Bastia-OL : En Corse, la "connivence entre les staffs de sécurité et les supporters favorise ce genre de débordements"
Pour Franck Berteau, journaliste et auteur du "Dictionnaire des Supporters", les violences qui ont interrompu le match Bastia-OL dimanche sont "propre[s] au contexte corse".
Plusieurs joueurs lyonnais ont été victimes de violences, notamment de la part de supporters corses, avant la rencontre et à la mi-temps du match contre Bastia dimanche 16 avril. Trois joueurs lyonnais ont été légèrement blessés, et deux d'entre eux ont porté plainte.
Pour Franck Berteau, journaliste et auteur du Dictionnaire des Supporters, a estimé sur franceinfo qu'une telle situation "est propre au contexte corse". Pour lui, "on a dans les stades corses, et à Furiani en l'occurrence, une sorte de connivence entre les staffs de sécurité et les supporters qui favorise de ce genre de débordements". Selon lui, "Il y a un accès au terrain qui est plus aisé pour les supporters qui veulent poser problème".
franceinfo : Comment de tels débordements sont-ils possibles au cours d'un match qui est censé être surveillé, encadré, sécurisé ?
Franck Berteau : Ce qui s'est passé hier soir est propre au contexte corse. On a dans les stades corses, et à Furiani en l'occurrence, une sorte de connivence entre les staffs de sécurité et les supporters. Cette connivence génère un contexte très permissif, beaucoup plus que dans d'autres stades de Ligue 1 et européens. Ce contexte favorise ce genre de débordements.
Pourquoi le service de sécurité du stade n'a fait que replacer les mêmes spectateurs à leurs places après les premiers débordements ?
Ce contexte permissif est global et généralisable à l'ensemble des rencontres. Ça se passe souvent comme ça à Furiani. Il y a un accès au terrain qui est plus aisé pour les supporters qui veulent poser problème, notamment ceux qui veulent en découdre, dans des contextes particuliers comme celui-ci. On peut se rappeler du match aller qui avait été très houleux au Parc OL. Donc il y avait un peu une volonté de certains supporters de se venger. Avec ce contexte permissif, ils ont la capacité d'accéder au terrain beaucoup plus simplement que dans d'autres stades.
Le milieu du football tolère-t-il une certaine violence ?
On ne peut parler de tolérance, le club bastiais et les supporters bastiais sont très régulièrement sanctionnés, par des sanctions comme des matches à huis clos, des sanctions financières. Ce qu'il faut noter, c'est qu'on a en France tout l'attirail législatif nécessaire pour empêcher les individus qui posent problème de nuire. Il y a des interdictions administratives et judiciaires de stade, ou des interdictions de déplacement. Le problème c'est qu'on est en retard sur le volet préventif sur lequel des pays comme l'Allemagne sont plus en avance. L'UEFA oblige depuis des années tous les clubs à avoir un référent-supporter chargé de faire le lien entre supporters, dirigeants, forces de l'ordre et staffs de sécurité. En Allemagne, dans tous les clubs, on a un référent-supporter. En France ce n'est pas encore le cas dans tous les clubs. La loi Larrivé de l'année dernière sur l'encadrement des supporters oblige les clubs à respecter ce règlement mais c'est tout neuf. Ce volet répressif est nécessaire mais on ne peut pas que réagir à des événements comme ceux de Bastia. Il faut aussi penser des politiques intelligentes sur le long terme et travailler là-dessus tout au long de l'année pour que ces images-là ne se reproduisent plus.
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