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Euro 2021 : comment l'Italie s'est reconstruite après avoir touché le fond en 2017

L'Italie est de retour au premier plan, trois ans après avoir manqué sa qualification à la Coupe du monde 2018.

Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'arrivée sur le banc de la Nazionale de Roberto Mancini en mai 2018 a remis l'Italie sur les bons rails. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

L'Italie ouvre l'Euro 2021 en accueillant la Turquie vendredi 11 juin, à Rome. Considérée parmi les sélections favorites au titre européen, la Squadra Azzurra revient pourtant de très loin.

Gigi, c'est toi là-bas dans le noir ?

A elles seules, les larmes de Gianluigi Buffon avaient traduit l'ampleur de la catastrophe. Le 13 novembre 2017, l'Italie vivait l'une des heures les plus sombres de son histoire. Impuissante face à la Suède en match retour de barrage qualificatif pour le Mondial 2018 (0-0 après le 1-0 subi à l'aller), elle apprenait sa première absence en Coupe du monde depuis 1958. "Fine" - comprenez "La fin" - titrait le lendemain La Gazzetta dello Sport.

Gianluigi Buffon (gauche), inconsolable après l'élimination de l'Italie de la course à la Coupe du monde 2018, face à la Suède le 13 novembre 2017. (LORIS ROSELLI / NURPHOTO)

Mais de fin, il n'y en a pas eu, au contraire. Trois ans après avoir regardé de son canapé l'équipe de France décrocher sa deuxième étoile, c'est engagée dans la plus longue série de matches sans défaite de son histoire (27 consécutifs) que l'Italie va lancer son Euro. La Nazionale a tourné la page, comme elle le fera en accueillant 18 000 spectateurs au Stadio olimpico de Rome face à la Turquie, un an après le déferlement de la première vague de Covid-19.

En coupant la tête de son sélectionneur Gian Piero Ventura, devenu l'ennemi de la nation, mais aussi celle du président de la Fédération Carlo Tavecchio, elle a fait table rase. Ce n'est que le 14 mai 2018, 182 jours après la catastrophe suédoise et après l'intérim assuré par Luigi Di Biagio, que l'Italie nomme son nouveau "commissario tecnico", Roberto Mancini, dont l'arrivée a insufflé un nouvel élan à une sélection traumatisée.

Merci Mancini

L'ancien coach de l'Inter Milan et de Manchester City fait aujourd'hui l'unanimité. "L'Europe on ne l'a conquise qu'une seule fois en 1968. 26 garçons vont tenter de le refaire, menés par une star. Mais la nôtre brille sur le banc", s'est même enflammée La Stampa mercredi, deux jours avant le match d'ouverture contre la Turquie. Mancini a séduit en réussissant à mettre en place un projet de jeu identifié et identifiable, ce qui n'est que trop rarement le cas chez les sélections nationales.

Pour ce faire, il a fallu installer une relation de confiance avec les joueurs qui s'étaient retournés contre Ventura après une cinglante défaite contre l'Espagne en septembre 2017 (0-3). Et il n'a pas mis beaucoup de temps pour l'obtenir. "Tout a changé depuis son arrivée. Mancini a été exceptionnel dans sa façon de gérer le groupe. Il nous a fait comprendre qu'on était plus forts qu'on ne le pensait", s'extasiait le pilier de la défense Leonardo Bonucci dès novembre 2019, en conclusion du sans faute de la Nazionale en qualifications pour l'Euro (10 matches, 10 victoires).

En prenant les rênes d'une équipe dépourvue de star planétaire et forcément encline à changer des choses après le traumatisme, Roberto Mancini a pu mettre en place un jeu plus offensif par rapport à l'identité présumée du football italien. Un dispositif en 4-3-3 a rapidement émergé, puis s'est consolidé. En s'organisant de la sorte, il a pu s'appuyer sur la qualité technique de son milieu Verratti-Jorginho-Barella, sur les projections de ses arrières latéraux et pousser ses ailiers à piquer vers le but adverse.

Rajeunir pour guérir

Dans le même temps, un rajeunissement a été opéré. Contre la Suède, la moyenne d'âge de la Squadra Azzurra était de 30 ans et 8 mois. Lors de ses cinq premiers matches à la tête de cette dernière, Mancini a aligné un onze en moyenne cinq ans plus jeune (25 ans et 8 mois). Nicolo Barella, Moise Kean, Manuel Locatelli, Alessandro Bastoni... Tous ont reçu leur première cape sous la houlette de Mancini, qui a lancé 35 nouveaux joueurs en sélection depuis le début de son mandat en mai 2018 - soit quinze de plus que Didier Deschamps sur la même période.

La joie de Jorginho (gauche) et de Marco Verratti (centre) face à la Grèce le 12 octobre 2019 lors de la campagne de qualification de l'Italie pour l'Euro 2021. (MATTEO CIAMBELLI / NURPHOTO)

En créant un contexte concurrentiel, il a pu modeler d'entrée les nouveaux venus pour qu'ils s'adaptent à son projet de jeu. Tous ces changements se sont traduits dans les chiffres. L'Italie est passée de 55% de possession sous Ventura et Di Biagio à 63% sous Mancini, mais est surtout passée de 0.6 à 2.3 "Expected Goals" par match (une statistique qui prédit le nombre de buts qu'une équipe aurait dû marquer en fonction de la qualité de ses tirs).

En attendant la mise à l'épreuve

Mais la réserve est de mise concernant le niveau réel de cette Squadra sauce Mancini. Si elle n'a perdu aucun de ses 27 derniers matches, l'adversité qu'elle a rencontrée est toute relative. Au cours de cette série, l'Italie n'a gagné qu'une seule rencontre contre un gros d'Europe, contre les Pays-Bas en septembre 2020 (1-0). Sous Mancini, elle a même perdu une fois contre la France le 1er juin 2018 (1-3), puis contre le Portugal le 10 septembre de la même année (0-1).

Elle traîne aussi toujous le même problème. Aucun de ses buteurs n'a réussi à s'imposer. Ni Andrea Belotti (8 buts en 18 matches), ni Ciro Immobile (6 buts en 14 matches) n'ont réussi à convaincre. La troisième option au poste de n°9 se nomme Giovanni Raspadori (21 ans), qui vient tout juste de fêter sa première sélection. Et avec les forfaits de dernière minute de Stefano Sensi et de Lorenzo Pellegrini, remplacés en urgence par Matteo Pessina et Giovanni Castrovilli, l'Italie n'aborde pas forcément l'Euro 2021 dans un contexte optimal.

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