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Mondial 2019 : un drapeau arc-en-ciel déployé pendant le match d'ouverture pour "promouvoir la visibilité des lesbiennes"

L'association Les Dégommeuses a déployé ce tifo lors du coup d'envoi du match France-Corée du Sud, pour dénoncer le sexisme et la lesbophobie dans le foot.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'association Les Dégommeuses a déployé un drapeau arc-en-ciel durant le match d'ouverture de la Coupe du monde féminine de football, à Paris, le 7 juin 2019. (LES DEGOMMEUSES)

Le club de foot Les Dégommeuses a déployé un drapeau arc-en-ciel dans les tribunes du Parc des Princes (Paris), vendredi 7 juin, à l'occasion du match d'ouverture de la Coupe du monde féminine de football. L'objectif ? "Contribuer à libérer la parole autour de l'homosexualité féminine", explique l'association, composée majoritairement de femmes lesbiennes et transgenres, dans un communiqué. Franceinfo a interrogé Marine Rome, co-présidente des Dégommeuses, au sujet de cette initiative.

Pourquoi avoir déployé ce drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT+, durant le match d'ouverture de la Coupe du monde féminine ?

Marine Rome : Nous avons décidé d'assister au match d'ouverture à cinquante. La moitié des Dégommeuses n'avait jamais mis les pieds dans un stade mais, en tant que footballeuses, nous voulions participer à ce moment particulier. L'objectif était de prolonger l'action de l'association à l'intérieur du Parc des Princes. En déployant ce drapeau arc-en-ciel, nous souhaitions promouvoir l'inclusivité et la visibilité des femmes lesbiennes et bisexuelles dans le foot.

Nous voulions aussi nous approprier la culture des tifos [des grandes animations visuelles déployées par les supporters dans les tribunes], même si c'est interdit durant les matchs de la Coupe du monde. Nous avons été applaudies, soutenues. Les gens nous ont envoyé des photos prises d'un peu partout dans le Parc des Princes... La réaction a été très positive. Tout comme l'ambiance, qui était bon enfant. C'était un magnifique match d'ouverture, dans un stade plein à craquer, avec beaucoup de femmes et de familles.

Dans votre communiqué, vous dénoncez l'invisibilisation des footballeuses lesbiennes et bisexuelles. Comment cela se manifeste-t-il en France ?

Aucune footballeuse française de haut niveau en activité n'est ouvertement lesbienne. Marinette Pichon n'a fait son coming out qu'une fois à la retraite. Il y a pourtant des joueuses out dans d'autres équipes qui participent à cette Coupe du monde, comme l'Australie ou la Suède. Celle des Etats-Unis compte même quatre athlètes ouvertement lesbiennes. Ce tabou montre qu'il existe une lesbophobie structurelle en France.

Cela se voit également dans la stratégie de communication autour des Bleues. On cherche à rassurer sur leur féminité, à montrer que ce sont de "vraies" femmes. En interview, Amandine Henry est par exemple interrogée sur sa vie privée et son conjoint, sur son positionnement en tant que femme. On lisse l'image de ces joueuses pour aller à l'encontre du cliché selon lequel toutes les footballeuses ressembleraient à des garçons. Chez Les Dégommeuses, nous pensons que les athlètes peuvent ressembler à ce qu'elles veulent, sur et en dehors du terrain.

En France, nous manquons de modèles pour les jeunes footballeuses. L'objectif des Dégommeuses est donc d'encourager les initiatives qui ne soumettent pas les joueuses à l'injonction d'être féminines, qui ne les ramènent pas toujours à leur genre, qui les montrent dans toute leur diversité. Les fédérations et les clubs doivent créer l'écosystème favorable pour que les footballeuses puissent être out.

Est-ce que vous avez prévu d'autres initiatives durant le Mondial ?

Oui, nous avons organisé plusieurs actions. Nous avons notamment lancé un appel international à création, en début d'année, pour représenter la diversité et la force des footballeuses. Nous avons reçu 150 propositions d'artistes, originaires de treize pays. Les meilleures sont exposées au Point Ephémère, jusqu'au 9 juin, mais aussi à la Maison de la Diversité, au village de la Coupe du monde (près des Halles) et dans les rues de Paris. Nous savons que lorsqu'on est une femme dans le foot, on ne nous donne pas d'espace. Alors il faut le prendre.

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