CAN 2024 : Emilio Nsue, l'enfant de Majorque devenu star de la Guinée équatoriale et actuel meilleur buteur de la compétition

Parfois défenseur, le capitaine de la Guinée équatoriale est, avant les huitièmes de finale, l'actuel meilleur buteur de la compétition devant les stars que sont Mohamed Salah, Sadio Mané et Victor Osimhen.
Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Emilio Nsue célèbre le premier de ses trois buts avec la Guinée équatoriale contre la Guinée-Bissau à la CAN, le 18 janvier 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

Une Coupe d'Afrique des nations qui voit une partie des sélections les plus attendues passer à côté de leurs objectifs laisse forcément de la place à des visages insoupçonnés pour briller. A l'heure des huitièmes de finale, les éliminations précoces de l'Algérie, de la Tunisie et le repêchage miraculeux de la Côte d'Ivoire accaparent encore la lumière médiatique, mais n'éclipsent pas totalement la sensation de ce début d'édition : l'éclatante compétition d'Emilio Nsue et de la Guinée équatoriale.

Trois matchs, cinq buts, dont un triplé contre la Guinée-Bissau et un doublé contre la Côte d'Ivoire. Le capitaine du "Nzalang Nacional" est tout simplement l'actuel meilleur buteur de la CAN. Etonnant pour ce joueur de 34 ans qui a passé sa carrière à osciller entre plusieurs postes, jouant majoritairement défenseur latéral. Numéro 10 floqué sur le dos, c'est dans le rôle d'attaquant de pointe qu'il évolue en sélection. Il en est d'ailleurs le meilleur buteur historique avec 22 réalisations.

Une trajectoire unique

Pas de quoi s'enflammer pour celui qui traîne derrière lui une longue carrière professionnelle en Europe, de l'Espagne à l'Angleterre, en passant par Chypre et la Bosnie-Herzégovine. "On ne va pas se mettre à penser que parce qu'on a battu la Côte d'Ivoire (4-0) on va gagner le tournoi", a-t-il tempéré avant de se projeter sur le huitième de finale qui oppose son équipe à la Guinée dimanche (18h). Ce n'est pas comme si la Guinée-équatoriale en était à son coup d'essai.

Ce petit pays de 1,6 million d'habitants s'est systématiquement qualifié pour la phase à élimination directe à chaque fois qu'il a participé à la CAN, avec une demi-finale en 2015 et deux quarts de finale en 2012 et 2021. Emilio Nsue était des trois plus récentes et est l'un des trois visages les plus remarqués de sa sélection aux côtés de l'ailier de poche Iban Salvador et de l'absent pour blessure Pedro Obiang, bien connu de la Serie A et de la Premier League.

"A 34 ans, je me sens meilleur que jamais", s'est félicité l'intéressé dans une interview à l'AFP, jeudi. Sa joie est décuplée par le contraste déjà net avec sa dernière participation à la CAN. "Quand j'avais une occasion, je la ratais (...). J'étais bon pour la retraite", se souvient celui qui était à cette époque au chômage et avait dû "s'entraîner seul" pour faire le déplacement au Cameroun. La trajectoire d'Emilio Nsue n'a de toute façon jamais été rectiligne. Il ne porte les couleurs de la Guinée-Bissau que depuis 2013. Un choix qu'il a fait après avoir été sélectionné par l'Espagne dans toutes les catégories de jeunes de U16 aux Espoirs, avec lesquels il a été titré champion d'Europe en 2011, aux côtés de Thiago Alcantara, Jordi Alba ou encore David De Gea.

"Ils m'ont accueilli comme si j'étais Cristiano Ronaldo"

"J'ai beaucoup insisté [pour qu'il joue avec la Guinée équatoriale], confie son ancien coéquipier à Majorque (2010-2011) Pierre Webo, lui-même ex-international camerounais. Il ne voulait pas y aller au départ, mais il avait ce doute. Moi j'allais et je revenais de l'équipe nationale du Cameroun. Il voulait à chaque fois savoir comment ça s'était passé". Nsue a espéré jusqu'au dernier moment faire partie de l'équipe olympique espagnole lors des Jeux de Londres en 2012, en vain. Ce n'est qu'après avoir décliné la première approche de la sélection africaine, que l'enfant de Majorque a rejoint la patrie de son père, en mars 2013.

"C'est le même garçon que j'ai connu il y a de ça très longtemps. Il a beaucoup d'énergie. Il est toujours positif. C'est celui qui met la joie dans le vestiaire. Il sait lever la voix quand il faut le faire. C'était déjà le cas quand il était tout jeune. Il a ce leadership dans le sang."

Pierre Webo, ex-coéquipier d'Emilio Nsue

à Franceinfo: sport

"Des années plus tard, on s'est vu à Majorque et il m'a confié que c'était une des meilleures décisions qu'il avait prises dans sa carrière", se réjouit Pierre Webo qui éprouve "beaucoup d'affection" pour le joueur qu'il a pris sous son aile il y a presque 15 ans. Nsue se souvient très bien de sa première arrivée sur le sol national en tant que joueur équato-guinéen : "Ils m'ont accueilli à l'aéroport comme si j'étais Cristiano Ronaldo. Qu'un joueur de Liga vienne jouer à une époque où on perdait tous les matchs... Là, je me sentais vraiment comme un dieu".

Tout n'a pas très bien commencé pour lui sous ses nouvelles couleurs puisque sa première sélection a coûté une défaite sur tapis vert à la Guinée équatoriale parce qu'il n'avait pas encore réuni tous les documents nécessaires. Sur le terrain, il avait pourtant débuté par un triplé contre le Cap-Vert dans une victoire 4-3. Les planètes se sont alignées depuis et l'actuel pensionnaire d'Intercity, un club de 3e division espagnole, a l'occasion, dimanche contre la Guinée, de faire durer la meilleure période de sa carrière.

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