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L'article à lire pour tout savoir sur la Coupe du monde féminine de football

Vingt-quatre nations rêvent de "ramener la coupe à la maison" le 7 juillet prochain. Dont la France, pays organisateur pour la première fois de son histoire.

Article rédigé par franceinfo
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Des joueuses de toutes les nations représentées à la Coupe du monde féminine de football, lors de la présentation de la compétition, le 11 mars 2019 à Paris. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

"Je me rase la tête si on est championnes du monde." La Coupe du monde féminine de football a lieu du 7 juin au 7 juillet en France. Et autant vous dire d'emblée que cette huitième édition du Mondial féminin promet, et pas seulement parce qu'on a tous hâte de voir la joueuse française Sakina Karchaoui avec la boule à zéro. Plein de questions se posent autour de la compétition : on a notamment envie de savoir si les Bleues peuvent espérer imiter l'équipe de France masculine en obtenant leur premier sacre mondial à domicile ou si les Américaines remporteront leur quatrième étoile.

Ça fonctionne comme pour les hommes ?

Sur le principe, oui. Les 24 nations qualifiées pour la phase finale ont dû passer par des éliminatoires. Sauf la France, qui y a échappé puisqu'elle organise l'événement. Ensuite, le tournoi se déroule de la même manière : une phase de poules d'abord, puis huitièmes de finale, quarts de finale, demi-finales et enfin finale. Il y a quatre pays qui participent à la Coupe du monde pour la première fois (Chili, Ecosse, Jamaïque et Afrique du Sud) et deux pays qui reviennent après en avoir été privé en 2015 (Italie et Argentine).

Comme pour les hommes, la Coupe du monde féminine se déroule tous les quatre ans. La première édition, qui s'est tenue en 1991 en Chine, n'avait réuni que douze pays. Cette année, pour la huitième édition, il y a deux fois plus de nations (24). C'est seulement huit de moins que le tournoi masculin qui a eu lieu l'été dernier en Russie.

D'ailleurs, comme sur les pelouses russes, l'arbitrage vidéo – la fameuse VAR pour  "Video Assistant Referee" – sera utilisé sur les 52 matchs du Mondial féminin. C'est une première. La Fifa a fait le calcul : elle estime que "5 à 10 buts litigieux" seront examinés avec ce procédé.

Et la France a des chances de gagner ?

Disons que nos Bleues débarquent avec l'étiquette de pays organisateur. C'est souvent synonyme pour les grandes nations de favori à la victoire finale. Mais en huit éditions, un seul pays organisateur a réussi à s'imposer à domicile : les Etats-Unis, en 1999. 

C'est la troisième fois que la France participe à la Coupe du monde. Jusque-là, sa meilleure performance, c'est une quatrième place en 2011. Si on regarde de plus près, les Bleues devraient logiquement terminer en tête de leur groupe. La Norvège, la Corée du Sud et le Nigeria sont à leur portée.

C'est après que ça pourrait se gâter : si tout se passe bien, les Françaises devraient tomber sur les Américaines en quarts de finale. Or cette année encore la "Team USA", tenante du titre, fait partie des candidates sérieuses à la victoire finale avec le Brésil, le Japon, l'Angleterre et l'Allemagne. 

Mais avec son armada de Lyonnaises et de Parisiennes, l'équipe de France semble suffisamment mature pour réaliser quelque chose de bien. La sélectionneuse Corinne Diacre y croire dur comme fer.

On veut aller jusqu’au bout.

Corinne Diacre

en conférence de presse

L'ancienne internationale a quelques raisons d'espérer après les bons résultats obtenus lors des derniers matchs amicaux. On retiendra notamment la défaite infligée aux Etats-Unis (3-1) en janvier.

Quelles sont les stars à suivre ?

Soyons chauvins et commençons par nos Bleues. Eugénie Le Sommer devrait de nouveau être le cauchemar des gardiennes adverses. L'attaquante de l'Olympique lyonnais est la meilleure buteuse en activité des Bleues : 74 buts en 159 sélections. La native de Grasse pourrait bien égaler (voire dépasser) le record de 81 buts détenu jusque-là par Marinette Pichon. Il faudra aussi compter sur Amandine Henry (encore une Lyonnaise) qui est considérée comme l'une des meilleures milieux de terrain du monde.

Amandine Henry lors d'un match amical contre le Mexique à Amiens (Somme), le 1er septembre 2018. (FRANCK FIFE / AFP)

En plus des Françaises, une dizaine de joueuses devraient crever l'écran : la Japonaise Saki Kumagai, l'Allemande Dzsenifer Marozsán, l'Américaine Alex Morgan, la Brésilienne Marta Vieira da Silva, l'Australienne Samantha Kerr, la Canadienne Christine Sinclair, la Néerlandaise Lieke Martens, la Chinoise Wang Shuang et la Nigérianne Asisat Oshoala. En revanche, vous ne verrez pas la star norvégienne Ada Hegerberg : la Ballon d’or 2018 (et attaquante de Lyon) s'est mise en retrait de la sélection, en raison d'un conflit avec sa fédération.

