Ballon d’or 2023 : Lionel Messi, un implacable 8e sacre en forme de crépuscule
Comme une évidence. Comme un air de déjà-vu, qui dure maintenant depuis 2009. Quatorze ans après son premier sacre au Ballon d’or, Lionel Messi a remporté pour la 8e fois la consécration ultime, lundi 30 octobre. Quand tout joueur de football rêve d'en remporter un et n'y parvient généralement jamais, l'Argentin avait déjà accumulé sept merveilles. Il vient d’en ajouter une huitième à sa collection au terme d’une saison qui l’a vu accomplir son rêve à lui : soulever la Coupe du monde.
L’histoire retiendra que c’est à Paris, où il a confié "ne pas avoir été heureux" pendant deux ans avec le PSG entre 2021 et 2023, que Lionel Messi a remporté ce nouveau sacre. Au théâtre du Châtelet, dont il connaît désormais les moindres recoins, l’Argentin est devenu le premier joueur à remporter le Ballon d’or au terme d’une saison complète passée avec le club de la capitale.
Ces dernières semaines, à l'approche de la cérémonie, tous les observateurs ont livré leur pronostic et dévoilé leur favori pour la victoire finale. Sur les réseaux sociaux, certains ont raillé le peu d’implication montré sur le terrain par Lionel Messi avec l’Inter Miami, son nouveau club depuis cet été. Ce n’est pourtant pas pour le début de la saison actuelle que l’Argentin a été sacré, mais pour l'ensemble de la précédente.
La Coupe du monde, l'atout ultime
Ces dernières saisons, plusieurs Ballons d’or remportés par l'Argentin ont été contestés. Par lassitude, parfois, et parce que certains joueurs auraient également mérité de le remporter, comme Wesley Sneijder en 2010, un Espagnol en 2010 ou 2012, ou Robert Lewandowski en 2021. Souvent, ses statistiques extraordinaires et sa magie lui ont suffi pour écarter ses concurrents, et des collectifs où aucune individualité ne se démarquait assez, car ces derniers n’opéraient pas sur la même planète.
Le 8e Ballon d’or du numéro 10 argentin ne souffre d’aucune contestation. Invité par Téléfoot à donner son avis sur le futur lauréat, Eden Hazard, virtuose récemment retraité, résumait bien la situation : "Ça ne serait pas logique de ne pas donner le Ballon d’or au meilleur joueur de l’histoire, une année où il gagne la Coupe du monde. C’est maintenant qu’il doit l’avoir." D’autant que Messi n’a pas seulement remporté la Coupe du monde. Il est allé la chercher.
Erling Haaland (2e) et Kylian Mbappé (3e) avaient évidemment des arguments de poids pour remporter le Ballon d’or cette année, mais Lionel Messi possède l’atout ultime. Un Mondial, dont il a terminé meilleur joueur et deuxième meilleur buteur, remporté en finale face à la France, tenante du titre. Un rôle de capitaine qui l’a vu, face à l’enjeu, se transformer en meneur exalté d’une meute d’Argentins enragés. Et un storytelling, celui d’un des meilleurs joueurs de l’histoire qui a atteint l'objectif de sa carrière à 35 ans.
Absent des 30 joueurs nommés pour le Ballon d’or l’an dernier, Lionel Messi est donc réapparu dans la liste avec fracas en 2023, pour devenir le premier, depuis Fabio Cannavaro en 2006, à remporter le trophée et la Coupe du monde la même année. Le génie argentin est désormais loin devant Cristiano Ronaldo, qui l'avait égalé en 2017 avec cinq Ballons d’Or de chaque côté. Ce huitième sacre devrait cependant être le dernier de la Pulga.
La nouvelle génération va prendre le relais
En quittant le PSG pour l’Inter Miami l’été dernier, Lionel Messi a - pour l'instant - dit adieu au football de club de très haut niveau. L’Argentin, qui avait annoncé au Qatar qu’il disputait sa dernière Coupe du monde, devrait jouer la Copa América l’été prochain avec l'Albiceleste. Mais sans performance majeure en Coupe d’Europe, une victoire dans la compétition sud-américaine n’apparaît pas suffisante pour remporter le Ballon d’or.
L’impatiente nouvelle génération, incarnée par Erling Haaland, Kylian Mbappé, Jude Bellingham ou Vinicius Jr, va désormais pouvoir prendre le relais. Certainement dès la saison prochaine, alors que seuls Luka Modric en 2018 et Karim Benzema en 2022 avaient réussi à s'immiscer dans le duel entre Cristiano Ronaldo et Messi qui durait depuis 2008.
Cette hégémonie a pu faire éclipser les performances exceptionnelles d’autres grands joueurs. Pep Guardiola, actuel entraîneur de Manchester City et qui était celui de Messi lors de son premier sacre en 2009, soutenait ainsi récemment que "le Ballon d’or devait être séparé en deux sections. Un pour Messi et un pour les autres". Le Catalan a certainement raison mais cette ère semble désormais révolue.
À l'heure des réseaux sociaux que certains joueurs utilisent à outrance, Messi est un discret et n’est pas du genre à offrir de grandes distractions en-dehors du terrain. Si sa marque est devenue planétaire, qu’il continuera de rester dans l’imaginaire collectif comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, sa présence au théâtre du Châtelet pour récupérer ce 8e Ballon d’Or, quelques mois après son départ du football européen, apparaît comme le crépuscule d’une idole.
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