Dopage : le rapport qui assomme le sport allemand
"Le BISP (l'Institut fédéral pour la recherche sportive, ndlr) a suivi pendant des dizaines d'années une vaste campagne de tests sur des substances encourageant la performance". Explosif. D'autant plus que l'organisme en question ne dépendait ni plus ni moins... du ministère de l'Interieur. En somme, une preuve d'un système de dopage institutionnalisé et validé par les pouvoirs publics de l'Allemagne de l'Ouest. Dans le rapport de 800 pages, on apprend également que la RFA avait débloqué une enveloppe de plus de 10 millions d'euros pour produire des substances indétectables par les contrôles anti-dopage, et capables d'améliorer considérablement les performances des athlètes.
Une Allemagne unifiée... autour du dopage
Mais pourquoi avoir mis en place un si vaste système de dopage organisé ? Il s'agissait, en premier lieu, de pouvoir rivaliser avec les athlètes de l'Allemagne de l'Est, eux aussi dopés. Glâner plus de titres que la RDA était un objectif essentiel pour les pouvoirs politiques de l'Allemagne de l'Ouest. D'ailleurs, le journal rapporte une altercation, citée dans le rapport, entre un fonctionnaire du BISp et le responsable gouvernemental en charge des sports, quelques mois avant les JO de Munich de 1972 :
- "De vous, en tant que médecin du sport, je n'attends qu'une seule chose: des médailles à Munich", affirme l'homme politique.
- "Monsieur le ministre, répond le fonctionnaire, à seulement un an des jeux, comment devons-nous faire pour décrocher des médailles?"
- "Cela m'est égal", répond son interlocuteur.
- "De vous, en tant que médecin du sport, je n'attends qu'une seule chose: des médailles à Munich", affirme l'homme politique.
- "Monsieur le ministre, répond le fonctionnaire, à seulement un an des jeux, comment devons-nous faire pour décrocher des médailles?"
- "Cela m'est égal", répond son interlocuteur.
Parmi les produits cités par le journal bavarois, la piqûre "Kolbe" (du nom du rameur allemand Peter-Michael Kolbe), aura été administrée 1200 fois aux sportifs présent à Montréal, pour les JO de 1976. Pour l'heure, le rapport responsable de ce grand barouf n'a pas encore été publié. En tout cas, après les révélations de Ian Ullrich et d'Erik Zabel, qui ont tous deux admis s'être dopés lors de leur participation au Tour de France, l'Allemagne n'avait pas besoin de ça.
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