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Thibaut Pinot en reconquête sur la Vuelta

Un mois tout juste après son arrivée dans un relatif anonymat à Paris, bien loin de ses ambitions initiales, Thibaut Pinot repart à l’abordage sur la Vuelta. Dès mardi, le grimpeur franc-comtois va s’atteler à sauver sa saison et remporter sa première victoire cette année.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG)

Le Tour de France, ses désillusions et son scénario si cruel, sont derrière lui. Thibaut Pinot fait peut-être encore quelques cauchemars de cette chute lors de la première étape à Nice ou de lutte contre ses propres douleurs au dos lors de la 8e à Loudenvielle. Mais l’homme n’est pas du genre à s’écarter sur le bas-côté lorsque son objectif principal s’évapore en un instant. En mettant un point d’honneur à terminer le Tour, Pinot a combattu la facilité.

En s’engageant sur la Vuelta mardi, il se donne une nouvelle chance de rêver. Cette fois, plus personne ne visera l’objectif à sa place, avec les attentes et la pression que cela engendre. Loin des lumières scintillantes du Tour, face à une concurrence amaigrie mais toujours affamée, Pinot peut terminer sur une bonne note cette si étrange année 2020. Alors, à quoi devons-nous nous attendre de Thibaut Pinot sur cette 75e édition du Tour d’Espagne ?

• Un plateau délesté de favoris 

Exit le menu gargantuesque du Tour de France. Sur cette Vuelta, les vainqueurs potentiels et crédibles se comptent sur les doigts d’une main : Primoz Roglic et Tom Dumoulin (Jumbo-Visma) et Richard Carapaz (Ineos-Grenadiers). Roglic et Carapaz ont chacun gagné un Grand Tour l’année dernière (la Vuelta pour Roglic, le Giro pour Carapaz) et ont suffisamment d’équipiers de haut standing pour diriger la course (Kuss, Bennett, Gesink pour Roglic et Dumoulin, Froome, Amador et Sosa pour Carapaz). Avec deux leaders, Jumbo-Visma laisse d'ailleurs volontairement le flou sur ses intentions. "C'est le déroulement de la Vuelta qui décidera qui est notre leader. Notre équipe a deux favoris à la victoire finale, l'un d'eux est le vainqueur sortant. Cela nous assure que les autres vont nous observer.", explique le directeur sportif Grischa Niermann.

Derrière, Enric Mas et Alejandro Valverde (Movistar), l'énigme Alexander Vlasov (Astana) voire le résilient Guillaume Martin (Cofidis) sont des candidats au podium, mais Pinot n’a rien à leur envier. A la régulière, le grimpeur de Groupama - FDJ joue yeux dans les yeux avec les deux cités plus haut qu’avec ceux-là. La désertion générale dans cette année si particulière lui ouvre - peut-être encore plus que lors du Tour de France - la voie vers un premier succès en Grand Tour.

Mais une fois ce constat posé, tournons-nous vers le premier intéressé : meurtri par son dos sur la Grande Boucle, est-il suffisamment remis pour viser une place au classement final ? "C'est peut-être la première fois que j’arrive sur un grand tour sans l’optique du classement général et avec beaucoup d’interrogations sur ma condition, a relativisé Thibaut Pinot en conférence de presse lundi, à la veille du départ. J’espère retrouver des sensations et une forme acceptable. Mon dos, depuis le Tour de France, n'est pas rétabli à 100%, c'est un peu l'incertitude que j'ai au départ de la Vuelta."

Primoz Roglic lors de la 20e étape du dernier Tour de France. (CHRISTOPHE ENA / POOL)

• Une équipe moins dense que sur le Tour

C’est là où le bât peut logiquement baisser. Dans une équipe presque entièrement remaniée par rapport au Tour, Pinot n’a à sa disposition que le prometteur David Gaudu et - dans une moindre mesure - Bruno Armirail pour l’accompagner dans les cimes. Les valeureux Le Gac, Roux et Ladagnous seront eux d’une aide précieuse dans la plaine, un secteur de course pas moins important dans l’histoire récente de Pinot sur les Grands Tours.

Mais sur cette Vuelta, Pinot n’a sans doute pas besoin de Valentin Madouas ou Sébastien Reichenbach pour le tracter. Bien plus que le Tour, la Vuelta est une course de mouvements et de côtes, où les favoris n’hésitent pas à s’expliquer plusieurs jours d’affilée. Dans cette optique, la forme du leader revêt bien plus d’importance que la force collective d’une équipe. De quoi donner des indices sur les ambitions de la Groupama-FDJ : miser sur Pinot oui, mais pas forcément avec le seul lièvre du classement général. De quoi ouvrir la voie à ce que plusieurs souhaitaient : voir David Gaudu se battre pour le général sur un Grand Tour. "Je suis là pour aider David (Gaudu) et apporter mon expérience, détaille Thibaut Pinot. On a une belle équipe, j’ai confiance en David (Gaudu) pour faire un bon résultat et moi, pourquoi pas aller chercher des étapes en deuxième et troisième semaine."

• Un chrono qui peut lui convenir

Le temps où un contre-la-montre pouvait être réellement défavorable à Thibaut Pinot n’est plus. Le Franc-comtois l’a encore montré sur le Tour : il ne craint plus l’exercice solitaire et en fait même parfois une force. Sa 19e place à La Planche des Belles Filles, dans un contexte local favorable mais avec un physique meurtri est là pour en attester. Sur cette Vuelta, Pinot ne sortira qu’une seule fois le vélo aux prolongateurs. 

Ce sera lors de la 13e étape en Galice, tout proche de Saint-Jacques de Compostelle. Un effort solitaire de 33,7 kilomètres, sauf la bosse de fin qui est… monstrueuse : 1,8 km à 14,8% de moyenne ! Un mur comme la Vuelta aime en abuser. Certes, la montée est courte, mais sa pente pourrait brûler les cuisses d’un Carapaz par exemple, qui avait fini à 3’45'' derrière Pinot à la Planche des Belles Filles.

Thibaut Pinot lors du contre-la-montre du Tour de France 2020. (MARCO BERTORELLO / POOL)

• Une période plus favorable que l’été ?

Si les conditions de cette Vuelta, disputée en partie en novembre, n’ont rien d’idéal pour les coureurs au vu des températures réfrigérantes entrevues sur le Giro, Pinot pourrait en faire contre mauvaise fortune bon coeur. Lui qui redoute les chaleurs caniculaires fréquentes l’été devrait trouver un mercure plus à sa convenance en Espagne, là où beaucoup de favoris habitués à une Vuelta sous l’été indien en septembre pourraient déchanter. "Forcément, il y a un souci en moins avec la météo, avoue-t-il. On va avoir des températures qui sont pour l’instant correctes, c’est une bonne chose pour moi."

L’avantage comporte aussi nécessairement des risques : celui de bousculer plus fréquemment sa fragilité physique aux maladies. Les hauteurs de l’Angliru (1 590 mètres d’altitude) ou l’Alto de la Covatilla, dernière ascension de la Vuelta, située à près de 2 000 mètres d’altitude que les coureurs escaladeront un… 7 novembre.

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