ENTRETIEN. Guerre en Ukraine : "Les athlètes ne sont pas responsables des actes de leurs dirigeants", estime l'ancien président François Hollande
A l’occasion de la journée Demain le sport, jeudi, l’ancien président de la République est revenu sur le poids du sport dans la géopolitique mondiale.
Un ancien président peut dire ça. Tête d’affiche de la journée "Demain le sport", organisée conjointement par France Télévisions, Radio France et le journal L’Equipe, jeudi 22 septembre, pour engager une réflexion sur l’avenir du sport, François Hollande est intervenu sur le sujet de la diplomatie et du sport. L'ancien chef de l'Etat (entre 2012 et 2017) est revenu sur le poids de celui-ci dans les affaires internationales, évoquant notamment le cas précis de la Russie.
franceinfo: sport : depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a subi de nombreuses sanctions internationales et notamment sur le plan sportif. Peuvent-elles avoir un réel effet ?
François Hollande : Les sanctions, en général, ont une influence et un impact sur le comportement d'un certain nombre de pays. La Russie fait semblant d'être indifférente, alors qu'en réalité, elle les a subies douloureusement, notamment sur le plan économique.
"Vladimir Poutine est très sensible à tout ce qui est de l'ordre de l'organisation de grandes compétitions ou de la participation de la Russie à des événements sportifs."
François Hollande, ancien président de la Républiqueà franceinfo: sport
Donc oui, les sanctions sur le plan sportif font partie des décisions qu'il faut prendre et prononcer, car quand un pays en agresse un autre, l'envahit, et commet des crimes de guerre, il est difficile de l'accueillir avec son drapeau dans des grandes compétitions sportives.
Pour le moment, ce sont les athlètes russes qui en payent le prix fort, puisqu'ils ont été bannis de nombreuses compétitions...
Oui, c'est pour cela qu'il faudra sans doute prévoir des cartes d'invitation pour ces athlètes, afin qu'ils puissent venir à ces compétitions, et ainsi ne pas être empêchés de remporter des médailles, des titres, alors même que leur pays est banni de la compétition.
Ils ne sont pas responsables des actes de leurs dirigeants. C'est très injuste de les empêcher de se rendre à des compétitions sportives. Ils ne sont pas eux-mêmes des acteurs politiques, mais le sport, lui, l'est.
En 2022, Pékin a accueilli les Jeux olympiques d'hiver et le Qatar, s'apprête à recevoir le Mondial de football, deux pays qui ne sont pas connus pour la préservation de l'environnement et le respect des droits de l'homme. Doit-on porter une attention beaucoup plus forte sur le choix des pays hôtes lors de compétitions internationales ?
Bien sûr qu'il faut regarder les lieux où se font les grandes compétitions pour que ce soit dans des conditions tout à fait respectables et respectueuses. Néanmoins, il faut faire très attention à ce que cela ne soit pas confisqué par les pays les plus développés, qui disent qu'ils peuvent assurer, en termes d'équipement, de sécurité et d'écologie, l'organisation de compétition.
#DemainLeSport | François Hollande : "Si j'étais chef de l'Etat [...] je ne me rendrais pas au Qatar"
— francetvsport (@francetvsport) September 22, 2022
L'ancien chef de l'Etat s'exprime sur la question du boycott de la Coupe du monde au Qatar, de la part des sportifs comme du public.@lequipe @franceinfo @Francetele pic.twitter.com/u6sc2vy4EQ
Il est important que l'Afrique, les pays d'Asie et d'Amérique latine, puissent continuer à recevoir l'organisation de compétition. Donc c'est pour ça, qu'il est important, quand un pays organisateur est choisi, de l'aider à respecter toutes les conditions qui permettent justement d'avoir le souci de l'environnement et des droits de l'homme.
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