De Lorient à la finale de la Coupe du monde des clubs : André-Pierre Gignac, 6 dates pour un destin hors normes
• 13 août 2004 : 30 secondes chrono, Gignac démarre au quart de tour
André-Pierre Gignac fait ses classes à Martigues, qu'il emmène jusqu'en demi-finale de la Coupe Gambardella en 2002, au nez et à la barbe des plus grands centres de formation français. Lorient flaire le bon coup et fait venir le minot du Sud en Bretagne. Gignac intègre l'effectif professionnel des Merlus après deux saisons chez les moins de 18 ans. Face à la Berrichonne de Châteauroux, il signe les premières minutes de sa carrière de la plus belle des manières. Lancé par Christian Gourcuff à la 78e minute, il ne met que 30 secondes à trouver le chemin des filets et assurer la victoire du FCL (2-1). "Je m'étais envolé vers une autre planète", a-t-il raconté quelques années plus tard au Parisien. "Je me prenais pour Ronaldo. Je croyais que j'allais faire la différence tout seul. Le coach m'a remis les idées en place en me sortant du groupe."
• 23 mai 2009 : Gignac, maître buteur
Au Stade du Ray à Nice, André-Pierre Gignac règne en maître sur un match capital pour le Toulouse FC. Arrivé sur la pointe des pieds dans la Ville Rose lors de l'été, après avoir signé un pré-contrat au préalable avec Lille, l'attaquant peine à s'imposer lors de sa première saison en Haute-Garonne. La deuxième, désormais sous les ordres d'Alain Casanova, est d'une toute autre envergure. Titulaire indiscutable à la pointe de l'attaque des Violets, Gignac survole l'exercice. A Nice, il signe un doublé en première période pour atteindre les 24 buts en Ligue 1, de très loin le meilleur total pour un joueur du TFC en une saison dans l'élite. Meilleur buteur du championnat, il porte les siens à une quatrième place inespérée.
• 2 mai 2014 : Bielsa arrive à l'OM, l'acte de renaissance
Devenu international, André-Pierre Gignac change de carrure et passe de Toulouse à l'Olympique de Marseille au début de la saison 2010-2011. Sur la Canebière, les supporters ne lui laissent rien passer, ses périodes de disette, son style pas toujours flamboyant ou encore son état de forme physique. Pas de quoi faire flancher le joueur. Gignac travaille pour gagner sa place. Il devient indiscutable, tant par ses performances que pour son attachement au club et à son public. Le Vélodrome l'adopte réellement quand débarque Marcelo Bielsa sur le banc.
Avec "El Loco", le joueur découvre un nouveau football, une nouvelle culture. Ce jeu offensif à l'instinct, sans calcul, lui sied à merveille. Il signe sa meilleure saison à l'OM avec 21 buts (deuxième buteur de Ligue 1) et retrouve sa place en équipe de France sous Didier Deschamps, avec qui la relation à Marseille s'était mal terminée deux ans plus tôt. "Marseille se reconnaît en lui et l’aime. Ils sont de la même race, ils transforment la rébellion en grandeur", dira de lui Bielsa dans un documentaire Intérieur Sport de Canal +.
• 10 juillet 2016 : un poteau et une immense désillusion
L'aventure phocéenne de l'entraîneur argentin s'est arrêté soudainement, au moment même où le contrat de Gignac a pris fin. A 29 ans, malgré des propositions en Europe, il a pris la direction des Tigres de Monterrey, au Mexique. Aucun joueur tricolore n'a évolué en LigaMX depuis 19 ans et Amara Simba en 1996. Il est accueilli comme une superstar par des supporters en nombre à l'aéroport. On croit alors que ce départ met fin, au moins un temps, à son aventure en équipe de France. Il n'en est rien.
Didier Deschamps compte sur lui, son abnégation. Performant d'entrée au Mexique, Gignac conserve sa place dans le groupe des 23 pour l'Euro 2016 en France. Il participe à six des sept matches des Bleus, distribuant notamment une passe décisive à Dimitri Payet au Vélodrome, tout un symbole. Deschamps le lance en finale contre le Portugal en tant que remplaçant offensif de luxe. A une minute de la fin d'un match fermé, il élimine Pepe et pense tromper le gardien Rui Patricio. L'histoire est presque trop belle. Le poteau vient la sabrer, Eder l'achever en prolongations. A quelques centimètres de devenir le héros improbable de l'Hexagone, Gignac vit là sa dernière grande émotion en équipe de France, qu'il n'a plus connue depuis le 10 octobre 2016, trois mois seulement après cette action qui aurait pu tout changer.
• 23 novembre 2020 : Gignac dans l'histoire du foot mexicain
Contre Toluca, André-Pierre Gignac est déterminant dans la victoire des siens (2-1). Ce succès garantit aux Tigres une place en phase finale du Tournoi d'ouverture du championnat. Surtout, le Français signe un doublé pour l'histoire du football mexicain. Avec ses 124e et 125e buts, il devient le meilleur buteur européen dans l'histoire du championnat. La presse mexicaine se pose alors la question de savoir si le joueur de Monterrey n'est pas tout simplement le plus grand joueur étranger de l'existence de la LigaMX, voire le plus grand tout court. Gignac entre dans la légende du ballon rond dans un pays qui considère le football comme une religion.
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• 23 décembre 2020 : Grâce à Gignac, les Tigres sur le toit du continent
Efficace, spectaculaire, Gignac a pourtant longtemps peiné à emmener les Tigres au firmament : la Ligue des champions de la Concacaf, qui regroupe les meilleures formations d'Amérique du Nord, d'Amérique Centrale et des Caraïbes. La formation mexicaine a buté en finale à trois reprises avec sa star, impuissante (2016, 2017, 2019). L'affaire est mal embarquée contre le Los Angeles FC. Gignac peine à s'exprimer, gêné par une douleur à la cuisse qui a failli lui faire manquer la rencontre. Les Tigres sont menés peu après l'heure de jeu et dos au mur. Ils reviennent au courage à la 72e minute, avant l'explosion, une frappe de l'entrée de la surface de sa star "Guignac", comme on le prononce à Monterrey. "APG" remporte son premier trophée international et déroche le titre de joueur de la compétition en plus d'en être le meilleur buteur. Moins de deux mois plus tard, face à Gignac et les siens se dresse désormais le Bayern Munich, rouleau compresseur aux cinq titres sur cet exercice. Les Tigres n'auront rien à perdre dans cette finale de la Coupe du monde des clubs, et André-Pierre Gignac une nouvelle page de son histoire hors du commun à écrire.
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