Tour de France : La parité s'invite sur les podiums
Ils empruntent le même escalier en coulisses. Quelques marches pour accéder au podium du Tour de France. Des petits pas pour les hôtes et les hôtesses. Un autre petit pas vers la parité. Depuis quelques années, pas un Tour ne démarrait sans sa pétition réclamant la fin des femmes sur les podiums avec son rituel bisou lors de la remise du maillot et du bouquet. "Les hôtesses sur les podiums servent de décoration et sont un prix pour les cyclistes ? Mais les femmes ne sont pas ça, elles ne sont pas des objets, pas des récompenses !", dénonçaient les initiateurs de la pétition, assimilant la présence des hôtesses au protocole à "une forme subtile de sexisme." Le compteur restera bloqué à 37 739 signatures. La nouvelle est tombée en juillet, presque à la surprise générale. Des femmes et des hommes allaient encadrer à distance et de concert les champions du Tour 2020. "Partager le podium avec un garçon, c’est exclusif, on n’avait jamais vu ça", note Fanny Frébert, hôtesse Skoda. "On est ravi d’avoir un garçon dans l’équipe, il y a un bon esprit de camaraderie. Ça apporte déjà de la diversité dans l’équipe."
Au-delà de partager le podium avec un homme, il y a même une forme de soulagement après des années de polémiques. "On va pouvoir vivre un Tour plus tranquille", lance Jessica Molle, hôtesse LCL pour la 4e année consécutive. "On en parlait régulièrement depuis 2017. C’était la bonne décision après ces années où on a eu pas mal de remarques. Je ne sais pas si ça fera avancer les choses mais la perche est tendue." Une petite avancée mais rien de révolutionnaire non plus dans une société qui avance chaque jour davantage vers plus de parité. Pour Arnaud Rochette, premier hôte chez Skoda et ancien vététiste, "c’est plus un coup de com. C’est un sujet mineur sur la parité. Il y a tellement d’autres domaines où les enjeux sont plus importants comme l’égalité salariale. Je préférerais aussi qu’on mette plus en avant le sport cycliste féminin qui a besoin de médiatisation que juste une cérémonie protocolaire."
Cycliste amatrice, Fanny Frébert voit également dans cette mixité une occasion de parler de son sport. "Je trouve que c’est bien de se poser des questions sur la parité car je pratique aussi le cyclisme et le cyclisme féminin a du mal à être médiatisé. Les femmes pros ont du mal à en vivre." Pour autant, aucun des hôtes et des hôtesses ne regrette cette exposition monolithique sur les podiums. "Le protocole, ce n’est que la face visible de mon travail", reprend Fanny. "Certains peuvent avoir une vision restrictive de notre rôle, mais si je suis là, c’est que je l’ai voulu et les places sont chères. C’est une belle visibilité pour les femmes qui sont là. Ça nous permet, quand on aime le vélo, d’être à côté des coureurs."
Dans leur progression vers le podium, les hôtes n’avaient pas prévu la Covid-19. Ils sont sur le podium mais à 1m50 des cyclistes, pas moins. Accompagné de son assistant, le coureur récompensé enfile son maillot seul et attrape son bouquet avant de monter sur le podium. "Il arrive déjà équipé et nous, on n'a absolument aucun contact", raconte Arnaud. "On ne se parle pas, il y a à peine un petit regard avant de monter. C’est un peu frustrant pour moi qui aime le vélo." Si le virus baisse pavillon, tout sera réuni au prochain Tour.
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