Voeckler: "Aller au bout de ma souffrance"
- Estimez-vous toujours vos chances de victoire finale à zéro ?
- "Sincèrement oui. Comme tout le monde en parle, je me demande si c'est moi qui ai raison de ne m'accorder aucune chance ou vous qui avez raison d'en parler. Depuis 2004, où j'ai eu la chance d'être sous le feu des projecteurs, je sais comment ça marche, ça fait du bien en France de penser qu'un Français peut gagner le Tour. Mais je suis certain de ne pas être celui-là."
- Comment vous sentez-vous ?
- "Beaucoup mieux qu'après l'étape du Plateau de Beille. J'ai passé une bonne nuit. Hier (dimanche), j'étais dans un sale état. Si ça avait été une étape de montagne, j'aurais fini à un quart d'heure."
- Et la fatigue psychologique ?
- "Heureusement, j'ai vécu 2004. On gère beaucoup plus qu'à l'époque, pour moi et encore plus le staff. La ligne franchie, je préfèrerais me doucher et aller à l'hôtel avec les collègues... Mais on ne peut pas tout avoir. (La médiatisation) c'est un passage obligé. En 2004, j'étais content qu'on s'intéresse à moi. Là, je mentirais si je disais que je prends énormément de plaisir, ça fait partie du métier. La tranquillité est quelque chose d'important pour moi."
- Ressentez-vous la pression ?
- "Je ne suis pas là pour gagner le Tour. On arrive dans les Alpes, c'est le moment pour les coureurs qui sont là pour gagner le Tour. Moi, j'ai juste une obligation morale envers mes coéquipiers qui ont tout donné, l'obligation d'aller au bout de ma souffrance. Et, quand ça ne marchera plus, ça ne marchera plus... Si je perds le maillot demain, ça ne m'empêchera pas d'être tranquillement chez moi, lundi, avec mon épouse et mes enfants."
- Qui a la clé du Tour ?
- "Pour moi, c'est Evans, à cause de sa supériorité dans le contre-la-montre."
- Au Dauphiné, vous aviez perdu moins de deux minutes sur Evans...
- "J'étais très mal parti. Brajkovic m'a rattrapé à 20 kilomètres de l'arrivée, j'ai réussi à finir avec lui en point de mire. Je suis très nul en contre-la-montre. Si j'ai un objectif devant moi, j'arrive à faire beaucoup mieux. Mais je pense qu'Evans sera plus fort (au Tour) qu'au Dauphiné."
- Et vous-même ?
- "Je me suis surpris au Plateau de Beille. J'espère être meilleur qu'au Dauphiné sachant que d'ici là (samedi), j'aurai peut-être 'craqué' un grand coup..."
- Le regard des autres a-t-il changé sur vous ?
- "Je ne sais pas, je m'occupe de moi."
- Regrettez-vous d'avoir autant couru en début de saison ?
- "Je me demande comment j'arrive à faire cela. J'ai beaucoup couru. En tout et pour tout, j'ai fait une semaine sans vélo après les Quatre Jours de Dunkerque. J'en ai profité pour tout remettre en ordre chez moi pour l'arrivée de la petite (son deuxième enfant, ndlr). Mais je ne regrette pas. Ce que j'aime, c'est la compétition. Je fais du vélo à ma façon, comme j'aime. Chacun a son approche. Et puis je suis déjà parti de la maison 170 jours dans l'année. Pour des courses, d'accord, pour le reste... "
- Votre équipe ?
- "On a un très bon groupe qui s'entend super bien. Il peut y avoir des petits coups de gueule, l'essentiel est de les régler. Il y a une grosse différence entre faire son travail parce qu'on doit le faire et parce qu'on en a envie. Les gars ont très envie, ils donnent le meilleur. Ces moments-là, on ne nous les enlèvera pas."
- Que faudrait-il pour gagner le Tour ?
- "Je ne sais pas... il faudrait que j'ai le maillot jaune à Créteil (départ de la dernière étape) !"
- Que pensez-vous de l'inquiétude des "grands" à votre égard ?
- "La question montre très bien que je ne suis pas comme eux (un grand) ! Je vais essayer de suivre. Si justement ils sont grands et moi petit, ils n'ont pas à être inquiets..."
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