Tour de France : on a pensé à sept reconversions possibles pour Thomas Voeckler
Un dernier Tour de France et puis s'en ira. Après 17 saisons chez les pros, Thomas Voeckler va quitter le peloton fin juillet. Franceinfo a quelques idées à lui suggérer pour sa nouvelle vie.
Cette fois, ce n'est pas sa langue, mais sa révérence que Thomas Voeckler s'apprête à tirer. Le chouchou du public ne sera bientôt plus cycliste. Un quinzième et dernier Tour de France, avant de décrocher des cale-pieds. A 38 ans, et après 17 saisons chez les professionnels, que va-t-il bien pouvoir faire désormais ? Franceinfo lui a déniché sept reconversions possibles. Des voies très éloignées du vélo, que d'autres coureurs français ont choisi de prendre avant lui.
Pilote de ligne
Bruno Cornillet n'a pas pu oublier ce moment. "La première fois où je suis passé du guidon de vélo au manche d'un avion, c'était déroutant. Je quittais une chose minuscule pour un truc gigantesque", se souvient-il. Vingt ans ont passé, et le Breton devenu pilote de ligne chez Air France affiche 12 000 heures de vol au compteur.
L'homme aux dix Tours de France consécutifs a "toujours rêvé de cockpit." "Déjà, quand j'étais coureur, j'avais pour habitude de lire des bouquins théoriques sur l'aéronautique. Ça surprenait mes coéquipiers, qui trouvaient ça chiant. Mais moi, ça m'a toujours fasciné. C'était mon livre de chevet", confie-t-il à franceinfo.
Mais l'ancien champion, aujourd'hui âgé de 54 ans, n'a pas totalement coupé avec le vélo. Même lorsqu'il se trouve à 8 000 mètres d'altitude.
Pendant le dernier Giro, j'ai demandé à la tour de contrôle de me donner les résultats, alors que j'étais en plein vol.
Bruno Cornilletà franceinfo
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce qu'il a l'habitude de l'altitude en haute montagne, sourit Bruno Cornillet. Quelques mètres plus haut, c'est moi et mon avion. Et puis, il est précis dans ses trajectoires, un bon point quand on veut devenir pilote de ligne."
Kiné
Ils ont prévu de se revoir la semaine prochaine car la rotule de monsieur, ce n’est pas encore ça. Une poignée de main plus tard, Xavier Jan file accueillir le patient suivant. C’est un jour comme un autre au 2, rue du Calvaire, à Acigné, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). A la retraite depuis 2002, l'ancien cycliste passé par Force Sud, La Française des Jeux et Auber 93 porte aujourd'hui la blouse blanche. "Je reçois beaucoup de sportifs. Des footballeurs, Des basketteurs, des skippers et même des coureurs", détaille à franceinfo celui qui est allé jusqu'à rédiger un mémoire sur "la biomécanique du pédalage."
Le fait d'avoir été coureur l'aide au quotidien. "Je comprends mieux et plus vite la douleur ou la gêne d'un patient", assure Xavier Jan, aujourd'hui âgé de 47 ans.
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce qu'il connaît très bien la mécanique du corps, estime le kiné. Et parce qu'il est respectueux du public, donc il serait respectueux de ses patients. Une qualité indispensable pour faire un bon kiné."
Commercial
Quand il était coureur, Christophe Agnolutto avalait en moyenne 30 000 km par an. Dix ans plus tard, son compteur affiche le double, 60 000 km. "Bon, c'est au volant d'une voiture désormais", tient-il à préciser à franceinfo. Car l'ancien cycliste, âgé aujourd'hui de 47 ans, est désormais commercial dans le textile de sport. Il fait ça depuis sa retraite en 2006. Sa zone de couverture s'étend sur cinquante départements, de Lille à Montpellier. "Ce qui est marrant, c'est que je passe quasiment tous les jours dans des coins que j'ai fréquentés lorsque j'étais cycliste." Son "coin" préféré ? "Limoges, sans hésiter ! C'est là que j'ai remporté en 2000 mon étape du Tour de France."
A chaque fois que j'y passe, il y a des images qui reviennent, surtout dans la commune où je suis parti en échappé.
Christophe Agnoluttoà franceinfo
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce que ça ne lui fait pas peur d'enchaîner les bornes, glisse Christophe Agnolutto. Et puis, pas besoin de GPS : les routes de France, il les connaît par cœur à force."
