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Foot féminin: Racisme, chantage, l'affaire Aluko ébranle les instances dirigeantes en Angleterre

Le cas d'Eniola Aluko, joueuse aux 102 sélections en équipe nationale anglaise de football, fait grand bruit outre-Manche. Après avoir accusé son sélectionneur, Mark Sampson, de commentaires racistes à son égard, l'attaquante a tenté d'alerter la fédération, en vain. Elle ne s'est pas sentie protégée, au contraire, on lui aurait fait du chantage pour obtenir son salaire. Ce mercredi un comité s'est réuni où les différentes parties ont pu s'exprimer.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Eniola Aluko a témoigné en audience ce mercredi. (- / AFP)

Il y a presque un mois, Mark Sampson, le manager de l'équipe féminine d'Angleterre de football, a perdu son poste. Officiellement, cela viendrait d'une enquête menée autour de son comportement à Bristol City en 2015. Mais son départ est également postérieur à des accusions de commentaires racistes prononcés à l'encontre de deux joueuses de la sélection nationale (Eniola Aluko et Drew Spence).

Eniola Aluko, 30 ans, attaquante d'origine nigériane aux 102 sélections avait accordé une interview le 21 août dernier au journal The Guardian. Mark Sampson lui aurait notamment dit de "ne pas laisser ses parents nigérians amener le virus Ebola à Wembley" lors d'un match (avril 2016). Elle aurait alerté la FA bien avant que cela ne soit révélé au grand public cette année. Sa coéquipière en sélection, Drew Spence, aurait également subi le même type de commentaire déplacé. Mark Sampson lui aurait demandé combien de fois elle avait été arrêtée par la police, sachant qu'elle était métisse.

Le Guardian a rapporté cette semaine que Greg Clarke, le président de la FA, avait répondu avec 14 mots à une lettre de six pages de la PFA (Association des Footballeurs Professionnels, distincte de la Football Association) à propos du cas Sampson. "Je n'ai aucune idée de pourquoi vous m'envoyez ça. Peut-être pourriez-vous m'éclairer" avait-il rétorqué en novembre 2016. Cette dite lettre accusait la FA de saboter volontairement les onze années de capes internationales d'Aluko pour protéger Sampson et que l'enquête supposée de la FA était une supercherie.

La troisième enquête est la bonne

Sampson a toujours nié ces allégations. Ce mercredi, une audition s'est tenue, où les différentes parties ont pu s'exprimer (sauf Mark Sampson, absent).

Eni Aluko n'a pas reçu une partie de son salaire à cause d'un tweet du 31 août qu'elle n'a pas voulu modifier et n'est plus sélectionnée depuis mai 2016, alors qu'elle a été distinguée du Soulier d'Or en septembre 2016. "Est-ce que Harry Kane n'aurait pas été pris dans le même cas? Je ne pense pas" a insisté la joueuse, rappelant qu'il y a une différence de considération vis-à-vis des sportives.

L'enquête menée par l'avocate Katharine Newton a prouvé que Mark Sampson avait bien prononcé les deux commentaires déplacés mentionnés plus haut. L'enquête les a qualifiés de "tentatives de plaisanterie peu judicieuses". Et concernant la relation entre le coach et Aluko, il a été admis qu'il l'avait moins bien traitée en raison de ses origines africaines.

La FA s'excuse enfin

Martin Glenn a finalement présenté ses excuses aux joueuses au nom de la FA. La fédération a finalement reconnu les abus racistes de l'ex-sélectionneur vis-à-vis de ses joueuses, alors qu'elle accusait encore récemment la joueuse d'exagérer sa réaction.

Concernant  la partie du salaire non versé à la joueuse, il a répondu "on va y réfléchir". Greg Clarke a été moins hésitant : "Bien sûr". Il a justifié son manque de réactivité par les obligations du code du sport anglais, ses relations tendues avec la PFA (qui a soutenu Aluko). Il a admis également qu'il avait bien demandé à la joueuse de changer ses mots. 

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