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Scandale de la Fifa : Sepp Blatter pointe du doigt Platini, l'Europe et Sarkozy

Dans une interview accordée à une agence russe, le président démissionnaire de la Fifa a multiplié les contre-attaques foudroyantes.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président démissionnaire de la Fifa, Sepp Blatter, le 25 juillet 2015 à Saint-Pétersbourg (Russie). (SERGEY GUNEEV / RIA NOVOSTI / AFP)

C'est un homme qui se présente comme un bouc émissaire du scandale de corruption qui secoue la Fifa depuis cinq mois qui a répondu sans retenue aux questions de l'agence russe Tass. Dans cette interview publiée mercredi 28 octobre, Sepp Blatter, le président démissionnaire de la fédération internationale de football, suspendu de ses fonctions jusqu'au 8 janvier, refuse d'endosser une quelconque responsabilité. Il pointe ceux qui sont selon lui responsables du séisme qui fait trembler le foot mondial.

Michel Platini "voulait diriger"

Pour Sepp Blatter, le principal artisan de sa chute est l'ancien numéro 10 des Bleus, Michel Platini. Interrogé sur les raisons qui auraient poussé le Français à vouloir l'écarter, Blatter répond : "Parce qu'il voulait devenir président de la Fifa." Une ambition dévorante qui est à l'origine des problèmes de la fédération selon le président démissionnaire : "Au début, c'était seulement une attaque personnelle. C'était Platini contre moi. Mais, après, c'est devenu politique. (...) C'était alors ceux qui ont perdu la Coupe du monde aux Etats-Unis contre ceux qui ont gagné celle au Qatar (en 2022). Mais vous ne pouvez pas détruire la Fifa."

Sepp Blatter sous-entend ici que Michel Platini a été l'instrument des pays qui n'ont pas réussi à obtenir l'organisation de la Coupe du monde 2022. Et le Suisse a la dent dure contre son ancien ami. Selon lui, le Français "n'a pas eu le courage de se présenter pour devenir président" de la Fifa en mai dernier. "Et maintenant nous en sommes là ! La victime de tout ça, finalement, c'est Platini", ironise le président, en référence à la suspension qui vise aujourd'hui le dirigeant français.

Blatter confirme au passage avoir bien fait verser de l'argent à Michel Platini, en reconnaissance d'une dette liée au travail que l'ancien footballeur a effectué au sein de la Fifa entre 1998 et 2002. "L'un des principes que je me suis fixés dans la vie est que, si vous devez de l'argent à quelqu'un, alors vous devez le payer." Il charge une dernière fois le Français quand on lui demande à quoi ressemblerait le meilleur candidat à sa succession. "Quelqu'un qui essaie de continuer à aller vers le développement du football. Je crois que la plupart des candidats le veulent, à l'exception de Platini."

Les Européens sont atteints du "virus anti-Fifa"

Depuis quarante ans, une maladie contagieuse sévit à l'intérieur du football européen selon Sepp Blatter : le "virus anti-Fifa". "Depuis trois ans, l'UEFA ne voulait plus de moi comme président de la Fifa, affirme le dirigeant suisse. Mais les autres confédérations, elles, étaient avec moi." Il assure également que, "quand l'UEFA a décidé qu'elle ne voulait plus de moi, elle ne se doutait pas qu'elle allait déclencher un scandale politique d'une telle importance".

Estimant que des forces "politiques" sont derrière sa chute, il pointe du doigt l'Union européenne. D'après lui, le Parlement européen a d'abord décidé que "Blatter ne devait pas être élu" puisque, malgré son élection, "il devait s'en aller". "La Coupe du monde de football et le président de la Fifa ne sont qu'un ballon au milieu du jeu des grandes puissances", analyse le Suisse.

Il pointe également du doigt les Anglais, qui demandent la suspension de l'organisation du Mondial 2018 en Russie, les qualifiant de "mauvais perdants" : "En Angleterre, ils ont inventé ce jeu magnifique. Ils ont créé le fair-play. Mais [lors du vote pour 2018], il n'y a eu qu'une voix pour l'Angleterre. Personne ne voulait de l'Angleterre."

La rencontre entre Sarkozy et le prince du Qatar "a tout changé"

Sepp Blatter en est sûr, le vote pour l'attribution du Mondial 2022 a été l'objet de tractations impliquant directement Nicolas Sarkozy. Selon lui, en 2010, tout le monde était d'accord pour confier une Coupe du monde à la Russie, puis de "revenir en Amérique en 2022", pour contenter "les deux plus grosses puissances politiques". "Tout allait bien jusqu'au moment où Sarkozy a rencontré le prince du Qatar, affirme Sepp Blatter. Et, juste après un dîner avec M. Platini, [le président français] a dit que ce serait bien que [la Coupe du monde] aille au Qatar. Et ça a tout changé."

D'après Sepp Blatter, lors du vote à bulletin secret, quatre voix européennes promises à la candidature américaine se sont alors portées sur le Qatar, qui a remporté le vote par 14 voix contre 8. "Si on avait donné ces quatre votes aux Etats-Unis, ça aurait fait 12-10 [pour la candidature américaine]. Et, si l'Amérique avait eu la Coupe du monde, on ne parlerait pas aujourd'hui de problèmes à la Fifa."

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