Un Tour historique
Cadel 1er
Certains diront quil a mis le temps. Dautres que ce nest que justice. A 34 ans, Cadel Evans récolte enfin les fruits de son travail et de son comportement exemplaire chez les professionnels. Oublié léchec de 2008 où il avait coincé dans le contre-la-montre final face à Carlos Sastre. En 2011, lAustralien avait rendez-vous avec son destin. Formidable tacticien, Evans est allé chercher un sacre logique en roulant à contre-courant face aux attaques des Schleck et de Contador. « De la manière dont il a géré le Tour 2011, il est allé le chercher, analyse Stephen Roche, vainqueur du Tour en 1987. On a vu dans létape que gagne Schleck (ndlr : Pinerolo-Galibier) quil navait pas beaucoup dallié dans le peloton. Il a fait le boulot tout seul dans le final. Quand il crève dans la montée du Galibier le lendemain, il a quand même bouché 130. Schleck a encore attaqué au pied de lAlpe et il a réussi à maintenir les écarts. Enfin, dans le contre-la-montre samedi, il a réalisé quelque chose dexcellent. » Timide, Cadel Evans a forcé sa nature et reçoit en cadeau ce« maillot jaune après 20 années de travail ». Premier Australien àremporter le Tour, Evans réalise son rêve et peut espérer le prolonger dès lannéeprochaine. Il connaît le chemin.
Jackpot pour Europcar
A quelques heures près, tout aurait pû sarrêter. Exit léquipe professionnelle de Jean-René Bernaudeau. Exit Thomas Voeckler, attendu avec un tapis rouge par Cofidis. Exit lespoir Pierre Rolland. La persévérance a fini par payer et Europcar est arrivé. Pas avec de gros moyens mais ça pourrait changer. Cest peut-être dans ladversité quest né ce formidable esprit collectif des petits hommes verts. Guerrier exemplaire, Thomas Voeckler a entraîné tous ces coéquipiers dans une année exceptionnelle couronnée par un Tour de France incroyable. Héros heureux de la tragique étape de St-Flour (ndlr : deux coureurs renversés par une voiture de France Télévisions), lAlsacien sest paré de jaune pour la deuxième fois de sa carrière. Son dernier bail en 2004 avait duré dix jours. Il a remis le couvert en 2011 poussant cette fois son talent jusquà rester en jaune à trois jours de Paris. Quatrième sur les Champs-Elysées, Voeckler est certainement devenu le coureur le plus populaire depuis Richard Virenque. Europcar aurait pu se contenter de ce bilan flatteur. Il a carrément explosé avec la révélation Pierre Rolland, vainqueur à la pédale dans lAlpe dHuez et maillot blanc du meilleur jeune. A 24 ans, cest sûr, son Tour va venir !
Il faudra compter avec les Français
Quatre étapes en 2010. Une seule en 2011. Une régression ? Non car les Français nont jamais autant brillé sur « leur » Tour depuis plus de vingt ans. Il ny a pas encore de successeur à Bernard Hinault (1986) mais on sen rapproche. Voir un Français en jaune si près de Paris est une grande première. On navait plus vu ça depuis le contre-la-montre fatal à Laurent Fignon en 1989. Mieux, on retrouve cette année cinq tricolores dans le top 15 final (Voeckler 4e, Peraud 10e, Rolland 11e, Coppel 14e et Jeannesson 15e) Est-ce le signe dun cyclisme revenu à échelle humaine ? On lespère. « Cet hiver, on nous a dit quon était une sous-nation, quon avait reculé dans la hiérarchie mondiale, explique Jean-René Bernaudeau. On avait aussi dit que les classements nétaient pas facile à comprendre parce quun seul coureur comme Andy Schleck pouvait ramener seul pays au sommet. Aujourdhui, le cyclisme français retrouve une place quil naurait jamais dû quitter. Quand le cyclisme français gagne des Coupes du monde en espoir. Quand le cyclisme français a des champions du monde espoirs et junior. Ça veut dire quon est bon. Quand il y a des choses illogiques, il faut être patient. » Pierre Rolland, la « Rockstar » de Lance Armstrong, sest lui affirmé dans lAlpe dHuez comme un grand, légal des Contador, Schleck, Evans et Sanchez en montagne. Sil demande encore du temps pour aller chercher un premier podium, il vient de susciter une énorme attente. Aux autres de le suivre sur cette voie du renouveau. « Quand Rolland attaque Contador et Sanchez dans lAlpe dHuez, ça veut tout dire, ajoute Bernaudeau. Il donne un message aux autres équipes françaises : il faut y aller. » Allez-y !
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