Tour des Flandres : Valentin Madouas, un podium qui confirme son nouveau penchant pour les pavés
En terminant sur le podium (3e) du "Ronde", le Breton de l'équipe Groupama-FDJ a confirmé sa montée en puissance sur les classiques flandriennes.
Anthony Turgis, Christophe Laporte, Florian Sénéchal : la France comptait plusieurs cartouches pour jouer devant sur la 106e édition du Tour des Flandres finalement remportée par Mathieu van der Poel. Mais un Tricolore, moins attendu que ses compatriotes, s'est illustré en la personne de Valentin Madouas, troisième derrière Dylan van Baarle.
La performance est aussi rare que remarquable pour un coureur français. Le cycliste de la Groupama-FDJ (25 ans) est seulement le quinzième français à monter sur le podium du Tour des Flandres, le premier depuis Sylvain Chavanel (2e en 2011). "Pour moi, c'est magnifique de faire un podium sur un Monument, savourait-il après le passage de la ligne. Il n'y a pas la victoire mais c'est l'une de mes plus belles journées de vélo."
Seul à suivre van der Poel et Pogacar
Le Brestois s'est même vu gagner sur les derniers mètres de la longue ligne droite d'Audenarde. Revenu de nulle part avec Dylan van Baarle, Valentin Madouas a déboité sur la droite de Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar. "Dans le sprint, j'ai des crampes quand je me mets en danseuse, je dois me rasseoir malheureusement, souriait-il à l'arrivée. Ce sont des détails qui font que j'arrive pas à gagner la course."
"Avec la vitesse que j'avais, j'y ai vraiment cru un moment. Les jambes ont parlé et elles m'ont dit de m'asseoir."
Valentin Madouasaprès la course
Une bonne heure plus tôt, le Breton a compris qu'il était en bonne forme quand il a été le seul, avec Mathieu van der Poel, à suivre la violente accélération de Tadej Pogacar dans le Koppenberg, à 44 kilomètres de l'arrivée. A quoi pense-t-on alors dans ces moments quand l'acide lactique brûle chaque portion du corps ? "On essaie de donner le maximum dans tous les monts, répond Valentin Madouas. C'est tellement difficile, ça fait tellement mal aux jambes. On réfléchit à son effort pour ne pas exploser mais en étant à la limite quand même pour ne pas lâcher."
"Malheureusement, il me manque un peu de jambes dans le Vieux Quaremont pour suivre les deux coureurs (van der Poel et Pogacar, ndlr), regrettait-il. J'ai fait un peu trop d'efforts dans la journée." Lors de l'avant-dernière difficulté du jour à 19 kilomètres de la ligne, Madouas a craqué, laissant Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar s'échapper. Avant de les retrouver au prix d'un violent effort avec Dylan van Baarle alors que les deux prétendants à la victoire se marquaient dans le dernier kilomètre.
Révélation sur les Flandriennes
Après un hiver miné par le Covid-19 et une bronchite, sa troisième place du jour confirme et récompense sa montée en puissance durant ce printemps flandrien. Déjà 7e au GP E3 puis 11e d'A travers la Flandre, mercredi, le Finistérien a montré de bonnes dispositions sur les pavés. "Ça s’est plutôt fait facilement, assurait-il sur le site officiel de la formation Groupama-FDJ, samedi. On a de très bons coureurs dans l’équipe et un super encadrement qui nous permet de pouvoir appréhender au mieux ces courses-là. Ils connaissent parfaitement les parcours, savent où il faut être placé, où la course va se jouer." Preuve de la densité du collectif, son équipier Stefan Küng a pris la cinquième place.
Des qualités que l'on ne soupçonnait pas spécialement malgré, déjà, sa 14e place sur son premier Tour des Flandres en 2020. "Il m’avait manqué un petit quelque chose, mais j’étais là, dans le final, et j’étais content de ma performance", poursuivait-il.
"Je me suis alors dit que je devais y retourner car ces courses pouvaient me correspondre, du fait qu’elles sont très ouvertes, qu’il y a beaucoup de mouvements et qu’elles se déclenchent tôt."
Valentin Madouassur le site internet de l'équipe Groupama-FDJ
Depuis le début de sa carrière professionnelle en 2018, le protégé de Marc Madiot s'illustrait davantage en montagne ou sur les classiques ardennaises, plus vallonnées. Il avait notamment terminé 13e de son premier grand Tour sur le Giro 2019, 8e de l'Amstel Gold Race en 2019 et surtout 13e des championnats du monde à Louvain, en 2021, après un énorme travail pour le vainqueur Julian Alaphilippe.
Les Flandriennes lui conviendraient-elles finalement mieux que les Ardennaises ? "Je pense que les Flandriennes peuvent mieux me correspondre, confirmait-il avant le Ronde. Sur toutes ces courses il faut être fort, mais sur les Flandriennes, beaucoup d’autres paramètres entrent en ligne de compte : la tactique, la chance, la vision de la course…"
En revanche, il manque souvent un petit quelque chose pour lui permettre de gagner plus régulièrement. Il compte seulement deux victoires professionnelles sur Paris-Bourges (2018) et la Polynormande la saison passée. Deux classiques à la concurrence moins relevée.
"Il faut passer devant Jacky"
Son podium sur le Tour des Flandres devrait lui donner énormément de confiance mais aussi des idées pour l'avenir. "Je suis battu par des coureurs plus forts, ça se joue à rien mais dans les prochaines années, j'espère que je les devancerai sur la ligne, affirmait-il avec ambition avant la cérémonie du podium. Il faut essayer de passer devant Jacky (Durand). On va essayer d'y arriver au moins un jour, ce serait magnifique et il faut y croire."
L'histoire serait belle si Valentin Madouas venait à succéder, un jour, à Jacky Durand. Le dernier vainqueur français du Tour des Flandres en 1992 connaît depuis ses plus jeunes années le Breton pour avoir été coéquipier de son papa, Laurent Madouas, pendant plusieurs saisons dans les années 90.
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