Du coup, les arbitres et les coachs sont forcément des femmes ?

Concernant les arbitres, la réponse est oui. Depuis 1999, tous les matchs du Mondial féminin sont arbitrés par des femmes. Cette année, 27 arbitres sont présentes. Parmi elles, une Française, Stéphanie Frappart, qui a déjà officié en Ligue 1 masculine. Elle sera épaulée de Manuela Nicolosi, arbitre-assistante.

Pour les coachs, c'est différent. Moins de la moitié des équipes (9 sur 24) qui participent à ce Mondial 2019 sont entraînées par des femmes. Il s'agit de la France donc, mais aussi de l'Afrique du Sud, du Japon, de la Thaïlande, de l'Allemagne, de l'Ecosse, de l'Italie, des Pays-Bas et des Etats-Unis. Car les sélections n'ont aucune obligation de choisir une femme pour entraîner l'équipe féminine.

Il faut aussi dire les coachs femmes ne courent pas les rues. "Le sport a été construit autour d'une forme de sexisme", explique au Journal du dimanche Gilles Vieille-Marchiset, chercheur à l'université de Strasbourg. Historiquement, le sport reste très masculin, autant par les pratiques que dans l'encadrement."

Il a été prôné, au niveau de l'olympisme par Pierre de Coubertin, un aristocrate très en avance sur les questions pédagogiques mais très rétrograde en matière d'égalité homme/femme.

Gilles Vieille-Marchiset

dans "Le Journal du dimanche"

Malgré tout, les choses bougent un peu. Lors de la première édition de la Coupe du monde féminine en 1991, la Suède était la seule des 12 nations en lice à avoir une femme à sa tête.

Les footballeuses gagnent-elles aussi des millions ?

On en est très, très loin. Sollicitée par franceinfo, la Fédération française de football explique que le salaire mensuel moyen d'une footballeuse professionnelle en France est de 2 494 euros brut. A titre de comparaison, un joueur de Ligue 1 touche 73 000 euros par mois en moyenne.

Il y a malgré tout quelques exceptions, des arbres qui cachent la forêt : vainqueur des quatre dernières Ligue des champions féminines, l'Olympique lyonnais est actuellement le meilleur club de la planète et donc celui qui paie le mieux. La joueuse la mieux payée est la Norvégienne Ada Hegerberg : l'attaquante émarge à 400 000 euros annuels, de salaire brut et de primes cumulés. Suivent deux autres Lyonnaises : Amandine Henry (360 000 euros) et la capitaine Wendie Renard (348 000 euros).

Wendy Renard à la lutte avec l'Islandaise Dagny Brynjarsdottir, le 18 juillet 2017, à Tilburg (Pays-Bas).   (CARMEN JASPERSEN / DPA)

Aux Etats-Unis, l'écart de salaire entre footballeuses et footballeurs ne passe plus. Le 8 mars dernier, lors de la Journée internationale des droits des femmes, les championnes du monde en titre ont décidé de porter plainte contre leur propre fédération pour discrimination. Dans leur plainte, à laquelle franceinfo a eu accès, les joueuses font état d'une "disparité flagrante en matière de salaires" par rapport aux hommes mais aussi dans les moyens alloués pour "la préparation", "les entraînements" et "les soins médicaux". 

Pour revenir à nos moutons, chaque joueuse française toucherait 15 000 euros de prime en cas de victoire à la Coupe du monde, le 7 juillet. Il y a un an, les hommes de Didier Deschamps avaient reçu un chèque... de 400 000 euros.

Il y aura du monde dans les tribunes ?

Plutôt oui. A la veille de la compétition, jeudi 6 juin, Erwan Le Prévost, le patron du comité d'organisation, s'est félicité à l'AFP d'avoir dépassé les 950 000 billet vendus. "Les chiffres sont en train d'exploser", a-t-il ajouté. "C'est un incroyable succès." Mi-mai, alors que 770 000 places avaient déjà été vendues60% des places avaient été acquises en France. Les autres pays les plus actifs sur la billetterie sont les Etats-Unis (15%), les Pays-Bas (5%) et le Royaume-Uni (5%). 

