Cet article date de plus de douze ans.

En Grèce, la crise financière brise le rêve olympique

Les athlètes grecs qui participeront aux Jeux olympiques mériteront VRAIMENT votre admiration…

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les vestiaires (si, si!) de l'équipe grecque de lancer du marteau, le 3 avril 2012 à Athènes (Grèce).  (THANASSIS STAVRAKIS / AP / SIPA / AP)

Dix petits nègres version Jeux olympiques, ça se passe en Grèce. En 2004, pour les JO à la maison, la Grèce alignait 441 athlètes (contre 315 pour la France). En 2008, à Pékin, ils n'étaient plus que 159, un nombre plus cohérent avec la place du pays sur la scène sportive (323 pour la France). Mais pour les JO de Londres, ils seront 75 au mieux, la plus petite délégation héllène depuis les Jeux de Barcelone, en 1992. 

Etre athlète en Grèce, c'est vraiment du sport

L'Etat, en grande difficulté financière, a effectué des coupes sombres dans le budget du ministère des Sports, qui a drastiquement réduit les allocations aux fédérations, qui ont à leur tour sabré les aides aux athlètes et aux entraîneurs. Bref, la Grèce va la jouer low-cost à Londres : la compagnie aérienne Olympic Air (ça ne s'invente pas) a accepté de distribuer des billets gratuits aux athlètes. Le CIO avait pris en charge les déplacements de certains sportifs pour les épreuves qualificatives pour les JO. Ce qui n'a pas suffi : l'équipe féminine de water-polo, championne du monde en titre, n'a pas pu se déplacer aux épreuves qualificatives, et regardera le tournoi olympique devant la télé... alors qu'elle en était la favorite.

Dimitrios Chondrokoukis, champion du monde de saut en hauteur indoor cet hiver à Istanbul, raconte dans L'Equipe la préparation au Centre olympique d'athlétisme d'Athènes : "On n'a pas du tout eu de chauffage cet hiver, et à l'opposé, l'été, l'air conditionné ne fonctionne pas." Du coup, le père de Chondrokoukis a interdit à tout politicien de s'afficher à ses côtés lors de son retour au pays : "Aucun homme politique n'a le droit de participer au triomphe d'un athlète", s'insurge-t-il dans le Guardian (lien en anglais). Il y a huit ans, la Grèce organisait la reine des compétitions sportives. Aujourd'hui, les stades sont à l'abandon : "Regardez les stades ! Tout s'effondre !" dénonce dans Business Week la lanceuse de marteau Alexandra Papageorgiou (lien en anglais)

Le boulet des Jeux d'Athènes

Les JO de 2004 ont coûté au moins 16 milliards d'euros d'investissements publics, et encore, "les budgets initiaux sous-estiment toujours le coût de l'évènement"note la revue du FMI. Reste que le coût d'entretien de ces infrastructures (compter 50 millions d'euros annuels pour l'ensemble des installations olympiques) a été sacrifié il y a longtemps. Seuls 30% des stades construits pour la manifestation ont été reconvertis (PDF, p. 23)

Organiser des Jeux peut être un fardeau financier de longue durée : ainsi, Montréal, organisatrice des JO de 1976, a fini de rembourser les dernières dettes liées à l'évènement… en 2006.

Le relais de la flamme olympique, prévu pour mi-mai sur le mont Olympe, n'est pas concerné par ces coupes budgétaires, car financé par des sponsors (lien en anglais) et les collectivités locales. L'organisation des Jeux méditerranéens l'an prochain, pour laquelle le pays avait prévu 190 millions d'euros d'investissements, n'est plus en revanche qu'un lointain souvenir.

Il n'y a pas que les athlètes des JO qui sont frappés de plein fouet par la crise financière. Le championnat de foot local, un des fleurons du sport grec, avec des clubs aux noms aussi difficiles à prononcer que leur palmarès est fourni, comme le Panathinaïkos, l'Olympiakos ou l'AEK, est au bord du gouffre. Gouffre financier d'abord : les deux tiers des clubs du championnat versent les salaires en retard, écrit Rue89. Gouffre de crédibilité ensuite : l'UEFA enquête sur une quarantaine de matchs du championnat grec considérés comme suspects. Le problème de la corruption, endémique dans le pays, a été pris à bras le corps par le ministère de l'Economie pour récupérer le manque à gagner. Le dossier judiciaire fait 93 000 pages, d'après Athens News (en anglais).

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.