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Tour de France : entre huis clos et non respect des distanciations, le public de la Grande Boucle pris en étau

La 107e édition du Tour de France a démarré de Nice dans un contexte fortement perturbé par la pandémie de Covid-19. Une ambiance de "quasi huis clos" qui tranche avec l'habituelle proximité du public autour des coureurs de la Grande Boucle.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Tour de France 2020 sous le signe du Covid-19

L’image est furtive. Une tâche de couleur bleue sur deux roues. Au loin une petite clameur à peine perceptible. Entre deux panneaux métalliques opaques de plus de deux mètres, Julian Alaphilippe. Le héros du Tour d’avant, avec ses quatre étapes remportées et ses 14 jours en jaune, est en route pour la traditionnelle signature à quelques minutes du grand départ de Nice. Sur la scène, le speaker donne de la voix pour la poignée de spectateurs massés à une trentaine de mètres.

Des privilégiés, invités par les partenaires du Tour. L’antithèse de la Grande Boucle et du cyclisme, sport populaire par excellence où la proximité avec les champions est presque une incongruité dans le monde du sport professionnel. « On entendait le speaker sur la place mais sans rien voir, raconte Patrick, retraité niçois et fan du Tour. On s’apprêtait même à rentrer pour voir le départ à la télé. » D’autres ont préféré renoncer. « Je n’ai même pas essayé d’aller jusqu’à la place Massena », explique Aurélien, Niçois d’adoption et désireux de participer à la fête.

Le Tour joue à cache-cache avec le public

Un quasi huis clos

Comme de nombreux spectateurs, ils se sont heurtés à la bulle de protection mise en place par l’organisation du Tour et la préfecture des Alpes-Maritimes. Classé en zone rouge dans la liste des dix-neuf nouveaux départements où la Covid-19 circule davantage, le « 06 » a dû revoir sa copie sur l’accueil des spectateurs. Résultat, un « quasi huis clos » assumé par le préfet Bernard Gonzalez et des panneaux de dissuasion pour les fans et les curieux. Cette mesure n’est qu’un avant-goût de ce Tour 2020 où le port du masque au bord des routes est désormais la norme et où vingt-sept cols seront soumis à une filtration pour en limiter les accès. Les forces de l'ordre "vont tout faire pour que les spectateurs ne restent pas agglutinés dans un col", a précisé le préfet jeudi. "Si j'ai un conseil à donner aux spectateurs, c'est de regarder les ascensions de cols à la télévision".

Les coureurs du Tour dans leur bulle avant le départ

Sorti de l'agglomération niçoise, le message a été parfaitement entendu avec un public clairsemé donnant des allures de courses secondaires à ce début de Tour. En ville, c’était une toute autre histoire. Sur les portions accessibles s'amassaient des fans à touche-touche au mépris des règles sanitaires élémentaires et que la pluie n’avait fait que rapprocher sous les abris de fortune.

Masques et brigades du gel

"On est en zone rouge et on est les uns sur les autres, pestait Patrick qui avait finalement pu prendre place à une centaine de mètres du départ. Personne ne respecte la distanciation. On nous a distribué des masques. Certains n’en avaient pas prévu. J’ai peur qu’on paye les pots cassés à Nice." Le maire Christian Estrosi avait vu juste en indiquant que "le lieu où l'on est le plus protégé de la circulation du virus aujourd'hui, c'est dans l'organisation du Tour lui-même". Ses administrés apprécieront la différence de traitement malgré la présence des « brigades du gel », bidons de 2,5 litres sur le dos et pulvérisateurs en main.

L'arrivée de la première étape du Tour devant une tribune vide

A 150 mètres de la ligne d’arrivée, plus aucune main à asperger. Aucune main non plus pour taper contre les barrières en accompagnant le sprint du peloton. Fini ce brouhaha si caractéristique des arrivées d’étape quand l’hystérie collective pousse les coureurs à plus de 70 km/h. Quelques hectomètres avec le seul bruit des vélos devant des tribunes vides. Un vrai huis clos entre costauds où les grosses cuisses dictent leur loi. Ce premier final à Nice est à l’image d’une vraie première étape du Tour avec son lot de nervosité, de chutes et de bobos. Comme quoi il y a quand même des choses qui tournent rond sur cette Grande Boucle sous le signe du Covid.

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