Sept rencontres affichent complet depuis plusieurs semaines déjà. Parmi eux, le match d'ouverture France-Corée du Sud au Parc des Princes le 7 juin, les deux demi-finales les 2 et 3 juillet, et la finale le 7 juillet au Groupama Stadium de Lyon. Six autres matchs sont tout proches de faire le plein aussi. Néanmoins, si les rencontres de l'équipe de France se joueront à guichets fermés, d'autres vont nettement moins attirer les foules. "15 000 spectateurs pour un Cameroun-Pays-Bas à Valenciennes, ce serait déjà un énorme succès", estime Erwan Le Prévost, le patron du comité d'organisation dans les colonnes du Monde

On n'ira jamais chercher des gens, à une semaine de l’événement, s'il reste 3 000 places à remplir dans un stade. Il n’y aura pas de maquillage.

Erwan Le Prévost

dans "Le Monde"

Une chose est sûre en revanche, le record d'affluence pour un match de Coupe du monde féminine ne sera pas battu en France. Le Groupama Stadium de Lyon, qui est le plus gros stade mobilisé pour la compétition, ne peut accueillir "que" 60 000 personnes. On est loin des 90 185 supporters qui s'étaient rassemblés au Rose Bowl de Pasadena, le 10 juillet 1999, pour la finale Etats-Unis-Chine.

Et comment faire pour suivre les matchs ?

En France, trois chaînes se partagent la retransmission des matchs de cette Coupe du monde. C'est TF1 qui a acquis les droits de la compétition, certaines rencontrent seront également diffusées sur TMC, une des chaînes du groupe. Mais elles ne retransmettront pas l'intégralité des rencontres : seules 25 (sur 52) seront accessibles en clair. Pour tout voir, il faut être abonné à Canal+ qui retransmettra les matchs sur sa chaîne principale, sur Canal+ Sport ou sur Canal+ Décalé.

Dans le détail, TF1 diffusera tous les matchs de l'équipe de France, donc a minima les matchs de groupes France-Corée du Sud (vendredi 7 juin à 21 heures), France-Norvège (mercredi 12 juin à 21 heures) et Nigeria-France (lundi 17 juin à 21 heures). Si les Bleues se qualifient, la chaîne continuera à diffuser les rencontres des Françaises.

TMC de son côté diffusera 8 matchs de la phase de groupes : Espagne-Afrique du Sud (le 8 juin à 18 heures), Angleterre-Ecosse (le 9 juin à 18 heures), Angleterre-Argentine (le 14 juin à 21 heures), Canada-Nouvelle-Zélande (le 15 juin à 21 heures), Etats-Unis-Chili (le 16 juin à 15 heures), Italie-Brésil (le 18 juin à 21 heures), Japon-Angleterre (le 19 juin à 21 heures) et Suède-Etats-Unis (le 20 juin à 21 heures).

Pour tout savoir sur les horaires et les diffusions, vous pouvez vous rendre sur le site officiel de la Fifa.

Niveau sécurité, c'est aussi surveillé qu'une Coupe du monde masculine ?

Il faut plutôt comparer avec l'Euro 2016 de football qui a eu lieu en France. Le comité d’organisation a d'ailleurs pris comme modèle ce qui avait été mis en place à l'époque en matière de sécurité. "Le contexte n’a pas changé depuis le 13 novembre 2015 et France-Allemagne. Tout le monde a pris conscience que le stade pouvait être le lieu de la pire des expressions, des revendications", observErwan Le Prévost, le patron du comité d'organisation, toujours dans les colonnes du Monde.

Cette fois-ci, il n'y aura pas de fan zone dans les neuf villes qui vont accueillir des rencontres (Grenoble, Le Havre, Lyon, Montpellier, Nice, Paris, Reims, Rennes et Valenciennes). Il y a deux ans, leur sécurisation avait donné beaucoup de tracas aux municipalités. "Il y aura des villages d’animation, comme la place de la Comédie à Montpellier ou près des Halles à Paris, qui seront des lieux ouverts, de passage, avec des barrières pour gérer les flux et sécuriser les personnes. On ne prendra pas le Champ-de-Mars, par exemple", poursuit Erwan Le Prévost. Au moment d'écrire ces lignes, le ministère de l'Intérieur n'avait pas encore détaillé le dispositif complet de sécurité.

J'ai eu la flemme de tout lire, vous me faites un résumé ?

Un an après les hommes, l'équipe de France féminine veut à son tour "ramener la coupe à la maison". Les Bleues, qui n'ont jamais fait mieux qu'une demi-finale en Coupe du monde, font partie des favorites cette année. Il faudra quand même se méfier des Etats-Unis, du Brésil, du Japon, de l'Angleterre et de l'Allemagne. Les joueuses de Corinne Diacre ont quand même un sacré avantage : elles joueront à domicile. Ce qui veut dire qu'elles pourront compter sur le soutien de leurs supporters qui vont largement garnir les stades. Le gros des places a d'ailleurs déjà été vendu. Mais il en reste encore à vendre. Pour la finale, en revanche, c'est râpé. Avec ou sans la France, lGroupama Stadium de Lyon affichera complet le soir du 7 juillet.

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