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Vis ma vie de mécanicien sur le Tour de France

Cent heures de travail hebdomadaire et un rôle primordial bien que méconnu. Pour les mécaniciens aussi, le Tour de France est la course la plus importante de l'année. Rencontre avec l'un d'eux, "mécano" pour l'équipe Fortuneo-Vital Concept.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Le Tour de France est un spectacle. Et comme tous les spectacles, il a ses petites mains qui œuvrent dans l’ombre pour que sur le devant de la scène les acteurs puissent briller de mille feux. Assistants, soigneurs, médecins mais aussi mécaniciens sont ces petites mains de la Grande Boucle. Les vélos des coureurs, prolongements naturels du corps de ces athlètes de très haut niveau, sont bichonnés trois semaines durant par ceux que l’on appelle affectueusement les « mécanos ». Grégory Guédon, dit « Biquet » est l’un des trois de la formation Fortuneo-Vital Concept, l’une des plus modestes (financièrement) du peloton. « Nous travaillons cent heures par semaine, explique-t-il. Sur une course normale c’est 80 heures mais le Tour c’est le Tour et les contraintes sont particulières ».

La sécurité des coureurs dépend d'eux

La journée d’un mécanicien commence avant celle d’un coureur et se termine après. Dès 7h30, Grégory, Nicolas et Julian préparent les vélos Look, une marque française référence, de l’équipe bretonne Fortuneo-Vital Concept. « Nous gonflons les roues selon les demandes de chaque coureur puis nous installons les machines sur la galerie », détaille Greg. La « galerie » c’est ce que voient les spectateurs sur le toit des véhicules des équipes. Comme pour le reste, pas de place pour le hasard, les vélos des coureurs protégés sont placés sur les côtés pour un dépannage plus rapide. A quelques minutes du départ, les freins et les roues sont vérifiés pour rassurer tout le monde. « La sécurité des coureurs est primordiale et dépend aussi de la machine », reconnaît Greg.

Lorsque les coureurs jouent leur partition, les mécanos ne sont jamais bien loin. Chez Fortuneo-Vital Concept, les rôles changent tous les jours. Un mécanicien dans la voiture numéro 1, appelée à prendre place derrière une éventuelle échappée, un autre dans la voiture numéro 2, en queue de peloton, et un autre dans le camion qui file directement à l’hôtel du soir et reste hors course. « Il y a plus de pression dans la voiture à l’avant », explique Nicolas Deshaies, collègue de Grégory. Un dépannage raté en course peut faire perdre énormément de temps à un coureur. Pour le reste, le mécanicien aide au ravitaillement en course tout au long de l’étape.

"Une partie de l'histoire du Tour"

Le soir, le trio se retrouve à l’hôtel des coureurs et une nouvelle fois les tâches sont partagées : le premier lave les vélos et les voitures quand les deux autres vérifient chaque centimètre carré des machines pour que celles-ci soient comme neuves pour l’étape du lendemain. Tout y passe. Quand on a de la bouteille comme Grégory, l’opération prend environ une demi-heure, « deux heures trente s’il faut changer le cadre », ajoute « Biquet ». Dans le détail, il faut resserrer le guidon, la potence, régler les freins et le dérailleur – au millimètre près -, graisser la chaîne et l’inspecter, changer la guidoline… Surtout, il faut être à l’écoute des coureurs qui font des retours à leurs mécanos tous les soirs après l’étape. Commencée depuis 7h30, la journée d’un de ces hommes ne se termine jamais avant 22 heures ou 22 heures trente et peut aller plus loin si un vélo a été cassé dans la journée.

Éreintant, le boulot d’un mécano l’est d’autant plus au sein de Fortuneo-Vital Concept pour une raison simple : « nous sommes trois mécaniciens, la normale ailleurs c’est quatre et chez Sky, ils sont cinq, énumère Grégory. Le but est de faire le même travail mais le danger, c’est la fatigue qui s’accumule ». Sous-estimé, le boulot des mécaniciens est primordial. Greg le résume ainsi : « nous détenons une partie de l’histoire du Tour ».

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