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Ligue 1 : Saint-Etienne, les cinq actes d'une saison dans l'enfer vert

Dix-huit ans après sa remontée en Ligue 1, le club stéphanois a été relégué en Ligue 2, dimanche. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Emmanuel Rupied
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les joueurs stéphanois dans l'attente de l'issue de la séance des tirs au but du barrage retour contre Auxerre, le 29 mai 2022 à Geoffroy-Guichard. En perdant ce match, l'ASSE est relégué en Ligue 2. (Jean-Philippe KSIAZEK / AFP)

C'est la fin d'une longue agonie pour un club qui n'en demandait pas tant. À l'issue de sa défaite aux tirs au but (5-4) lors du barrage d'accession en Ligue 1 face à Auxerre à Geoffroy-Guichard, dimanche 29 mai, Saint-Étienne a définitivement acté sa relégation à l'échelon inférieur, dix-huit ans après l'avoir quitté.

Tout sauf une surprise pour le club stéphanois qui a traîné son spleen tout au long de la saison, entre un mercato raté, un entraîneur limogé et des résultats limités. Retour sur neuf mois qui ont précipité la chute du club le plus titré du championnat de France, désormais à égalité avec le PSG, sacré champion pour la dixième fois de son histoire. 

Un début de saison calamiteux

Il aura fallu attendre le 7 novembre pour voir des supporters du Forez esquisser un premier sourire dans cette saison 2021-2022. Un filet de lumière sur des visages qui en ont alors presque oublié le sentiment que peut procurer une victoire. Car avant cette 13e journée face à Clermont, Saint-Etienne vient de signer le pire départ de son histoire. Six nuls, autant de défaites et une place dans les profondeurs du classement qui ne sied guère à son rang.

La banderole des supporters stéphanois déployée durant la rencontre entre Angers et Saint-Etienne à Geoffroy-Guichard, le 22 octobre 2021.  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Face à un promu, les Stéphanois vont, pourtant, longtemps croire à une nouvelle déconvenue. Avant que le 4e arbitre ne vienne annoncer le temps additionnel de la deuxième mi-temps, Clermont mène 2 buts à 1. En trois minutes, Krasso puis Sow renversent la tendance et Claude Puel s'offre sa première victoire de la saison. Troyes tombe à son tour la semaine suivante face à Saint-Etienne. Le club se remet en état de marche. Avec trois mois de retard.

Puel, le premier fusible

Une éclaircie de courte durée. Paris et Brest allument la mèche (défaites 1-3 et 0-1), mais c'est Rennes qui fait exploser la maison verte le 5 décembre. Saint-Etienne est éparpillé, à domicile, façon puzzle sur le score de cinq buts à 0. La jeunesse du Forez incarnée par les Aouchiche, Nadé, Nordin et Krasso n'est pas au niveau. Le mercato non plus. Ignacio Ramirez, attendu comme un attaquant prometteur, est un fantôme. 

La solution ne vient pas non plus des joueurs les plus expérimentés du vestiaire (Khazri, Boudebouz) après plusieurs saisons de tension avec Claude Puel. La défaite, cinglante, vient acter définitivement aussi le divorce avec les supporters, qui appellent au départ du coach. Le technicien passé par Monaco et Nice est débarqué le 14 décembre. Le même jour, Pascal Dupraz le remplace sur le banc.

Dupraz, de zéro à héros

Si son passage à Evian Thonon-Gaillard peut-être qualifié de réussite et que son nom sera toujours associé à Toulouse pour avoir contribué à sauver le club en 2017, le tout devant les caméras de Canal+, qui avaient capté une causerie mémorable à quelques heures de la dernière journée, Pascal Dupraz reste sur un cinglant échec à Caen. Pas avare de saillies dans la presse, l'homme a l'image d'un pompier qui peut rapidement se transformer en pyromane. Sa première sortie ne déroge pas à la règle. "Nous allons nous maintenir et je n'emploie pas le conditionnel", assène-t-il. 

Sur le terrain, Paul Bernardoni a remplacé Etienne Green, alors que Joris Gnagnon, arrivé hors de forme, ne jouera pas de la saison en match officiel. Sada Thioub ou encore Enzo Crivelli font aussi partie du package hivernal, le tout sans débourser un centime. Le départ est compliqué. Trois matchs, trois défaites et le sentiment que le club forézien s'est manqué sur le casting. Mais le discours finit par prendre. Un temps. Sur les sept rencontres suivantes, Saint-Etienne s'impose à quatre reprises et se sort de la zone rouge. 

Bernard Caïazzo et Roland Romeyer soufflent. Les deux présidents ont annoncé la volonté de vendre le club un an plus tôt. D'autant qu'en coulisses, les acheteurs se font rares, soucieux certainement de la situation dans le Forez. 

Silence, ça coule

La confiance est là, trop, peut-être. Pascal Dupraz s'imagine déjà avec le maillot Manufrance sur les épaules, porté par le Chaudron. À la veille de la 29e journée face à Troyes, il se lâche ainsi : "Si on se maintient, je ferai un match dans le kop avec les ultras".

"J'ai plus que de l'espoir, j'ai des certitudes, ce sont les miennes. L'AS Saint-Etienne va se maintenir."

Pascal Dupraz

en conférence de presse après le nul à Bordeaux

Neuf journées plus tard, la lumière a définitivement disparu du visage des supporters stéphanois. Une victoire face à Brest lors de la 32e journée, c'est bien la seule éclaircie dans le Forez en cette fin de saison.

Trop peu quand on enchaîne quatre défaites et un nul sur les cinq dernières journées. Trop peu quand ses propres supporters ne sont pas présents lors du dernier match à domicile de la saison, en raison d'un huis clos décrété pour des feux d'artifice tirés lors du match précédent pour fêter l'anniversaire des ultras. Une défaite sans spectateur, dans le silence d'une saison qui n'aura été qu'une succession de mauvais choix.

Apocalypse en barrage

Si les Verts étaient parvenus à arracher leur place de barragiste sur un but de Hamouma en fin de match à Nantes (1-1) lors de la 38e et dernière journée de Ligue 1, le répit a été court. Car en barrage, après avoir décroché un nul à Auxerre (1-1) à l'aller, les Stéphanois n'ont pas pu s'imposer devant leur public lors du match retour. Encore un nul (1-1) à l'issue du temps réglementaire et de la prolongation. La séance de tirs au but a finalement tourné à l'avantage des Bourguignons (5-4). Voilà comment la relégation de l'institution stéphanoise en Ligue 2, dix-huit ans après avoir retrouvé l'élite, a été entérinée.

Les joueurs de Saint-Etienne déboussolés devant leurs supporters à Geoffroy-Guichard, lors du barrage retour contre Auxerre, le 29 mai 2022. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

L'ASSE devient la première équipe à être reléguée à l'issue de ce parcours en barrages aller et retour. Les images d'une partie du public se ruant sur la pelouse pour lancer pétards et fumigènes en direction du tunnel menant aux vestiaires restera comme l'épilogue d'une saison cauchemardesque.

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