La Ligue des nations, une compétition en mal de popularité
Compétition ajoutée au calendrier international en 2018, la Ligue des nations peine à passionner les foules. Mais la présence de la France en finale pourrait changer la donne.
"Tout le monde appelle ça la Coupe en carton, mais j’aimerais quand même qu’on la remporte." À une heure du coup d’envoi de la demi-finale entre la Belgique et la France, jeudi 7 octobre, Renaud philosophe sur l’intérêt de la Ligue des nations, un sandwich à la main sur le parvis de l’Allianz Stadium de Turin. Ce supporter belge venu de Waterloo ne sait pas encore que les Diables Rouges vont se faire éliminer par les Bleus dans la soirée au terme d’un match fou (2-3).
Alors que la rencontre n’a pas encore débuté, l’enjeu du soir, selon lui, n’est pas de prendre sa revanche sur l’équipe de France après 2018, mais bien de rallier la finale de la compétition : "C’est peut-être notre seule chance de remporter une compétition internationale dans notre histoire." C’est râpé pour cette fois.
Pour une partie des supporters belges, la Ligue des nations, compétition ajoutée au calendrier des sélections en 2018 pour éviter la multiplication des matchs amicaux, devait donc leur permettre de se construire un palmarès encore vierge au niveau international, malgré une finale à l’Euro 1980 et une génération dorée qui a enchaîné les échecs ces dernières saisons. Dans le camp des Diables Rouges, avec cette élimination cruelle face aux Bleus, l’intérêt pour la Ligue des nations en a pris un coup.
Des audiences de matchs de qualification à la Coupe du monde
En témoignent les déclarations de Thibaut Courtois, le gardien belge, sur le match pour la 3e place à l’issue de la défaite contre la France: "C’est un match qu’on joue pour rien. Être troisième de la Ligue des nations, ça ne sert à rien." Il est vrai que l'équipe qui terminera au pied du podium ne se verra pas décerner de médaille de bronze comme aux Jeux olympiques et repartira bredouille de son séjour italien.
Une 3e place en Ligue des nations n’a pas la même saveur que celle acquise à la Coupe du monde et les Belges en savent quelque chose. La jeune compétition imaginée par l’UEFA n’est pas encore aussi prestigieuse qu’un Mondial ou un Euro - et ne le sera probablement jamais -, et peine ainsi à attirer le grand public. Lors du match entre la Belgique et la France jeudi soir, 6,7 millions de téléspectateurs ont assisté à la rencontre diffusée par TF1.
Une bonne audience, mais moins que celle du match France-Finlande du 8 septembre dernier (6,89 millions) et un résultat qui se rapproche de rencontres qualificatives pour la Coupe du monde 2022 (5,23 millions pour Ukraine-France le 4 septembre, 5,9 millions pour France-Bosnie le 1er septembre). Bien loin des audiences du dernier Euro : 16,34 millions lors de France-Suisse, 15,6 millions pour Portugal-France ou encore 12,3 millions pour Hongrie-France.
Pour les joueurs, l'occasion de garnir l'armoire à trophées
Devant leurs télés, les Français n’ont donc pas forcément répondu au rendez-vous. Sur place non plus selon Fabien Bonnel : "Il n’y a pas eu un grand engouement tricolore pour cette demi-finale." Le co-fondateur du groupe des Irrésistibles Français, présent à l’Allianz Stadium jeudi soir souligne que "ce n’était pas l’extase totale. Ce n’était pas aussi fou qu’une demi-finale d’un Mondial ou d’un Euro. Et la folie qu’on a eue, c’est davantage en raison du scénario qu’à cause de la qualification en finale."
Mohamed, autre supporter belge rencontré devant le stade avant le coup d’envoi de la demi-finale jeudi soir, n’avait pas fait le déplacement pour les mêmes raisons que son compatriote Renaud. "Pour être honnête, si le match n’opposait pas la France à la Belgique, je ne serais pas là. La qualification en finale de la Ligue des nations, je m’en fiche un peu", nous expliquait ce fan des Diables Rouges venu tout droit de Bruxelles.
Chez les joueurs, en revanche, le constat est différent. Si Courtois a effectué un constat amer sur le match pour la 3e place, c’est que la déception était grande de ne pas pouvoir aller chercher un titre. Car en début de semaine, Hugo Lloris, le capitaine des Bleus, confirmait "qu’il y a quelque chose dans l’air. On sent qu’il y a de l’enjeu et l’opportunité d’aller remporter un trophée."
Une émulation chez les Tricolores pour la finale
Les Portugais, vainqueurs de la première édition face aux Pays-Bas en juin 2019, avaient fêté la victoire comme il se doit et inscrit leur nom au palmarès comme les premiers lauréats de la compétition. Compétiteurs, les joueurs de l'équipe de France le sont et ont l'ambition d'aller remporter ce titre. "On a un trophée à gagner, et nous les trophées on les gagne", a insisté Theo Hernandez vendredi soir.
"C'est un match important, c'est une finale, c'est une Coupe, avec un trophée, donc on a envie de gagner cette finale", confirmait de son côté Antoine Griezmann. Un parfum de grande compétition internationale donc, qui se marie à la perfection avec la tension des matchs à élimination directe. De quoi réveiller des Bleus mal partis face à la Belgique, et leurs supporters. "On a reçu d’un coup beaucoup de sollicitations de gens qui veulent venir dimanche à San Siro", soutient Fabien Bonnel, qui pense que le scénario de la qualification face à la Belgique "pourrait pousser les gens à se prêter au jeu de cette finale".
Parce qu’après tout, le match de dimanche reste tout de même une finale. Et face à l’Espagne, qui plus est, poids lourd du football européen reconnu comme tel par les personnes qui suivent de près ou de loin le monde du ballon rond. Les bars de France ne seront certainement pas bondés dimanche soir à 20h45, lors du coup d’envoi à Milan.
Et les supporters français présents à San Siro ne fêteront pas une potentielle victoire comme s’il s’agissait d’un succès en finale de la Coupe du monde. Il y aura sans doute une fête quand même, car il y a tout de même un trophée à aller chercher au bout. Et on peut vous l'assurer, il n'est pas en carton.
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