Examen psychiatrique pour Pistorius?
La juge Thokozile Masipa annoncera sa décision très attendue mercredi. Elle a longuement entendu le procureur Gerrie Nel expliquer pourquoi il n'était pas convaincu par la psychiatre citée par la défense et par ses explications sur l'anxiété maladive du champion paralympique, accusé d'avoir assassiné sa petite amie en 2013. A en croire la psychiatre Meryll Vorster, Oscar Pistorius, 27 ans, souffre d'une anxiété maladive qui se caractérise par un état d'inquiétude permanent et excessif. Ce trouble aurait eu des conséquences directes sur ses relations personnelles et sa vie sexuelle et exacerbé sa peur de la criminalité, très élevée en Afrique du Sud. "Fonctionnait-il socialement? Oui, on dirait que oui. Mais pas de façon optimale", a exposé Mme Vorster. Il se faisait de nouveaux amis "afin sans doute d'éviter d'être seul", a ajouté la psychiatre. "Il était seulement en leur compagnie pour éviter d'être seul." Abordant la vie sexuelle de l'accusé, elle a relevé son instabilité: "Ses relations sexuelles semblent avoir duré bien peu de temps".
Le procureur Nel remet en cause la défense de Pistorius
Pistorius connaissait Reeva Steenkamp depuis trois mois quand il l'a abattue le 14 février 2013, faisant feu sur la porte fermée des toilettes. Il affirme depuis le début qu'il croyait qu'un cambrioleur s'était introduit chez lui et s'y cachait. Le procureur Nel a contesté les conclusions de l'experte. Lui qui a passé Pistorius à la question pendant cinq longues journées en avril n'a pas trouvé que l'état mental de Pistorius soit inquiétant. "Il n'y a eu aucun indice d'une quelconque anxiété anormale" depuis le début du procès le 3 mars, a-t-il soutenu. Il a ainsi relevé qu'Oscar Pistorius n'avait pas pris les mesures de sécurité les plus élémentaires pour se protéger chez lui: pas de barres de sécurité aux fenêtres, absence d'une alarme en état de marche, porte de sa chambre ouverte..
De telles négligences ne cadrent pas avec le tableau d'une personne anormalement préoccupée par sa sécurité, selon lui. Il a accusé la défense d'utiliser l'argument psychiatrique pour obtenir une peine plus douce, faire appel ou faire requalifier l'affaire. "Madame, des accusés ont déjà changé leur ligne de défense, en particulier quand les choses tournent mal", a souligné M. Nel, s'adressant formellement à la juge. Alors que les audiences de ce procès-marathon touchent à leur fin, le procureur a donné un avant-goût de son futur réquisitoire. Il a remarqué que le sportif avait d'abord plaidé l'auto-défense, puis la panique, pour expliquer son geste fatal, avant de tenter d'utiliser maintenant sa santé mentale. Il reste persuadé que Pistorius a abattu sciemment Reeva à la suite d'une de leurs nombreuses disputes. L'avocat Barry Roux a vivement contre-attaqué. "Madame, je le dis avec un grand respect, la lecture de la loi de M. Nel est assez malheureuse", a-t-il lancé. "C'est tout simplement une ruse pour avoir un second avis (médical) et ça ne mène nulle part!"
Décision de la juge mercredi
"Je reviendrai avec ma décision demain", a promis la juge Masipa, renvoyant l'audience à mercredi matin à 09H30 (07H30 GMT). Si elle décide qu'un examen est nécessaire, celui-ci retardera encore davantage ce procès-fleuve qui passionne les Sud-Africains, car il n'est pas dit que, le cas échéant, Oscar Pistorius obtienne une place immédiatement en hôpital psychiatrique. Si elle refuse l'examen, les audiences pourraient se terminer d'ici vendredi, à moins que l'accusation ne décide d'appeler de nouveaux témoins. Le procureur Gerrie Nel et l'avocat Barry Roux auront ensuite quelques semaines pour peaufiner leurs conclusions écrites, suivies d'un nouveau délai pour que la juge les étudie avant de prononcer son verdict. Oscar Pistorius est passible de la prison à perpétuité, soit vingt-cinq ans de prison incompressible, si l'intention homicide est retenue contre lui.
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