Vuelta 2022 : Julian Alaphilippe doit jongler entre ses ambitions personnelles et un rôle de coéquipier modèle

Depuis sa dernière participation à la Vuelta, en 2017, Julian Alaphilippe a eu le temps de vivre 1 000 vies. Entre-temps, le puncheur français est devenu double champion du monde, il a glané une demi-douzaine de classiques, empoché six étapes du Tour de France où il a revêtu à 18 reprises le maillot jaune. Cinq ans après, son retour sur les cols espagnols s'inscrit pourtant dans une saison particulièrement frustrante. Que peut espérer le maillot arc-en-ciel sur cette course qui s'élance des Pays-Bas, vendredi 19 août ?

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— Julian Alaphilippe Officiel (@alafpolak1) August 11, 2022

En 2017, Alaphilippe était reparti avec une victoire d'étape. Il a répété cette performance sur les quatre Tours qu'il a disputés par la suite. Dès lors, se fixer la même ambition relève, à première vue, de l'évidence. Quelques profils accidentés, en particulier en première semaine, pourraient convenir à ses qualités de baroudeur. Mais sa forme physique interroge, quatre mois après sa grosse chute sur Liège-Bastogne-Liège. Ecarté du Tour de France par sa formation car insuffisamment remis de ses blessures, "Alaf" a repris fin juillet, avec enthousiasme puis frustration.

D'abord vainqueur de la première étape du Tour de Wallonie au mur de Huy, là où il a gagné trois fois La Flèche wallonne (2018, 2019, 2021), Julian Alaphilippe a quitté la compétition le surlendemain, à cause d'un test positif au Covid-19. "J'étais vraiment à plat", a-t-il confié avant son retour au Tour de Louvain, début août. Sur le Tour de l'Ain, quelques jours plus tard, il n'a pas été en mesure de jouer la gagne.

Préparer les Mondiaux et le Tour de Lombardie ?

Mais le Français y a tout de même "pris du plaisir", se mêlant à quelques échappées, comme à son habitude. Le voir dans ce rôle de puncheur sur cette Vuelta coule de source. "Je ne suis peut-être pas encore à 100% de ma condition physique, mais mon mental est au top", a-t-il déclaré à L'Equipe au matin du départ;

"J'attends quelque chose de lui, et pas seulement au service d'Evenepoel", a précisé Patrick Lefevere, le patron de la formation Quick-Step Alpha Vinyl, dans un entretien pour le média belge DeMorgen (article en néerlandais). Le jeune Remco Evenepoel a en effet été désigné leader pour le classement général.

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— Quick-Step Alpha Vinyl Team (@qst_alphavinyl) August 15, 2022

La liberté laissée à Alaphilippe dépendra, en partie, de la position du Belge au général. En l'état, Evenepoel ne dispose d'aucune réelle référence sur une course de trois semaines. Sa seule participation à un Grand Tour, le Giro 2021, s'est soldée sur un abandon. Après un début prometteur, Evenepoel avait complètement craqué, pointant à une heure du maillot rose Bernal.

Si son coéquipier, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège et de la Clasica San Sebastian cette année, est dans le coup, Julian Alaphilippe se mettra à son service. Un exercice auquel le Français, davantage friand du rôle d'électron libre, n'est pas franchement habitué. De là à abandonner ses ambitions personnelles ? "Ce n'est pas forcément difficile de concilier les deux", a-t-il prévenu.

Son patron Patrick Lefevere n'a pas manqué de lui mettre une certaine pression à ce sujet. "Il a couru le Tour en fonction des championnats du monde, a-t-il taclé, en référence à l'exercice 2021. Vous pouvez le faire une fois, mais en principe, je ne le paie pas pour ça." D'un point de vue strictement individuel, il est pourtant difficile d'imaginer qu'Alaphilippe ne rêve pas d'un troisième sacre mondial d'affilée, en Australie fin septembre. Cette Vuelta permettra, en ce sens, d'évaluer sa forme. Si celle-ci est optimale, il pourra se hisser à l'assaut du Tour de Lombardie, dernier monument de la saison, début octobre.