Cet article date de plus de deux ans.

"League of Legends" : plongée au coeur de la folle ambiance des groupes d'ultras des clubs d'eSport

La discipline se structure en France et, avec elle, ses groupes de supporters. Alors que le championnat français du célèbre "League of Legends" reprend, la Karmine Corp, une équipe de référence en eSport, a réuni à Paris son tout nouveau groupe d'ultras. Reportage.

Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La soirée de la "Karmine Corp", équipe qui participe au championnant français d'esport de "League of Legends", au Carroussel du Louvre le week-end du 9 janvier 2022. (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

La ligue française de League of Legends, le jeu phare de l'eSport, reprend mercredi 12 janvier. Elle regroupe 10 équipes, qui s'affrontent dans des "games" - des parties. Et parmi elles, une équipe se détache par ses performances : la Karmine Corp, qui a gagné deux titres européens la saison dernière.

Mais la Karmine Corp dénote aussi pour ses supporters car, depuis peu, le club a ses ultras non-violents : le "Blue Wall" (ou mur bleu). Le week-end dernier, il a d'ailleurs rassemblé 1 000 fans - c'était la jauge maximale - à Paris, au Carrousel du Louvre et le sol tremblait comme dans un stade pendant que l'on s'époumonait pour soutenir la Karmine Corp.

C'est bien pour l'ambiance que Paul, 21 ans, est venu de Bruxelles : "On aime bien les jeux vidéos, forcément on aime bien regarder les matchs de jeux vidéos. C'est comme un match de sport". À côté, l'un de ses amis ajoute : "On crie devant notre ordi à chaque fois, quel bonheur de le faire en vrai pour une fois. On a fini de réveiller les voisins".

Le "blue wall", groupe d'ultras de la "Karmine Corp", équipe qui participe au championnant français d'esport de "League of Legends", au Carroussel du Louvre le week-end du 9 janvier 2022. (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Drapeau, écharpe, maillot... la panoplie vestimentaire est la même que celle des supporters de foot, comme Shane, venu de Montpellier. "Je suis supporter de l'OM, je vais au Vélodrome. Là, le "Blue Wall", c'est comme si j'allais voir un match à Marseille", déclare le jeune homme.

Avec quelques spécificités tout de même : ces matchs sont très interactifs. Par exemple, lorsque les lumières dans la salle gênent les ultras pour voir l’écran ou si le micro d’un commentateur fonctionne mal, ils se font entendre et les animateurs leur répondent. Il y a même des temps de questions de supporters aux dirigeants de l’équipe. L'idée ? Conserver dans les évènements physiques la proximité et l’interaction qui existent lors des retransmissions virtuelles des matchs sur la plateforme Twitch. Une autre équipe française, la pionnière Vitality, a aussi ses ultras depuis quelques années.

Ces supporters ont la vingtaine et viennent de toute la France. Montpellier donc, mais aussi de Marseille, comme Camille, fidèle supportrice qui suivait même les matchs depuis le Royaume-Uni lorsqu'elle y était étudiante : "Au début, c'était un petit peu dur d'oser crier mais plus ça avance et plus il y a du monde, plus l'énergie se renforce". Et comme Jules, venu lui de Lyon : "J'ai commencé à jouer quand j'avais dix ans. Donc j'ai grandi avec ça. Au départ, c'était juste des évènements très petits et puis ça a grossi, grossi et là on est extrêmement nombreux".  

"On a quasiment rempli un avion"

L'association des Ultras, créée en novembre, se structure. À son compteur, 380 adhérents et un fait d'arme : un déplacement à Barcelone il y a quelques semaines se souvient son président, Antonin. "On a quasiment rempli un avion ! Un des objectifs premiers de l'association, c'est de faire des déplacements en bus, comme un sport traditionnel pour permettre à un maximum d'ultras de crier en physique." Et ce n'est que le début, déclare Yussef, 22 ans, pour qui "l'évolution logique est que l'eSport monte de plus en plus", en pointant du doigt le nom du sponsor du club, Orange. "C'est énorme", lâche-t-il.

Une ambiance pareille à celle d'un stade de foot pour la soirée de la "Karmine Corp", équipe qui participe au championnant français d'esport de "League of Legends", au Carroussel du Louvre le week-end du 9 janvier 2022. (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Selon Kamel Kebir - alias Kaméto -, cofondateur de l'équipe, l'engouement des supporters permet aussi d'attirer des joueurs stars de l'esport. "Tu sais qu'il va se passer quelque chose. Quand tu rejoins l'équipe, tu sais que tu auras des gens qui seront derrière toi, donc forcément, ça aide pour le mercato, et ça aide les joueurs", assure-t-il, prenant en exemple l'arrivée du joueur professionnel suédois Rekkles - de son vrai nom Martin Larsson - qui est venu justement pour les supporters. Les dirigeants de la Karmine Corp rêvent maintenant de remplir le Stade de France, tout simplement.

L'esport et ses ultras : reportage de Lauriane Delanoë

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.