Milan-Sanremo en quête d'identité
L'ATTENTISME RECOMPENSE. "Sur ce parcours, ce n'est pas possible de distancer les sprinteurs", a déploré l'Italien Vincenzo Nibali, le seul à mener une échappée dans les 30 derniers kilomètres. Les équipiers des sprinteurs, qui étaient encore présents dans le premier peloton pourtant écrémé par la longueur de la course, la pluie et le froid, ont annihilé son attaque. "Il manquait une côte dans le final", a estimé le Suisse Fabian Cancellara, qui n'a pas tenté de coup de force dans le Poggio, la dernière difficulté. Pour donner une chance aux plus offensifs ou à tout le moins réduire le groupe qui se dispute la victoire dans les rues de Sanremo.
Ces dernières années, les sprinteurs se taillent la meilleure part dans la "classicissima", fidèle à sa tradition. Mais les meilleurs spécialistes trouvent à chaque fois leur maître sur le Lungomare Italo Calvino. Hormis l'édition 2012 (trois coureurs échappés), les vainqueurs ont pour nom l'Australien Matt Goss (2011), l'Allemand Gerald Ciolek (2013) et enfin Kristoff, qui ont pour point commun d'avoir surgi dans les 200 derniers mètres. Trois coureurs connus, déjà nantis d'un palmarès mais loin de partir favoris et d'avoir à assumer la responsabilité de la course.
UNE AUTRE IDENTITE. Lassés de ce type de dénouement, les organisateurs avaient programmé un changement radical pour la 105e édition de la Primavera. Une nouvelle côte (Pompeiana), située avant le Poggio, devait chambouler la donne et faire pencher la balance du côté des puncheurs, voire des... grimpeurs. Les intémpéries sur le littoral de la mer Ligure et le véto des autorités ont interdit ce projet qu'ils restent déterminés à mener à bien. Si la Pompeiana est rajoutée au final, la course change d'identité. "Il ne sera pas possible de récupérer avant le Poggio", pronostique le vétéran italien Alessandro Petacchi (40 ans), sur la même ligne que le Britannique Mark Cavendish et l'Allemand Andre Greipel.
"Attention à ne pas dénaturer une légende, à en faire un pur produit commercial", estime toutefois le directeur sportif de l'équipe FDJ.fr, Martial Gayant, qui pointe l'importance des télévisions et la tendance vers le sensationnalisme: "On recherche l'émotion forte, le spectacle permanent. Et donc, des routes étroites, très sinueuses, propices aux accrochages et aux chutes." "Milan-Sanremo a toujours eu un parfum pour les sprinteurs, résume-t-il. S'il s'agit de faire gagner un grimpeur, cela risque de devenir complètement différent. Comme si on enlevait des pavés à Paris-Roubaix ou des côtes à Liège-Bastogne-Liège..."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.