La saga Tom Boonen : Doublé sur les pavés, un nouveau roi est né
On entre dans le cyclisme comme on entre en religion aime à dire Marc Madiot, l’emblématique ancien coureur français et patron de l’équipe FDJ. Dans les Flandres, c’est sur les pavés qu’on monte vers le ciel. Une ascension vers le royaume des dieux où trônent les Merckx, Leman, Van Loy, De Vlaeminck, Museeuw, Van Petegem. En Belgique, Tom Boonen est devenu un demi-dieu le 3 avril 2005. Sa moisson dans les semi-classiques l’avait propulsé au rang de grand espoir flahute. Il ne lui manquait qu’une épopée mystique pour asseoir sa légende. Ce sera lors du Tour des Flandres. Un monument du cyclisme avec ses monts, ses pavés et son paradis au bout d’une ligne droite en faux-plat montant sur la petite commune de Meerbeke (ndlr : de 1973 à 2011). En 2004, Boonen a vu tous les bénéfices que procurait sa préparation sous le soleil brûlant du Qatar dans le Golfe persique. Loin du froid et du vent, il peut soigner son explosivité et son endurance. Après cette première participation au Tour du Qatar, Boonen décroche la victoire sur le GP E3 puis Gand-Wevelgem. L’année suivante il remet ça sur l’E3 et se présente au départ du « Ronde » avec l’étiquette de favori au même titre que Peter Van Petegem, Erik Zabel, Andreas Klier, George Hincapie, Stijn Devolder et Alessandro Ballan.
Un premier "Ronde" à l'instinct
Sa rapidité sur les sprints lui permet de rester dans une position d’attente jusque dans le final. Quand l’écrémage se produit dans le Valkenberg, ils ne sont plus que six en tête. Sous l’impulsion de Boonen, un groupe royal se forme avec Van Petegem, Ballan, Zabel, Klier et Petito. Malgré les attaques de ses rivaux dans le mur de Grammont, « Tommeke » ne s’affole pas. Personne ne s’attend à le voir bouger avant le sprint final. C’est pourtant lui qui contre la tentative de Van Petegem après le sommet du Bosberg à 9 km de l’arrivée. L’attaque est si tranchante qu’elle rompt le fil avec ses compagnons d’échappée. A 24 ans, Boonen file vers sa première grande victoire. « Impressionnant », « Une première qui en annonce d'autres », « Un champion au-dessus du lot », la presse belge tombe sous le charme de ce géant de 1m92. « Je n'avais pas le choix, explique-t-il après l’arrivée. Zabel, Klier et Van Petegem, sans parler de Ballan pouvaient me jouer un mauvais tour au sprint. J'ai anticipé sans réfléchir. J'ai suivi mon instinct car je me sentais très fort. J'aurais pu abdiquer, me relever, attendre le sprint : je n'y ai jamais pensé. Je n'ai pensé à la victoire qu'à 500 m de l'arrivée, pas avant, parce que je n'imaginais pas résister à un groupe de poursuivants dont je connaissais forcément la composition. »
VIDEO : Boonen remporte son premier Tour des Flandres
Il plonge à la corde...
Irrésistible, Boonen le sera également une semaine plus tard dans l’enfer du Nord, appellation non usurpée malgré l’amputation de la Tranchée d’Arenberg qui s’était affaissée par endroit à cause de l’effondrement de galeries d’anciennes mines voisines. Les mines, c’est le Belge qui va les poser dans le secteur du carrefour de l’Arbre. Mains vissées sur le haut du guidon, Boonen achève l’explosion du groupe de tête initié par Juan Antonio Flecha. Ils ne sont plus que trois à tenir le haut du pavé à l’entrée du Vélodrome puisque George Hincapie s’est accroché aux roues du coureur de la Quick Step. Quand Boonen plonge à la corde dans le dernier virage, plus personne ne peut lui contester la victoire. Les bras tendus vers le ciel, il entre définitivement dans la cour des grands en réalisant le doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix.
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