Créateur de mode
A l'époque, sur son vélo, Geoffroy Lequatre était "souvent déçu" des tenues qu'on lui demandait de porter. "Tristounettes", "trop classiques", "trop grandes", "trop petites". Lui aurait préféré "quelque chose de plus fantaisiste." Normal, monsieur est un "dingue" de mode. "Quand j'étais coureur, il m'arrivait de m'éclipser entre deux avions ou deux hôtels et d'aller flâner dans des boutiques de fringues", explique-t-il.
Il a donc fini par lancer sa propre marque de vêtements, en 2013. Son nom : "G4 Dimension". L'idée, c'est de mettre de la couleur et de l'originalité sur les maillots. "Parce que le vélo a aussi droit à de la haute couture", martèle à franceinfo l'ancien coureur de 36 ans, qui a deux Tours de France à son actif.
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Il a toujours été attentif à son look, glisse Geoffroy Lequatre. Je ne me souviens pas de faute de goût de sa part, toujours bien rasé, toujours classe..."
Plombier
Le premier client avait son chauffe-eau en carafe. Chez le deuxième, c'était le robinet de la salle de bains qui fuyait. Denis Robin est souvent celui qu'on appelle en catastrophe, quand ça ne va plus à la maison. L'ancien cycliste, âgé de 38 ans, est aujourd'hui plombier près d'Angers (Maine-et-Loire). "Quand j'ai arrêté ma carrière, je ne savais pas que j'allais me retrouver à mettre les mains dans les tuyauteries, rigole celui qui a notamment porté les couleurs de l'équipe Agritubel dans les années 2000. Mais après tout, j'ai toujours aimé bricoler. Je m'y retrouve très bien aujourd'hui."
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce que c'est quelqu'un de débrouillard, lance-t-il. C'est un gars qui sait se servir d'une boîte à outils quand son vélo est cassé."
Conseiller bancaire
Noidans-lès-Vesoul, 2 000 habitants. C'est ici, dans la Haute-Saône, que Laurent Mangel a posé ses valises après sa retraite, en 2014. "C'est la région dont je suis originaire, raconte à franceinfo l'ancien coureur passé par AG2R, Besson-Chaussures, Saur-Sojasun et La Française des Jeux. Je voulais me rapprocher de mes terres, revoir des têtes connues." Il est servi : il est devenu conseiller bancaire dans l'agence locale du Crédit Agricole.
C'est vrai qu'on parle souvent vélo dans mon bureau. Avec des clients, il nous arrive de refaire les courses, de nous lancer dans des pronostics.
Laurent Mangelà franceinfo
Rien ne le destinait à prendre cette voie, mais l'homme de 36 ans a "toujours aimé le relationnel." Et puis, il y a "cette envie de tout donner pour aider les gens en difficulté. Le vrai monde, je le vois en face de moi tous les jours."
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce que sa carrière a été remplie de succès, et donc d'un peu d'argent, explique Laurent Mangel. Comme beaucoup de sportifs de haut niveau, j'imagine qu'il connaît un peu les termes bancaires : placement, défiscalisation..."
Vendeur de vérandas
Depuis trois ans, Freddy Bichot est vendeur. De vélos ? "Pas du tout ! De vérandas dans le Maine-et-Loire, lâche-t-il, dans un grand sourire, à franceinfo. Bon, le grand écart a de quoi surprendre. Mais c'est finalement assez simple. Mon entreprise, Véranda Rideau, a été mon sponsor cycliste, il y a quelques années. J'ai fini par être embauché par le patron à la fin de ma carrière."
L'ancien coureur de 37 ans l'avoue : "Avant de commencer, je ne connaissais rien au secteur. Mais vraiment rien." Aujourd'hui, il en vend 60 par an. Soit l'équivalent d'un million d'euros de budget.
Les vérandas, ça m'évoquait le soleil, l'apéro, c'est tout.
Freddy Bichotà franceinfo
Pourquoi Thomas Voeckler a le profil. "Parce qu'il a toujours aimé la compétition, et qu'être commercial, c'est de la compétition, martèle Freddy Bichot. Il ne faut jamais rien lâcher. Lui l'a prouvé en 2004, quand il a réussi à conserver son maillot jaune pour 22 secondes face à Lance Armstrong."
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