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Saint-Etienne – PSG : Le boycott à contre-cœur du peuple vert

Ce vendredi, l’AS Saint-Etienne aura fort à faire contre le Paris Saint-Germain à l’occasion de la finale de Coupe de France. Déjà parce que le champion de France, porté par ses nombreuses stars, ne réussit plus vraiment aux Verts depuis plusieurs saisons. Mais aussi parce que l’ASSE ne sera pas, exceptionnellement, soutenue par ses fans. Les groupes de supporters stéphanois, à l’instar des Ultras parisiens, ont en effet décidé de boycotter cette finale qu’ils attendaient pourtant depuis près de 40 ans. Un choix très difficile, mais qui leur semblait inéluctable.
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Il y a sept ans, pour la finale de Coupe de la Ligue opposant Saint-Etienne au Stade Rennais, une marée verte avait déferlé sur le Stade de France. Le club stéphanois avait reçu plus de 450 000 demandes de places, soit beaucoup plus que les 50 000 présents à Saint-Denis ce 20 avril 2013. La victoire avait alors plongé le club, et tous ses fervents supporters, dans une liesse indescriptible. Mais malheureusement, le Covid-19 et ses conséquences ne leur permettront pas de vivre cette nouvelle finale en son cœur : les supporters stéphanois se sont mis d’accord avec le club pour ne pas se rendre au Stade de France.

Puel et ses joueurs compréhensifs

La Fédération Française de Football, qui régit la finale de Coupe de France, devait attribuer 900 places aux groupes de supporters (stéphanois et parisiens, ndlr). Dérisoire face à la demande que peut susciter un tel événement dans le Forez, d’autant plus que le protocole sanitaire interdit également tout contact entre fans qui ne sont pas venus ensemble. Tant de raisons qui ont ainsi poussé les supporters stéphanois – et parisiens – à se passer d’un moment potentiellement historique. Une décision parfaitement légitime pour le manager général stéphanois, Claude Puel : "Je comprends les supporters. Je comprends complètement leur décision car 5000 supporters au Stade de France, pour nos fans, c’est comme s’il n’y en avait pas." Même son de cloche chez tous les joueurs que l’on a pu interroger sur la question (Loïc Perrin, Mathieu Debuchy, Denis Bouanga et enfin Jean-Philippe Krasso, ndlr).

Pour Stéphanie*, abonnée dans le Kop Nord (tribune des Magic Fans 91, ndlr) de Geoffroy-Guichard, c’était une "décision logique et qui était inéluctable". "Le nombre de billets accordés à chaque club - moins de 1000 - était trop faible", précise-t-elle. "Même en supposant que l'ASSE réserve ces places aux différents groupes de supporters, comment choisir seulement 200 membres de chaque groupe ?" Dans leur communiqué commun datant du 10 juillet, les différents groupes de supporters s’étaient en effet montrés très clairs : "Avec 900 places pour les supporters stéphanois et des conditions sanitaires impossibles à respecter, nous avons décidé à contre-cœur qu’aucun des cinq groupes de l’AS Saint-Etienne n’ira supporter les Verts à Saint-Denis."

Une fête déjà gâchée ?

Less conséquences de cette décision sont pourtant difficiles à encaisser pour les fans du club Forezien. Une forme d’amertume s’est même installée. "On l'attendait tous depuis des décennies... Mais la situation sanitaire prime", nous confie Stéphanie, lucide, mais presque désabusée avant d’aller plus loin : "À mon sens, la finale n'aurait même pas dû se jouer. L'arrêt du championnat était une bonne décision à l'instant T, et l'est toujours aujourd'hui malgré la reprise des autres championnats européens. La stabilisation de la situation sanitaire prime, pas le football.David*, fidèle Magic Fans depuis 2014, tire dans le même sens mais vit très mal le fait qu’il ne pourra pas encourager ses Verts le jour-J : "C’est horrible. Cela me ronge depuis un bon moment. Même si je suis bien conscient que nous avons fait le bon choix de ne pas aller là-bas, je n’arrive pas à accepter le fait que nous ne serons pas là pour eux. Pour chanter à pleine voix comme nous aimons, et avons l’habitude de le faire."

De son côté, Yoël, membre actif des Green Angels 92, sera à Saint-Etienne, dans son bar habituel, pour encourager son équipe de cœur, avec une grosse frustration ancrée en lui : "Cela fait 40 ans que l’on attendait ça. Pour la Coupe de la Ligue, en 2013, je n’avais pas pu y monter donc c’était encore plus motivant pour moi d’aller au Stade de France." Fidèle du Kop Sud depuis plus de 12 ans, Yoël ne comprend pas forcément pourquoi le match a été maintenu au Stade de France : "Ils auraient pu décaler la finale dans un autre stade car ça va sonner creux là-haut. Cela va faire bizarre ! Ils auraient pu trouver une enceinte plus petite, près de Paris, au Parc des Princes, ou dans le stade du Red Star comme ils voulaient à tout prix l’organiser en région parisienne."
 

"Je ne crois pas à une victoire, mais on peut peut-être espérer que Paris ait la tête à la Ligue des Champions..."

L’AS Saint-Etienne se trouve orpheline de ses supporters. S’il ne fait aucun doute que les joueurs stéphanois et Claude Puel sauront trouver des sources de motivation, il va sans dire que les Verts ne sont plus vraiment les mêmes sans leurs Ultras. Un élément qui pourrait aussi rentrer en compte durant le match face à la meilleure équipe de France. Pour Stéphanie, c’est même une mission quasi-impossible : "Je ne crois pas à une victoire, mais on peut peut-être espérer que Paris ait la tête à la Ligue des Champions." "Ah oui ça va être très difficile pour les joueurs", confirme Yoël, "surtout pour une finale de Coupe de France, pour nous les supporters, c’est la Coupe à gagner ! Donc on a tendance à donner encore plus. Mais là, sans les 25 à 30 000 supporters minimum des Verts, ça sera encore plus difficile pour les joueurs." 

À eux, donc, de rendre la pareille à leurs fidèles supporters. Si ces derniers ne feront pas le déplacement jusqu’à Paris ce vendredi, ils seront devant leur télévision pour espérer l’exploit de leurs protégés. Loïc Perrin, l’emblématique capitaine des Verts, en a bien conscience : "C’est un titre au bout. En ayant gagné la Coupe de la Ligue en 2013, je vois ce que ça représente de gagner un titre à Saint-Etienne. Ça marque à vie."

* : préférant garder l'anonymat, et à leur demande, Stéphanie et David ne sont pas leur vrai prénom.

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