Face à la crise liée au coronavirus, éditeurs et auteurs se mettent à la page
Avec le confinement, la lecture est un bon moyen de passer le temps. Mais au fur et à mesure que les semaines passent, les nouveaux livres se font de plus en plus rares et les bibliothèques de salon se vident. Malheureusement, les passionnés de livres de sport n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent au mois d'avril. Alors que les imprimeries et les librairies sont fermées, les maisons d'édition s'adaptent en repoussant la sortie des ouvrages prévus pour les prochaines semaines. "C'est normal", juge Nicolas Geay, journaliste au service des sports de France Télévisions, qui devait sortir un ouvrage sur les victoires françaises de légende sur le Tour de France. "Si le livre était sorti, il n'aurait été vendable nulle part, ça aurait été une sortie ratée. Ça ne me ravit pas mais c'était la meilleure décision."
Alors même que le Tour de France n'a pas été reporté ou annulé, la sortie du livre a été décalée par Amphora qui en gère la publication et la distribution. Cette grande maison d'édition, spécialisée dans les livres de sport, a décidé de repousser l'ensemble des sorties prévues dans les prochaines semaines. Le report des compétitions a "des conséquences considérables sur nos ventes et pourrait impacter jusqu'à 30% de notre chiffre d'affaire", explique Thierry Vandermersch, directeur des opérations chez Amphora. En effet, plusieurs ouvrages qui devaient sortir étaient en lien avec l'actualité. Résultat, seuls trois livres seront publiés de manière exceptionnelle : "Trois sur le sport à domicile et un sur les virus", précise le directeur des opérations.
Embouteillage à venir dans les librairies
En cette année 2020 où devaient notamment avoir lieu les Jeux Olympiques et l'Euro de football, de nombreux livres portant sur ces compétitions sportives internationales étaient donc attendus. Xavier Barret, journaliste, avait ainsi prévu de sortir un Guide de l'Euro 2020, divisé entre une présentation des équipes et une partie portant sur l'histoire de la compétition. "On attendait les derniers qualifiés pour le boucler", souligne l'auteur de ce Guide. "Quand on écrit un livre, qu'on travaille dessus depuis plusieurs mois, on veut l'avoir entre les mains, donc c'est frustrant." Finalement, Xavier Barret ne pourra feuilleter son ouvrage que l'année prochaine au moment de sa publication officielle, quelques mois avant l'Euro qui se jouera lors de l'été 2021.
Face à toutes ces publications décalées d'un an, les maisons d'édition craignent un embouteillage. "À cette période de l'année, normalement on prépare le programme de l'année prochaine", explique Jean-Philippe Bouchard, directeur du département sport au sein de la maison d'édition Solar. "Le report ou l'annulation des événements sportifs va avoir un impact direct sur notre programmation. Et il va falloir éviter un embouteillage au deuxième semestre ou en 2021. Le marché ne pourra pas absorber deux fois plus de livres." Une crainte partagée par Thierry Vandermersch, de la maison d'édition Amphora : "Avec cet afflux de nouveautés, j'ai peur que les librairies n'optent pas en priorité pour les livres de sport."
Quelle consommation de lecture en post-confinement ?
C'est pour éviter cet embouteillage que Guillaume Germain a décidé, d'un commun accord avec son éditeur, de maintenir la publication de son livre le 15 avril prochain. Bien qu'en lien avec l'actualité, puisque l'ouvrage traite des 60 ans de l'Euro, l'auteur n'en a pas repoussé la sortie "en partant du principe que les gens n'auront rien à se mettre sous la dent", tout en espérant que ces derniers consomment des livres à la sortie du confinement.
"Les gens n'auront pas forcément la tête à acheter des livres de sport juste après le confinement"
Car c'est là que se situe l'autre inquiétude des éditeurs, qui les incite à reporter les sorties de livres de sport : le besoin de lecture après être resté chez soi enfermé pendant plusieurs semaines. "Les gens n'auront pas forcément la tête à acheter des livres de sport juste après le confinement", juge Jean-Philippe Bouchard, que Thierry Vandermersch rejoint volontiers : "À la fin du confinement, les gens vont penser à beaucoup de choses, mais pas à la lecture." Finalement, cela donne un peu de temps aux auteurs pour retoucher leurs ouvrages. Xavier Barret confie qu'il pourrait "rajouter quelques chapitres à son livre", tandis que Nicolas Geay "retravaille des petites choses, parce qu'un livre n'est jamais fini". Des petits ajustements, afin de se mettre définitivement à la page face à cette crise inédite.
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