Dopage: la justice suisse "annule" la suspension du nageur chinois Sun Yang
C'est une décision qui pourrait constituer un camouflet pour la justice sportive. Le Tribunal fédéral suisse a annulé la suspension de huit ans du nageur chinois Sun Yang, prononcée en février par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui devra de nouveau arbitrer, d'après un communiqué de la plus haute instance juridique du pays publié ce jeudi. Triple champion olympique, Sun Yang avait détruit un échantillon lors d'un contrôle antidopage inopiné en 2018.
"Partialité" d'un arbitre du TAS
Le Tribunal fédéral a approuvé la demande présentée par le triple champion olympique "pour cause de partialité d'un arbitre du TAS. La décision du TAS est annulée. Le TAS devra statuer à nouveau sur le cas de Sun Yang dans une composition différente", souligne un bref communiqué. La défense du nageur chinois avait notamment mis en exergue des tweets racistes antichinois du président du panel de juges, l'Italien Franco Frattini. Le TAS avait annoncé le 28 février la suspension de l'icone de la natation chinoise pour la destruction à coups de marteau d'un échantillon lors d'un contrôle antidopage inopiné, en septembre 2018.
Cette suspension pour huit ans du Chinois était l'une des décisions les plus spectaculaires du TAS, en raison de sa sévérité et du standing du nageur, triple champion olympique et superstar dans son pays. Le nageur avait fait immédiatement appel de cette suspension devant la justice civile. Déjà contrôlé positif à un stimulant en 2014, Sun Yang a été puni pour la destruction à coups de marteau d'un échantillon lors d'un contrôle antidopage inopiné en septembre 2018.
Dans un communiqué, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a indiqué avoir été informée de la décision du Tribunal fédéral. "La décision du Tribunal fédéral suisse découle d'une contestation à l'égard du président du panel du TAS et n'inclut aucun commentaire sur le fond de l'affaire", souligne-t-elle.
"Devant le TAS, la position de l'AMA a clairement prévalu sur le fond de l'affaire", ajoute l'agence, précisant qu'elle "se tient prête à présenter à nouveau son cas de manière robuste devant un panel du TAS différent en temps voulu". Elle n'a pas non plus reçu la décision complète et motivée du Tribunal fédéral suisse et "ne peut dès lors pas s'exprimer plus en détail".
Son avocat Zhang Qihuai, qui a confirmé jeudi à l'AFP avoir eu notification de la décision de la justice suisse sans en avoir eu la teneur, avait dit l'intention de son client d'entamer des poursuites contre un inspecteur qui avait selon lui fourni de "fausses preuves" dans un communiqué. Il avait accusé également l'AMA d'avoir "falsifié les faits et abusé de son pouvoir".
"Le 28 février 2020 a été un jour sombre", avait encore jugé Zhang Qihuai. "Il montre la scène du mal qui terrasse la justice et du pouvoir qui se substitue à l'évidente vérité", a-t-il ajouté. "Ce jour-là, le TAS a fermé les yeux sur les règles et les procédures, fermé les yeux sur les faits et les évidences, et accepté tous les mensonges et les fausses preuves."
Lors de l'audience, le nageur a argué que les contrôleurs n'avaient pas produit "les documents prouvant leur identité". Ce qui n'avait pas été retenu par le TAS. Pour le Tribunal, véritable "cour suprême du sport", le sportif n'avait "pas établi qu'il avait une explication valable pour détruire son échantillon" et "il ne (lui) revenait pas de décider seul qu'un contrôle antidopage devait être invalidé et un échantillon détruit."
La suspension de Sun avait été saluée par de nombreux sportifs. L'Australien Mark Horton avait refusé de lui serrer la main et de monter sur le podium du 400 m libre à Gwangju (Corée du Sud). Le Britannique Duncan Scott, en bronze sur 200 m, avait aussi refusé de serrer la main du natif de Hangzhou, près de Shanghaï.
"Bravo le TAS! Bonne décision, avait tweeté en février le Sud-Africain Chad Le Clos, vice-champion olympique du 200 m en 2016, derrière Sun. Comme beaucoup d'autres nageurs propres, j'ai couru contre Sun Yang et 'perdu'. Les tricheurs n'ont pas leur place dans le sport." David Sharpe, qui dirige l'Agence antidopage australienne, avait estimé pour sa part que l'arbitrage du TAS restaurait "la confiance dans le système antidopage".
L'affaire de l'échantillon détruit avait atterri devant le TAS après un recours de l'AMA contre de précédentes conclusions controversées de la Fédération internationale de natation (Fina), qui avait blanchi Sun Yang pour vice de forme.
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