Uruguay (2-0), il détend tout de suite l'atmosphère. "Ouvrez vos cahiers, page 4, exercice 8", lance-t-il d'abord, tout sourire, devant des journalistes hilares.

Chambreur, il n'hésite pas à se moquer gentiment de ses coéquipiers, mais toujours avec bienveillance. "On m'a fait passer en premier, parce qu'après c'était Blaise [Matuidi], et Blaise c'est pas aussi marrant que moi, hein !", lâche encore Rami avec le regard espiègle qui le caractérise.

Adil Rami s'amuse avec Kylian Mbappé lors d'une séance d'entraînement des Bleus, le 2 juillet 2018 à Istra, en Russie. (FRANCK FIFE / AFP)

Pour amuser la galerie, il donne parfois des surnoms à ses coéquipiers. Le plus connu lors de cette Coupe du monde est celui dont s'est retrouvé affublé Benjamin Pavard : Jeff Tuche, en référence au patriarche des films "Les Tuche". Quand il parle des accélérations de Kylian Mbappé, Adil Rami évoque le jeu vidéo de football Fifa : "Il nous fait L1, accélération et double joystick droit, tu ne peux plus rien faire…", glisse-t-il avec ce léger défaut de prononciation qui le rend plus attachant encore.

Parce que c'est un porte-bonheur

En 1998, il y avait un rituel au sein de l'équipe championne du monde : Laurent Blanc embrassait le crâne chauve de Fabien Barthez avant chaque match. Cette année, le porte-bonheur c'est la moustache d'Adil Rami. Kylian Mbappé l'avait touchée avant d'inscrire un doublé lors du huitième de finale contre l'Argentine (4-3), idem pour Antoine Griezmann, auteur d'un but en quart de finale contre l'Uruguay (2-0) et d'une passe décisive en demi-finale contre la Belgique (1-0).

Antoine Griezmann touche la moustache d'Adil Rami lors d'un entraînement, le 5 juillet 2018 à Nizhny Novgorod, en Russie. (FRANCK FIFE / AFP)
Adil Rami évoque sa moustache lors d'une conférence de presse de l'équipe de France, le 4 juillet 2018 à Istra, en Russie. (YURI CORTEZ / AFP)

Tous les Bleus veulent désormais toucher les bacchantes du natif de Bastia. "Ça porte bonheur, je l'ai déjà fait en quart et je le ferai avant la finale. Il y en a pas mal qui veulent la toucher. On est passé à cinq-six [joueurs]", a déclaré Rami à TF1 après la qualification pour la finale. "Mais le plus important maintenant, c'est qu'ils veulent que je fasse la moustache à chaque avant-match, que je la fasse bien en pointe."

Parce que c'est un bon partenaire

Il reste le seul joueur de champ à ne pas avoir disputé une minute depuis le début de la Coupe du monde. Alors que d'autres s'offusqueraient de cette situation, lui reste toujours d'humeur joyeuse et ne s'en plaint pas. "Dans un pays de 66 millions d'habitants, il y en a 23 qui ont été sélectionnés et j'en fais partie, alors je profite de ça",  résume-t-il en conférence de presse, avec un grand sourire.

Rami ne tarit pas non plus d'éloges sur ses coéquipiers. De Kylian Mbappé, il dit par exemple que c'est un joueur "rapide" et "technique" qui "sait tout faire". "En équipe de France, on a des talents individuels extraordinaires. C'est beau à voir", assurait-il avant la Coupe du monde.

S'il prend soin de mettre en valeur ses coéquipiers, il lui est arrivé de les brusquer à l'entraînement, comme ce fut le cas le 12 juin avec Kylian Mbappé. Un brin embarrassé, Adil Rami n'a pas tardé à donner des nouvelles du prodige sur son compte Instagram. Conspué sur les réseaux sociaux pour avoir blessé – involontairement – le jeune attaquant, son collègue a aussitôt reçu le soutien de ce dernier et la polémique s'est éteinte.

A 32 ans, il lui arrive aussi de jouer les grands frères au sein de l'équipe de France la plus jeune de l'histoire (26,4 ans de moyenne d'âge). "J'essaie de rester naturel, de rester à ma place ; si je peux conseiller, je conseille", convenait-il en conférence de presse avant le Mondial. "On a beaucoup de talent, on va rencontrer des équipes qui vont nous faire mal. Faire comprendre à des joueurs de talent que parfois, il faut aller à la maille, c'est important", expliquait-il.

Parce que c'est un bon joueur

S'il a probablement profité de la blessure de Laurent Koscielny pour se retrouver en Russie, Adil Rami n'en reste pas moins un bon joueur, formé sur le tard. Rejeté sans ménagement par les recruteurs de l'OGC Nice à 18 ans, il finit par convaincre ceux de Lille. "Rien ne lui a été donné. A la base, c’est un joueur qui vient de nulle part", rappelle à Libération  Claude Puel, l'entraîneur qui l'a lancé chez les professionnels.

Et c'est pourtant bien avec ce jeune joueur, qui a grandi dans le quartier de l'Agachon, à Fréjus, que le LOSC réalise un doublé Coupe de France-Championnat en 2011. Sa carrière est alors lancée, et ce solide défenseur central portera les couleurs de clubs prestigieux comme le FC Valence (2011-2013), mais aussi de l'AC Milan (2013-2015) et du Séville FC (2015-2016), avec lequel il décroche la Ligue Europa en 2016. Aujourd'hui titulaire à l'OM, il est, avec ses 35 sélections (et un but) l'un des joueurs les plus expérimentés du groupe de Didier Deschamps. Les chiffres sont catégoriques : avec 4 604 minutes disputées en 55 matchs avec l'OM, il est, parmi les 736 joueurs ayant participé à la Coupe du monde 2018, le huitième plus utilisé par son club cette saison, rapporte le CIES Football Observatory, relayé par la BBC (en anglais).

Adil Rami lors d'un échauffement avant le quart de finale des Bleus contre l'Uruguay, le 6 juillet 2018 à Nizhny Novgorod, en Russie. (ANTONIN THUILLIER / AFP)

Les mensurations de ce défenseur de métier (1,90m pour 90 kg, ce qui lui valait à Lille le surnom de "Shrek") s'avèrent également bien utiles face à des équipes rugueuses. Son physique imposant permet notamment à ses partenaires en attaque de se mesurer à des gabarits plus costauds, un entraînement qui leur a été bien utile face aux Belges, battus en demi-finale. Mais Adil Rami le combattant pourrait être, pourquoi pas, la botte secrète de Didier Deschamps en cas de coup dur, dimanche 15 juillet, en finale contre la Croatie.

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