C'est aussi ça, la Ligue des champions
Qu'ont en commun Cluj, Nordsjaelland ou Borisov ? Ils sont engagés dans la plus prestigieuse Coupe d'Europe, mais vivent à des années-lumières du Barça, de Chelsea ou du Real.
FOOT - La Ligue des champions, ça n'est pas que le Real Madrid et ses stars, l'incroyable public du Borussia Dortmund, le clinquant des recrues du PSG ou le maillot façon torchon de Manchester United. C'est aussi des clubs moins connus, mais dont l'histoire vaut le détour...
Le Dynamo Kiev, champion des tests
"Nous n'avons pas besoin de Ronaldo." Cette déclaration de l'entraîneur du Dynamo Kiev, Valeri Lobanovski, en conférence de presse en 1999, pourrait presque devenir la devise du club. Contrairement à son voisin du Chakhtior Donetsk, le Dynamo Kiev n'a pas à sa tête un oligarque pour financer des transferts somptuaires. Avec ses 35 millions d'euros de budget, le club de la capitale ukrainienne doit se contenter d'excellents joueurs locaux et de l'utilisation poussée des statistiques. Une tradition maison. Au Dynamo, tous les joueurs subissent une batterie de tests physiques et informatiques sur leurs réflexes, leur intelligence, leur réactivité.
L'entraîneur de légende Valeri Lobanovski avait coutume de dire : "Une équipe qui fait moins de 18% d'erreurs est imbattable", raconte Simon Kuper dans son livre Soccer Against the Enemy (en anglais). Chaque match du Dynamo était disséqué par une armée de statisticiens qui notaient chaque joueur selon des catégories très précises et avec trois décimales après la virgule. Aujourd'hui, dans toute l'Europe, des académies copient ces méthodes, raconte la BBC (lien en anglais), et le Dynamo Kiev n'est plus que l'ombre de lui-même. En témoigne sa lourde défaite, mardi, contre le PSG (4-1). Signe de ce lointain passé, la statue de Lobanovski, mort au début des années 2000, trône à l'entrée du stade.
Le CFR Cluj, bienvenue au FC voitures d'occase
La ville roumaine de Cluj, située à l'ouest du pays, n'était pas vraiment un bastion du football avant que l'homme d'affaires Arpad Paszkany ne reprenne le club. Paszkany, c'est le roi de la voiture d'occasion à Cluj. Le roi du club d'occasion aussi. L'homme d'affaires a failli investir dans l'autre club de Cluj, Universitatea, avant de changer d'avis à cause des supporters du club qui le trouvaient "trop hongrois", raconte le site spécialisé When Saturday Comes (lien en anglais). Dommage pour eux.
En quelques années, grâce à un recrutement tous azimuts, le CFR Cluj passe de la 3e division à la première place de l'élite roumaine (en 2008), dépoussiérant une armoire à trophées qui n'avait pas servi depuis une coupe de Transylvanie décrochée en 1911. A l'époque, Cluj ne faisait d'ailleurs pas encore partie de la Roumanie (elle était située dans l'empire austro-hongrois).
Après 2008, le club a enchaîné avec plusieurs titres de champion, ce qui lui vaudra le surnom de "Chelsea de Roumanie". Les accusations de trafic d'influence contre le propriétaire du club, la corruption ambiante en Roumanie (voir cet article édifiant des Cahiers du Football) n'y feront rien : Cluj est le club phare de la fin des années 2000 dans le pays. Moralité : les oligarques ne se trouvent pas que dans les clubs anglais ou russes.
Le FC Nordsjaelland, vive le système D
Ce petit club danois est un peu le Montpellier scandinave. Après onze ans d'existence, il a décroché cette année son premier titre de champion du Danemark. Petit poucet de la compétition, il va découvrir la Ligue des champions dans un groupe difficile avec Chelsea, tenant du titre, et la Juventus de Turin. Pas évident quand on représente la plus petite ville engagée dans la compétition, Farum et ses 18 000 habitants !
Rien que dans le championnat danois, le FC Nordsjaelland fait figure de menu fretin avec le 9e budget des 12 équipes engagées en D1, et ses 5 000 malheureux supporters. L'unique force de cette équipe, dont le jeu rappelle celui du FC Barcelone, d'après le site de l'UEFA, c'est son réseau de clubs locaux qui l'aident à détecter les jeunes talents contre monnaie sonnante et trébuchante, raconte le blog The Ball is round (en anglais). Le système D contre les budgets à sept chiffres, en quelque sorte.
Le BATE Borisov, petit cousin du FC Pyongyang
Ah, les charmes de la Biélorussie ! Renan Bressan, l'attaquant brésilien devenu biélorusse du BATE Borisov, résume dans Nord-Eclair la vie d'un footballeur là-bas : "J'ai eu beaucoup de mal avec le froid, la nourriture, la langue." Heureusement qu'il reste le foot. Depuis 2008, ce club, six fois champion de Biélorussie consécutivement, est devenu un habitué des joutes européennes. Il a notamment tenu en échec la Juventus ou le PSG.
Ce succès a un prix. Dans un pays dont le régime politique fleure bon l'Union soviétique, où l'inflation a frôlé les 90% l'an passé, rassembler quelques millions d'euros pour une équipe de football n'est pas facile. Le président du club dirige aussi la Borisov factory of automobile and tractor electrical equipment (d'où le BATE, sachant qu'il y a deux équipes de fabricants de tracteurs dans les onze équipes du championnat biélorusse). Il a monnayé son soutien au président Lukachenko, considéré comme "le dernier dictateur d'Europe". Monnaie d'échange : un stade flambant neuf à 20 millions de dollars, note Radio Free Europe (en anglais). Attention au traquenard pour Lille, adversaire du BATE en phase de poules.
Ajoutez à cela le Dynamo Zagreb, qui avait déjà fait parler de lui pour sa défaite suspecte 7-1 contre Lyon et Braga et son stade à flanc de falaise, et vous aurez une autre vision de la plus grande compétition du foot européen.
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