eSport : Sur FIFA, les meilleurs se battent pour le titre et la reconnaissance
« Garde ta balle Wissam ! Prends ton temps, mets-toi au poteau de corner ! » La scène est familière au bord des terrains de football, tous les week-ends, des débutants aux vétérans. Mais ce samedi après-midi, c’est auprès d’une pelouse virtuelle que les conseils et les encouragements fusent. Aux manettes, Wissam « Ulquiorra » Abou Ahmed d’un côté et Alexandre « Alexher » Hernandez de l’autre. Les deux se disputent une place en demi-finale du Championnat de France sur FIFA 16, organisé par l’EA Sports FC dans les locaux de Canal +. Le premier suivra les conseils et gardera son avantage jusqu’au bout. « Je joue qui après ? Nino ? Ah, j’aime pas le jouer… »
Comme dans le football, réel cette fois, tous ont leur style de jeu, leurs bêtes noires, leurs équipes préférées. Ils sont 32, venus de Paris, sa région mais aussi Grenoble ou Montpellier, après des mois de qualifications, pour succéder à Alexis « Ayziq » Lefebvre, champion de France l’an dernier.
Un appel du pied pour Jean-Michel Aulas
Au rez-de-chaussée des locaux de la chaîne cryptée, le dispositif est assez impressionnant. Deux plateaux ont été mis à disposition des organisateurs de la compétition, avec écrans, consoles, gradins, caméras et commentateurs (dont Bruce Grannec, multiple champion du monde désormais retraité des compétitions) pour une diffusion en ligne sur le site de Canal +, entre autres. « L’an dernier, on avait fait 300 000 vues avec un pic à 11 000 pour la finale. La scène française est vraiment importante, c’est aussi selon moi la meilleure du monde », explique William Gellato, administrateurs des compétitions pour l’EA Sports FC.
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Contrairement à d’autres jeux eSport (League of Legends, Counter-Strike…), les joueurs FIFA ne vivent pas de leur passion. « Mais notre condition s’améliore, positive « Alexher », 20 ans, qui termine cette année un BTS en informatique. La médiatisation augmente, il y a plus de sponsors et du coup un peu plus d’argent. Sur la saison, en moyenne, j’ai dû gagner dans les 450 euros par mois. » William Gellato abonde : « C’est la douzième édition du championnat de France qu’on organise. Au fil des années on est passés de petites salles aux locaux d’une grande chaîne de télévision. C’est un plaisir d’organiser ça, surtout quand on milite depuis des années pour une reconnaissance de l’eSport ».
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Souvent rattachés à des structures eSportives importantes (Vitality, LDLC ou Millenium par exemple), beaucoup s’attendent à voir un jour débarquer les clubs professionnels français dans leur monde. Aucun ne s’est encore réellement engagé, mais l’Allemagne (Wolfsburg, Schalke 04) ou l’Angleterre (West-Ham), ont montré la voie en s’investissant dans la discipline ou recrutant des joueurs FIFA pour les représenter. « J’attends que ça, moi, que Jean-Michel Aulas me contacte pour me faire signer », rigole Alexandre Hernandez, supporter de l’OL. « Ça finira par arriver, c’est sûr, affirme William Gellato. Un moment, un club osera innover. Lyon peut-être, ou Toulouse ! »
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Un « doublé historique »
Pendant ce temps-là, qualifié pour la finale, Wissam « Ulquiorra » y retrouve Corentin « Rocky » Chevrey, membre de Vitality, l’un des clubs d’eSport les plus importants en France. Après une première mi-temps accrochée, « Rocky » plante deux buts en quelques secondes avec Ronaldo et le Real Madrid contre le Dortmund, plus limité sur le jeu, de son adversaire. Il gardera son avantage pour remporter son premier titre de champion de France, à tout juste 18 ans.
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« J’ai gagné tous mes matchs, ça s’est bien passé aujourd’hui, soufflait quelques minutes après Corentin, coupe et chèque géant des 5000 euros promis au vainqueur en mains. Normalement j’ai du mal avec le Real mais là j’ai bien joué. Je pensais être stressé mais finalement j’étais plus motivé qu’autre chose. »
Son président chez Vitality, Fabien « Neo » Devide, qui officialisait aujourd’hui un partenariat avec… Canal +, au lendemain de la victoire d’Olivier « Nino » Comont en finale de l’E-football League (compétition organisée sur FIFA également, par L’Equipe 21) pouvait sourire : « Je suis très content pour lui, c’est notre dernière recrue donc un investissement payant ! On fait un doublé historique mais il faudra continuer à travailler pour remettre ça la saison prochaine ».
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Elle débutera à la sortie du prochain FIFA. Et « Alexher » comme « Nino », « Rocky » comme « Ulquiorra », ils seront tous là. Car dans le sport comme dans l’eSport, on ne fait pas partie des meilleurs par hasard.
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